C.-O. Verseau professeur agrégé de philosophie

PRISE DE NOTES TG3

mardi 8.10.24


Auteur du "siècle des Lumières", Rousseau met en question la valeur des connaissances et de ses ...lumières :

"Mais, quand les difficultés qui environnent toutes ces questions, laisseraient quelque lieu de disputer sur cette différence de l'homme et de l'animal, il y a une autre qualité très spécifique qui les distingue, et sur laquelle il ne peut y avoir de contestation, c'est la faculté de se perfectionner; faculté qui, à l'aide des circonstances, développe successivement toutes les autres, et réside parmi nous tant dans l'espèce que dans l'individu, au lieu qu'un animal est, au bout de quelques mois, ce qu'il sera toute sa vie, et son espèce, au bout de mille ans, ce qu'elle était la première année de ces mille ans. Pourquoi l'homme seul est-il sujet à devenir imbécile? N'est-ce point qu'il retourne ainsi dans son état primitif, et que, tandis que la bête, qui n'a rien acquis et qui n'a rien non plus à perdre, reste toujours avec son instinct, l'homme reperdant par la vieillesse ou d'autres accidents tout ce que sa perfectibilité lui avait fait acquérir, retombe ainsi plus bas que la bête même? Il serait triste pour nous d'être forcés de convenir, que cette faculté distinctive, et presque illimitée, est la source de tous les malheurs de l'homme; que c'est elle qui le tire, à force de temps, de cette condition originaire, dans laquelle il coulerait des jours tranquilles et innocents; que c'est elle, qui faisait éclore avec les siècles ses lumières et ses erreurs, ses vices et ses vertus, le rend à la longue le tyran de lui-même et de la nature. Il serait affreux d'être obligés de louer comme un être bienfaisant celui qui le premier suggéra à l'habitant des rives de l'Orénoque l'usage de ces ais qu'il applique sur les tempes des enfants, et qui leur assurent du moins une partie de leur imbécillité, et de leur bonheur originel. »  

Rousseau, Discours sur l'origine de l'inégalité parmi les hommes (1755)

 

 

 

lundi 14.10.24


"la dissonance cognitive", un concept élaboré au 20ème par la psychologie sociale.

 

 

mercredi 8.10.24


« Connaître c’est analyser". 
Comment pourrait-on contester une affirmation devenue, notamment après un long apprentissage scolaire, une évidence... incontestable? 
D'abord en faisant remarquer que cette identité, cette égalité (cf."c'est"), masque la nature du rapport entre l'acte d' "analyser" et l'acte de "connaître". Entre "analyser" et "connaître" le rapport est celui entre la fin poursuivie et le moyen qui permet d'atteindre cette fin. 
Cette simple remarque a une double conséquence. 
Si nous convenons que l'analyse, "l'opération" (l. )  qui consiste à "analyser", n'est qu'un moyen en vue de la connaissance, dès lors nous pouvons commencer à envisager que la connaissance n'est pas en elle-même une fin ultime, une fin dernière, que la connaissance n'est elle-même qu'un moyen, donc une "opération", en vue d'une autre fin qu'elle-même. En bref, la "connaissance" n'aurait pas une valeur absolue, intrinsèque, seulement une valeur relative, extrinsèque. En ce sens, les notions de "pureté" et de "suffisance" ne peuvent s'appliquer à la connaissance.

  

H2O => 2H + O 

ana-lyser : 
ana- : à rebours
-lyser : luein (verbe grec) "délier", "dissoudre"
littéralement, analyser c'est délier ce qui, dans la réalité, est lié, relié. 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
On le dit plus volontiers qu’on ne le justifie, car c’est un des traits de toute philosophie préoccupée du problème de la connaissance que l’attention qu’on y donne aux opérations du connaître entraîne la distraction à l’égard du sens du connaître. Au mieux, il arrive qu’on réponde à ce dernier problème par une affirmation de suffisance et de pureté du savoir. Et pourtant savoir pour savoir ce n’est guère plus sensé que manger pour manger, ou tuer pour tuer, ou rire pour rire, puisque c’est à la fois l’aveu que le savoir doit avoir un sens et le refus de lui trouver un autre sens que lui-même.
Si la connaissance est analyse ce n’est tout de même pas pour en rester là. Décomposer, réduire, expliquer, identifier, mesurer, mettre en équations, ce doit bien être un bénéfice du côté de l’intelligence puisque, manifestement, c’est une perte pour la jouissance. On jouit non des lois de la nature, mais de la nature, non des nombres, mais des qualités, non des relations mais des êtres. Et pour tout dire, on ne vit pas de savoir. Vulgarité ? Peut-être. Blasphème ? Mais en quoi ? De ce que certains hommes se sont voués à vivre pour savoir faut-il croire que l’homme ne vit vraiment que dans la science et par elle».

 mardi 7.10.24


Remarques, observations, questions sur le 7 octobre 2023 / 7 octobre 2024 : un an après.

jeudi 3.10.24


Canguilhem, La connaissance de la vie
introduction de l'explication de texte

 

 

 

 mercredi 2.10.24



Canguilhem, La connaissance de la vie
thèmes
thèse
question : Quel est "le sens du connaître" (l. 7)? Pourquoi voulons-nous savoir?
                quest-ion, quête, conquête,                     requête, quérir, en esp.                         querer : aimer, désirer 
 
étapes (étapes : arguments composant l'argumentation) 

1ère étape = 1er paragraphe : 
la distinction entre le comment (par quel chemin, en suivant quelle méth-ode) et le pourquoi (sens, valeur, ...) 
distinguer = dire A n'est pas B

la hiérarchie entre la valeur du savoir et les procédés permettant de produire du savoir
Hiérarchiser = dire la valeur de A est plus grande que celle de B / 
hiérarchiser c'est aussi introduire un rapport de condition à conditionné, bref une relation de conditionnement : il ne peut y avoir B qu'à la condition qu'il y ait A
Un "problème technique" ne se pose (ne devrait pouvoir se poser) que si on a préalablement répondu à la question axiologique  (le mot grec axios siggnifie "valeur")  : il n'y a la question "comment (faire) ?" que si on a pu, d'abord, répondre à la question "pourquoi faire (au sens de "au nom de quoi le faire", cf. les 3 acceptions de l'adverbe "pourquoi" : à cause de quoi > EXPLIQUER , en vue de quoi > COMPRENDRE, au nom de quoi > JUSTIFIER)
 

« Connaître c’est analyser. On le dit plus volontiers qu’on ne le justifie, car c’est un des traits de toute philosophie préoccupée du problème de la connaissance que l’attention qu’on y donne aux opérations du connaître entraîne la distraction à l’égard du sens du connaître. Au mieux, il arrive qu’on réponde à ce dernier problème par une affirmation de suffisance et de pureté du savoir. Et pourtant savoir pour savoir ce n’est guère plus sensé que manger pour manger, ou tuer pour tuer, ou rire pour rire, puisque c’est à la fois l’aveu que le savoir doit avoir un sens et le refus de lui trouver un autre sens que lui-même.
Si la connaissance est analyse ce n’est tout de même pas pour en rester là. Décomposer, réduire, expliquer, identifier, mesurer, mettre en équations, ce doit bien être un bénéfice du côté de l’intelligence puisque, manifestement, c’est une perte pour la jouissance. On jouit non des lois de la nature, mais de la nature, non des nombres, mais des qualités, non des relations mais des êtres. Et pour tout dire, on ne vit pas de savoir. Vulgarité ? Peut-être. Blasphème ? Mais en quoi ? De ce que certains hommes se sont voués à vivre pour savoir faut-il croire que l’homme ne vit vraiment que dans la science et par elle».

    mardi 1er octobre 24

le cours n'a pas eu lieu : journée de grève nationale pour la défense des services publics


 lundi 2.10.24


dans l'introduction

(pour comprendre un texte en général) 

Thèmes (notions) :  La connaissance et la morale

        

Thèse : la réponse à la question que s'est posée Canguilhem

nous ne savons pas pourquoi .../ nous ne cherchons pas à savoir ...  / nous ne voulons pas savoir pourquoi nous voulons savoir : nous prétendons vouloir acquérir toutes sortes de connaissances MAIS nous refusons d'acquérir cette connaissance qui cependant donne sens à toutes les autres acquisitions de connaissance : la valeur de la connaissance (pourquoi il faut être sachant.e plutôt qu'ignorant.e)


Question : 

 

Etapes de l'argumentation  :

 

 

mercredi 25.09.24

 

cf. G. Canguilhem, La connaissance de la vie (mi-20ème s.)

ne pas savoir ce que je dois faire de ce que je sais...tout le problème de savoir/sagesse qu'on retrouve dans l'étude de  ces notions du programme :

La connaissance

La science

La raison (rationnel / raisonnable)

La morale

la culture (la culture envisagée comme rempart contre la barbarie... peut-être menacée elle-même d'abriter en son sein la pire des barbaries)

 

le "pourquoi" du savoir -> les 3 acceptions de l'adverbe : 

à cause de quoi -> expliquer (en rapportant l'effet à sa cause)

en vue de quoi -> comprendre (en rapportant le moyen à sa fin, au but poursuivi)

au nom de quoi -> justifier (en rapportant le but poursuivi à une valeur, une des six valeurs : BBBVJS) 

 

lundi 23.09.24

 -logie-> le mot grec logos (raison-langage)... tant de sciences, tant d'objets dont les humains "font" la science, sur lesquels les humains tiennent un discours rationnel... tant de "quoi" (le "quoi" pour désigner l'objet à connaître, l'objet dont on veut "faire" la science) ... tant de "quoi" sans cependant savoir "pourquoi" on veut connaître ces choses, ces objets, ces "quoi".



jeudi 19.09.24

Suite du cours sur « Philosophia, amour de la sagesse »



lecture de l'extrait de La connaissance de la vie de Georges Canguilhem... et début d'analyse.

 

 

mercredi 18.09.24

Suite du cours sur « Philosophia, amour de la sagesse »



 les 3 verbes latins : saperecognoscerescire

cognoscere : connaître, con-naître. Paul Claudel (20è. s.), Art Poétique, "Traité de la co-naissance". 

Jankélévitch, La mort (le non-être avant la naissance, pas seulement après la mort)

 

sapere savoir/ saveur : goûter, le goût = l'un des 5 sens (portée sensorielle de l'acte de "savoir")



la réflexion de Paul Claudel fait dire au verbe "connaître" ce que celui-ci ne dit pas, ne dit pas selon l'étymologie (latine) du verbe "connaître". Si, selon Paul Claudel et son "traité de la co-naissance", l'acte de connaître consiste en une double (cf. "co" = com, con = cum : avec) naissance, c'est au sens où 1) le sujet de la connaissance (la personne qui acquiert la connaissance) est changé par la connaissance qu'il acquiert, il est transformé par cette connaissance, en bref il renaît, il "naît" autre qu'il n'était.

2) l'objet lui-même (la chose connue) naît, non pas en lui-même, "en soi", mais pour le sujet qui soudain, enfin, prend connaissance de a) l'existence de cet objet b) de ce qu'est cet objet.




mardi 17.09.24

Suite du cours sur « Philosophia, amour de la sagesse »


1) savoir, sapience (sagesse), saveur / homo sapiens

"avoir du goût"

sens subjectif :

sens objectif : 

la peur des ennemis

l'amour de dieu

"un amour de Swann" ALRDTP Proust

 

jeudi 12.09.24


“Le plus important pour moi maintenant” (suite)

Faire ef-fet


mercredi 11.09.24


“Le plus important pour moi maintenant”

 

"le plus im-port-ant"  

la portée / porter (fond-ement-al)

valeur relative / valeur absolue

la valeur relative = la valeur de quelque chose (un outil, ustensile, quelque chose donc d'utile...) est relative quand celle-ci n'est qu'un moyen qui permet d'atteindre un but, une fin, le moyen étant en relation avec la fin qu'il permet d'atteindre.

ex : une paire de ciseaux / moyen / intermédiaire / médiation  

lundi 9.09.24

Suite du cours sur « Philosophia, amour de la sagesse »


1) savoir, sapience (sagesse), saveur / homo sapiens

Enjeu d’une réflexion sur l’étymologie du verbe « savoir »… sachant que le verbe latin sapere entre dans le nom, Homo sapiens, qui nous définit zoologiquement, paléoanthropologiquement. Dans l’histoire des hominidés, notre humanité présente se définit par le fait que nous sommes des homo sapiens : sapere dit notre actuelle humanité, dit en quoi nous sommes des humains.

« Sapiens » est pour ainsi dire notre nom : le mot dit comment nous nous appelons. Il est donc important de comprendre ce que veut dire être “un sapiens” ou … même être sapiens !

Or le verbe sapere ne renvoie pas à la notion de connaissance en elle-même, mais plutôt à un certain rapport à la connaissance, un rapport de la connaissance à l’action : le rapport entre connaître et faire. 

2 perspectives : la connaissance + la morale, la politique.

Savoir et faire, ce que me « fait » le fait de savoir, ce que le fait de savoir me fait faire.

La notion : l’Anthropocène, période géologique.


5.09.24

Suite du cours sur « Philosophia, amour de la sagesse »

le verbe grec “philein

L’adjectif grec “sophos” : habile, en possession certes d'un savoir qui, toutefois, consiste principalement en un savoir-faire. Certes, le mot s'applique dans l'Antiquité aux intellectuels  mais il concerne initialement l'artisan qui fait son ouvrage (une charpente, une coque = une toiture ou un bateau).

4.09.24

Suite du cours sur « Philosophia, amour de la sagesse »

étymologie du mot philo-sophie : 

le mot grec philein : aimer intensément, passionnément -> amour d'une personne pour une autre, l'amitié, défense d'une cause 

Philippe, philatéliste, philanthrope, 

le vocabulaire de la psychiatrie s'est emparé de ce radical grec pour caractériser le lien qui unit une pulsion à son objet, suggérant ainsi qu'il s'agit d'une cause psychique produisant nécessairement* ses effets (... "c'est plus fort que moi"...) .

Liste des mots contenant le suffixe -philie

* “nécessité” : au sens strict, le mot signifie la négation de la “possibilité” (ce qui ne signifie pas… l’impossibilité !). Par exemple, à 100° l’eau ne peut pas ne pas bouillir (à 100° l’ébullition de l’eau n’est pas une possibilité - ni, bien sûr, une impossibilité - c’est une nécessité).

NB : nécessité et fatalité (fat-al, fa-ble, inef-fab-le, en-fance) : les cultures humaines habillent de sens (croire en un décret divin signant la mort “fatale” des mortel.les) le fait brut de la mort inévitable (mourir est l’effet nécessaire du fait d’être né.e : qui est né.e ne peut pas ne pas mourir… sauf les dieux et déesses de la mythologie grecque qui, sans être éternel.les, sont néanmoins immortel.les : ils et elles sont né.es sans cependant être déterminé.es à mourir - une caractéristique incohérente selon les critères des trois religions monothéistes : christianisme, islam, judaïsme).

 3.09.24


Programme (3 “perspectives” et 17 notions)

Baccalauréat (sujets juin 2024)


——————— déroulé général du cours —————-


Philosophia, « amour de la sagesse »


1) savoir, sapience (sagesse), saveur / homo sapiens


 les 3 verbes latins : saperecognoscerescire


  savoir et faire : ce que savoir me fait / goût et dégoût (indignation)


2) « dissonance cognitive »


→ faire sans savoir


→ savoir sans faire (“dissonance cognitive” cf. Leon Festinger, psychosociologue américain, 20ème s.)



3) sciences et philosophie


→  l’objet d’une connaissance, d’une science, d’une “logie” : le “quoi” (la classification des sciences / leurs objets)

→  l’objectif, la fin, le sens d’une connaissance : le pourquoi, c’est-à-dire le “quoi” d’un désir (le verbe grec philein)


Conclusion : théorie “et” pratique