C.-O. Verseau professeur agrégé de philosophie

PRISE DE NOTES TG2

pour le  mercredi 6.11.24  étudier la dissertation 

(donc, lire aussi les textes cités en référence dans la dissertation) : 


Faut-il reconnaître aux êtres humains 

une place particulière dans la nature?

 

  mercredi 16.10.24

 

"sa part du lot divin" : il n'y a pas que les vivants humains qui ont reçu les dons, les "lots" (pour être équipés, "lotis", pourvus) de la part des dieux... les autres vivants également. 

... Sauf que pour les autres vivants une seule divinité, Epiméthée, suffit, qui les équipe en 1 seule fois.

 

Epiméthée 

Prométhée + Athéna + Héphaïstos

Zeus + Hermès 


Sorti des mains d'Epiméthée, le vivant humain semble ne rien pouvoir, ne rien faire, ne rien pouvoir être. pas même vivre. 

Or à la fin de cette fable, de ce mythe, au terme de ces trois étapes qui font intervenir pas moins de six divinités, non seulement le vivant humain peut vivre, mais il "peut" en plusieurs sens du verbe "pouvoir".



"pouvoir" : avoir la capacité (can) -> Prométhée ...cf. la chanson intitulée "Prométhée" de Claude Nougaro | Archive INA

"pouvoir" : avoir le droit (may) -> Zeus

        nb : "vergogne" = honte, gêne,                     rougir,

                le mot latin "jus" signifie le "droit", c'est-à-dire l'ensemble des lois.


 

Toutefois,


 

 

pharmakon : remède et poison 

 

"races mortelles" : les vivants / les divinités, qui sont immortelles (immortalité n'est pas l'éternité). 

 

  mardi 15.10.24

l'Anthropocène et les notions du programme de philosophie :  

 

L’existence humaine 

 

la culture  : la "culture", les cultures, les cultures des pays qui s'enorgueillissent d'être les plus cultivés, voire à l'avant-garde de la culture mondiale, n'ont pas empêché la "catastrophe", les violences barbares infligées à la planète, à la nature.

La morale : est-il moral de faire ce qu'on a le droit (au sens juridique du mot "droit") de faire?  qu'est-ce que la "désobéissance civile"?

la politique   : que décidons-nous communément? "politique" est formé sur le mot grec polis : "communauté". L'initiative doit être prise à une échelle qui n'est plus ni individuelle ni même étatique mais inter-étatique.

La connaissance : que faisons-nous de ce que nous savons?  que faisons-nous des rapports du GIEC?

l'art  :

 le bonheur / 

la conscience /

 le devoir / 

l'Etat /

 l'inconscient / 

la justice / 

le langage /

 la liberté / 

la nature /

 la raison /

 la religion / 

la science / 

le temps /

 la technique / 

le travail / 

la vérité


 

 

  mercredi 9.10.24

Exercice : 
1. Définissez les mots ou expression suivantes : anthropocène, anthropisation, artificialisation des sols.
2. En quoi le mot « Anthropocène » décrit-il l’actuelle situation des vivants au sein du Système-Terre plus rigoureusement que des expressions comme « crise climatique » ou « réchauffement climatique »?
3. Pourquoi le dernier congrès international de géologie n’a-t-il pas validé, en mars dernier, l’hypothèse de l’Anthropocène proposée plus de vingt ans plus tôt ?
4. En quoi vous sentez-vous personnellement concerné.e, ou non, par ce que signifie l’hypothèse de l’Anthropocène? Dans votre réponse, vous introduirez une réflexion sur une notion de votre choix parmi les notions du programme de philosophie.
 

  mardi 8.10.24

Préparation à l’exercice du mercredi 9.10


  

    mercredi 2.10.24


1ère heure de cours : remise des écrits (non notés) / notions du programme


Remarques sur la confusion entre "l' inconscience" et  "l'inconscient"


 la langue usuelle privilégie l'emploi de l'adverbe, "inconsciemment",  non pas du substantif "l'inconscient" (en réalité un adjectif substantivé : "inconscient")


"à mon in-su"  n'est pas exactement le synonyme de "inconsciemment" puisque une idée, une pensée, un désir, une représentation sont qualifiés d' "inconscients", d' "inconscientes" quand non seulement le sujet psychique n'a pas conscience de les "avoir" mais aussi et surtout ne VEUT pas en prendre conscience, prendre conscience qu'il les "a". 


bref : "inconscient" signifie ce dont je ne Veux pas prendre conscience, ce que je chasse hors de ma conscience, ce que ma conscience censure. 

2ème heure de cours : méthode de dissertation (et préparation à l'écrit sur l'Anthropocène et les notions du programme de philosophie, prévu le mercredi 9). Un exemple : Faut-il reconnaître aux humains une place particulière dans la nature?


    mardi 1er octobre 24

le cours n'a pas eu lieu : journée de grève nationale pour la défense des services publics


    mercredi 25.09.24

l'Anthropocène et le programme de philosophie en Terminale

Étude du texte de source institutionnelle présentant la présentation de la notion d’Anthropocène

 

notion "abstraite" / exemples dans nos vies des conséquences délétères du passage d'une "époque" géologique à une autre (de l'Holocène à l'Anthropocène)

pollutions : l'air, sol, l'eau

zoo-nose : vivants-maladie 

Anthropocène -> anthropisation  ->  zoonose 

anthropos (grec) : l'humain

homo-hominis (latin) : l'humain

anthropisation : littéralement, le processus par lequel les humains transforment la Terre en leur 

"dom-aine" (le mot latin domus : "la maison" -> dom-estique, dom-estiquer, dom-iner, voire aussi le titre "Don" ou "Dom" (comme Don Juan) qui signifie le "maître".

Qu'est-ce que l'Anthropocène ?

Un article de Marine Denis et de François Gemenne publié en octobre 2019 sur Vie Publique, un site gouvernemental français.

2000 Crutzen / Etat français officialise 20 ans plus... histoire des sciences (transmission des connaissances) et histoire institutionnelle (l'Etat)

  les forces géophysiques naturelles : rayonnement solaire, attraction lunaire, la tectonique des plaques, éruptions volcaniques


L’histoire de la Terre et celle de l’espèce humaine ont aujourd’hui convergé.

cette simple phrase attire l'attention sur ce que masque le mot "environnement" : la Terre n'est pas "autour" de nous, êtres humains; elle n'est pas un décor ou un vaste entrepôt où nous pourrions à loisir nous servir en prélevant ressources et denrées... du moins sans que ces prélèvements, cette prédation, n'aient des effets sur les prédateurs que nous sommes.

Les désordres générés par les effets de l’activité humaine ont des conséquences multiples : climat, sécurité alimentaire, accès aux ressources vitales, migrations forcées et soudaines, précarité énergétique… Ils contraignent les relations internationales à inventer et mettre en œuvre de nouvelles politiques globales.

La nature, le temps (le temps physique -> le mot grec phusis : la nature / le temps humain, "l'histoire", le temps de la production, de la consommation -> le travail) , la culture (l'exode dû à la nécessité économique de migrer),  La justice , 


Une nouvelle époque géologique

différentes unités temporelles en géologie : époque, période, ère, éon, ... le temps

Quand le naturaliste et mathématicien Buffon (1707-1788) écrivait dans Les Époques de la nature en 1778 que « La face entière de la Terre porte aujourd’hui l’empreinte de la puissance de l’homme », sans doute ne pouvait-il imaginer que, trois siècles plus tard, les géologues allaient décider de formaliser ce constat sous la forme de la définition d’une nouvelle époque géologique.

En 2002, le biologiste américain Eugene F. Stoermer, le chimiste et Prix Nobel de chimie néerlandais Paul Josef Crutzen évoque pour la première fois le terme d’« Anthropocène ». Cette nouvelle phase géologique dont la révolution industrielle du XIXe siècle serait le déclencheur principal, est marquée par la capacité de l’homme à transformer l’ensemble du système terrestre.

Pour la première fois, l’histoire de la Terre entre en collision avec celle des hommes et des femmes qui l’habitent.

Le fracas qu’a provoqué dans la communauté scientifique cette annonce, encore discutée et critiquée par la Commission internationale de stratigraphie (International Commission on Stratigraphy, ICS), marque un profond changement dans le positionnement de l’homme face à son environnement naturel.

Si le climat a toujours été un facteur d’influence majeur dans le développement des grands mouvements économiques ou sociaux, l’ère de l’Anthropocène met au défi l’espèce humaine et ses capacités d’anticipation, de contrôle et de résilience sur les écosystèmes existants.

Pour la première fois, l’histoire de la Terre entre en collision avec celle des hommes et des femmes qui l’habitent, redessinant ainsi les contours d’une nouvelle géopolitique : une politique de la Terre, qui reste à inventer.

Car le désordre engendré par les effets de l’activité humaine sur le climat ne porte pas que sur la Terre. Il porte aussi sur le monde et diverses facettes de l’activité humaine : sécurité alimentaire, accès aux ressources vitales, migrations forcées et soudaines, précarité énergétique. L’avènement de l’Anthropocène, en quelque sorte, sonne le glas d’une vision binaire de l’homme séparé de son environnement, de la dichotomie entre la Terre et le monde.

Au cours des 12 000 dernières années, l’humanité s’est développée dans l’Holocène, une période géologique interglaciaire, qui succédait à l’époque glaciaire du Pléistocène et qui était marquée par une remontée des températures et du niveau des mers.

L’Holocène se caractérise par une phase particulièrement stable pour le mode de développement de l’espèce humaine que nous connaissons aujourd’hui. La hausse des températures a permis une importante migration des populations vers le nord, qui devenait bien plus habitable.

De nombreux géologues estiment toutefois que l’Holocène s’est terminé vers 1950, lorsque les tests nucléaires ont dispersé dans l’atmosphère d’importantes quantités de particules radioactives. Cette époque est également marquée par une grande accélération de l’activité humaine dans un contexte économique de reconstruction, d’industrie performante et de modernisation de l’agriculture.

En août 2016, le Congrès international de géologie qui se tenait au Cap en Afrique du Sud a ainsi reçu la recommandation de prendre officiellement acte du commencement d’une nouvelle période géologique : l’Anthropocène.

Cette nouvelle époque se caractérise par l’avènement des humains comme principale force de changement sur Terre, surpassant les forces géophysiques : l’Anthropocène, c’est l’âge des humains.

L’importance de l’Anthropocène

Les activités de l’Homo sapiens modifient la composition de l’atmosphère et la réchauffent à marche forcée, en chargeant l’environnement de nouvelles substances chimiques de synthèse qui se répandent. Le développement économique et social des activités humaines provoque le rejet d’éléments microplastiques à la surface de tous les océans du globe, érode la biodiversité et accélère la disparition d’espèces animales. Pour la première fois dans l’histoire de la Terre, ce sont ses habitants qui sont devenus les principaux moteurs des changements qui l’affectent.

Les scientifiques ont observé au cours de ces cinquante dernières années le déclin rapide des fonctions et des services de l’écosystème de la planète, en particulier sa capacité à réguler le climat sur le long terme dans les espaces habitables et cultivables.

L’espèce humaine doit désormais se préparer à rompre avec cet ancien modèle selon lequel les écosystèmes se comportent de façon linéaire, prévisible, sur lesquels l’homme peut maintenir son contrôle et exercer ses activités de développement. L’espèce humaine devient le principal facteur et déclencheur de changements au niveau planétaire.

L’étude scientifique menée par Johan Rockström, directeur du Stockholm Resilience Center de l’université de Stockholm, recense l’existence de neuf limites planétaires qui déterminent le cadre d’un espace sécurisé pour l’homme. Ce « terrain de jeu délimité » agirait comme garde-fou de l’activité humaine susceptible de provoquer des changements environnementaux non soutenables.

Parmi ces limites, le changement climatique, la réduction de l’ozone stratosphérique et l’acidification des océans pour lesquels les preuves de dépassement de seuils à grande échelle ont déjà été observées par les scientifiques, l’interférence dans les grands cycles de l’azote et du phosphore de la planète, les changements d’exploitation des sols, la consommation mondiale d’eau douce, le taux de diminution de la biodiversité. Sur ces neuf limites, deux paramètres n’ont pas été encore quantifiés : la pollution de l’air et la pollution chimique.

Plusieurs de ces « neuf limites » ont d’ores et déjà été dépassées, à l’exemple du changement climatique et de l’érosion de la biodiversité. Dans cette étude, les scientifiques estiment ainsi que la concentration atmosphérique de dioxyde de carbone (CO2) ne doit pas dépasser une valeur comprise entre 350 et 450 ppm (partie par million). Or, la teneur moyenne actuelle se situe au-dessus de 400 ppm.

Au-dessus du seuil de 450 ppm, les impacts toucheront l’ensemble du globe. Le maintien du réchauffement climatique sous la barre des 2 °C à l’horizon 2100 fixé par la communauté internationale à l’issue de la conférence sur le climat de Copenhague en 2009 présenterait, même atteint, des risques significatifs pour toutes les sociétés humaines.

L’érosion de la biodiversité semble également sans appel. Les biologistes estiment que le recul de la biodiversité animale annonce les prémices d’une sixième crise d’extinction biologique massive de la planète. La limite d’érosion de la diversité du vivant étant largement dépassée, se pose également la question de la capacité de réaction et de renforcement des systèmes naturels et biologiques.

Les systèmes biologiques et naturels ont des états stables multiples maintenus grâce à leur capacité de résilience, qui leur permet d’intégrer dans leur fonctionnement une perturbation, sans pour autant changer de structure qualitative.

Phénomène étroitement lié à la perte de biodiversité, le changement rapide d’usage des sols résulte d’une course économique aux terres arables. Les chercheurs fixent le seuil de conservation du couvert forestier dans les zones auparavant forestières à 75%, alors qu’il n’est en moyenne aujourd’hui qu’à 60%. Certains indicateurs demeurent toutefois au vert, comme l’utilisation d’eau douce, l’intégrité de la couche d’ozone, l’acidification des océans dont les indices sont en deçà des limites calculées par les chercheurs.

La Terre et le monde

Les périodes de l’histoire de la Terre et de celle de l’histoire de l’espèce ont aujourd’hui convergé. Cette collision de deux Histoires marque une rupture dans la relation qui unit les hommes à la Terre. Celle-ci était traditionnellement considérée comme un objet politique, le théâtre des interactions humaines, de leurs luttes de pouvoir et de leurs rapports de force. La Terre et le monde étaient deux réalités séparées : la première était régie par les lois des sciences naturelles, le second par les lois des sciences humaines et sociales.

Dans l’Anthropocène, la Terre ne peut plus être un objet politique : elle est un sujet politique. Et cette rupture oblige à penser une nouvelle géopolitique – les politiques de la Terre. En ce sens, l’Anthropocène ne marque pas seulement un changement d’époque géologique, mais aussi un changement de rapports de puissance et de système politique.

Les relations internationales tendent à ignorer les relations de dépendance de l’homme à la Terre.

La Terre, décor inerte dans lequel évoluait l’espèce humaine, se met actuellement en mouvement et chahute les rapports entre les États, entre les sociétés. Les relations internationales, construites autour des États, dont les modes de gouvernance se fondent sur des territoires définis et des régions découpées, tendent à ignorer les relations de dépendance de l’homme à la Terre. Or, la politique internationale, désormais, ne peut plus s’arrêter aux États et aux nations : elle doit devenir une politique globale, au sens propre du terme.

L’Anthropocène comme concept politique

Il est aussi possible de voir le concept d’Anthropocène comme une tentative de dépolitisation des sujets qu’il met en lumière, et des phénomènes qui en sont la cause. Le concept donne en effet l’illusion que tous les hommes, unis dans une œuvre commune de destruction, sont également responsables des transformations infligées à la planète.

En réalité, ces transformations sont l’œuvre d’une minorité. Pour ne prendre que le changement climatique, l’une des principales caractéristiques de l’Anthropocène, il convient de garder à l’esprit que 70 % des émissions de gaz à effet de serre, environ, sont produites par un milliard d’individus seulement – ce qui remet en perspective l’idée selon laquelle l’accroissement de la population mondiale serait la principale cause du changement climatique.

Plutôt que l’âge des humains, l’Anthropocène serait en fait mieux décrit comme un « oliganthropocène », l’âge de quelques hommes, pour reprendre une expression d’Eryk Swyngedouw. Si ces hommes sont en effet devenus les principaux acteurs des transformations de la Terre, la majorité des humains sont aussi devenus les victimes de ces transformations, plutôt que leurs agents.

Le défi du développement durable de l’espèce humaine tout entière dépasse celui du défi climatique.

En découle la nécessité de transformer notre système de gouvernance et de gestion des ressources. Il convient notamment de substituer aux notions d’efficacité et d’optimisation une approche plus flexible, plus adaptable, dans laquelle les systèmes environnementaux et sociaux se complètent et fonctionnent sur de même bases.

Ces crises peuvent toutefois mener à des opportunités, et les défis écologiques auxquels sera confrontée l’espèce humaine mettront en jeu sa capacité à construire de nouveaux modèles de gouvernance locale et à appliquer des politiques publiques et économiques de façon pérenne.

Cette transformation se fonde avant tout sur la création de partenariats de confiance, alliant l’action et le local, les innovations institutionnelles croisées et la remise au centre des acteurs locaux.

Ce nouveau défi auquel l’espèce humaine est confrontée, celui d’habiter le monde et d’y poursuivre son développement dans un espace peu sécurisé, ne pourra se penser sans la redéfinition d’une géopolitique de la Terre, au sens premier du terme.

Le défi du développement durable de l’espèce humaine tout entière dépasse celui du défi climatique, et amène à s’interroger sur le passage à une conception nouvelle du temps. Il s’agirait de rompre avec la tradition du « court terme » et de penser en « temps de longue durée » (Fernand Braudel), afin de sortir de notre vision du « temps historique » tel qu’il est pensé par l’homme, et pour l’homme seul.

De ce désordre planétaire doit sortir une nouvelle politique globale, qui dépasse les relations internationales et réinvente les concepts sur lesquels elles s’appuient : que veulent dire le territoire, les frontières ou la souveraineté à l’heure de l’Anthropocène ? C’est toute une Terre à inventer.



    mardi 24.09.24

l'Anthropocène et le programme de philosophie en Terminale

15h-16h :  les notions du programme de philosophie / texte de Flora Vincent et Antoine Bertin 

Extrait de Rituel planctonique (2021) de Flora Vincent et Antoine Bertin


LA CHASSE À LA FLORAISON


C’est vieux. Ça flotte autour de nous depuis des milliers, des millions, des milliards d’années. C’est partout. Partout où il y a de l’eau, il y en a. Dans les lacs, dans les étangs, dans les rivières, dans les mers, dans l’océan, dans la glace. Même dans l’air. Ce sont tellement de formes. Parfois rondes comme le soleil, parfois allongées comme la branche d’un arbre, ou exceptionnellement belles comme un flocon de neige. C’est invisible à l’œil nu, mais c’est très abondant. Parfois, cela se multiplie si vite que la couleur de l’eau change. On leur a donné des noms vraiment bizarres. Prochlorococcus, Scrippsiella, Leptocylindrus, Symbiodinium, Fragilariopsis, Micromonas.

Imaginez-vous un champ au printemps. Tous les bourgeons se mettent à éclore, les fleurs s’ouvrent, grandissent, se divisent se multiplient à foison, car le soleil est au rendez-vous et les températures augmentent. Les abeilles butinent de droite à gauche sans relâche, les insectes sont de la partie et de petits animaux herbivores y trouvent leur bonheur, car enfin la nourriture est au rendez-vous. En un sens, la vie explose. Eh bien, dans l’océan, il en va à peu près de même. À un certain point, de tout petits petits organismes invisibles à l’œil nu se multiplient très, très rapidement. Ces proliférations massives deviennent si grandes qu’on les voit de l’espace, car ces petits êtres sont verts comme les feuilles d’un arbre. C’est ce que l’on appelle un bloom (du mot anglais signifiant « floraison »). L’objectif de notre expédition était de suivre le développement du début jusqu’à la fin d’un tel bloom, au large de l’Argentine. Avec un terrain de jeu qui s’étend sur plus de 3 000 km, il a fallu ruser. Comment trouver ces organismes invisibles à l’œil nu dans l’immensité de l’océan ? Grâce aux efforts de plusieurs scientifiques à terre et en mer, nous avions quotidiennement accès à des images satellite. Elles nous permettaient d’identifier le lieu où le phénomène apparaît, pour passer à l’étape la plus excitante : la chasse au bloom. Car c’est une course contre la montre : il faut vite l’atteindre pour pouvoir faire nos prélèvements avant qu’il ne disparaisse. (…)

Il faut maintenant identifier la profondeur à laquelle le bloom est le plus important. Ah, ce serait trop facile s’il était en surface ! En effet, l’océan doit se penser en trois dimensions, le bloom de phytoplancton est libre de se déplacer vers la droite, vers la gauche, mais aussi de haut en bas. Pour aller sonder les profondeurs de l’océan, on utilise un appareil appelé CTD, que l’on descend à 200 mètres de fond et qui nous renvoie en direct et en continu la température, la salinité, la turbidité et l’activité photosynthétique de l’eau qu’elle traverse. En surface, nous, les scientifiques, nous avons les yeux rivés sur l’ordinateur pour essayer de comprendre la structure de la masse d’eau, afin d’en déduire où se trouve le bloom.

Après une phase de concertation, de débat et de premières analyses, nous nous mettons d’accord : le bloom est à 30 mètres. Commence alors un ballet scientifique qui va durer plusieurs heures, où des centaines de litres d’eau vont être ramenés sur le bateau pour être filtrés, pompés, fixés, pris en photo, quantifiés. Tous ces échantillons vont être finalement stockés dans les entrailles de la goélette avant leur envoi dans les laboratoires partenaires à travers le monde.

Grâce à cette expédition, nous serons en mesure de comprendre pourquoi un bloom se termine et quelles sont ses conséquences sur l’ensemble de la communauté microbienne. Meurt-il à cause des virus ? Des prédateurs ? Ou simplement parce qu’il n’y a plus de sels nutritifs ? Peut-on trouver des traces de virus microbiens dans l’air, comme nous l’avons montré par le passé ? Quels sont les signaux chimiques laissés derrière lui par le bloom ? Aujourd’hui, certains blooms peuvent produire des molécules toxiques, appauvrir les eaux en oxygène ou même contaminer l’eau que l’on boit. Lorsque ça déraille, on le voit aussi de l’espace. L’eau devient rouge, comme du sang. Devant ces photos,
je ne peux m’empêcher de penser que nous sommes en train de regarder la plaie ouverte d’une planète qui saigne.

Flora Vincent & Antoine Bertin Directrice de laboratoire au sein de l’EMBL 

(Laboratoire européen de biologie moléculaire), Flora Vincent étudie depuis son doctorat les échantillons récoltés par la goélette Tara. Elle a pris part aux expéditions Tara Oceans en 2012 

et Tara Pacific en 2017, puis à celle dans la baie de Biscaye en 2019, avant d’être cheffe scientifique sur une portion de l’expédition Tara Microbiomes en 2021.


Exercice à partir du texte ci-dessus : recomposer un texte en complétant les phrases par des mots prélevés dans le programme 


L’amour 




C’est vieux. 

Ça flotte autour de nous depuis des dizaines, des centaines, des milliers, des centaines de milliers d’années même. Au moins trois. Trois cent mille ans au moins.

C’est partout.

Partout où il y a de , il y en a. 

Dans , dans ,

Même dans

Ce sont tellement de formes. Parfois rondes comme     , parfois allongées comme la branche de , ou exceptionnellement belles comme un flocon de

C’est invisible à l’œil nu, mais c’est très abondant. 

Parfois, cela se multiplie si vite que change. 

On leur a donné des noms vraiment bizarres. 

ou, parfois,

Imaginez-vous  au printemps. se met à éclore,  s’ouvre, grandit, se divise, se multiplie à foison, car   est au rendez-vous et  augmente. 

butine de droite à gauche sans relâche,  est de la partie et y trouve son bonheur, car enfin           est au rendez-vous. 

En un sens, la vie explose. 

À un certain point,  , invisible à l’œil nu, se multiplie très, très rapidement.

Cette prolifération massive devient si grande qu’on la voit de    


C’est ce que l’on appelle  .


 

 

  mardi 17.09.24


Le plus important pour moi maintenant

[les remarques ci-dessous ne sont pas la suite du cours 

sur « Philosophia, amour de la sagesse »]

 

remise des copies

devoir -> debere -> de-habere -> habere : avoir have, haben, haber, avere ... 

habit, habitat, habitacle, habitude, habileté,  habilitation,


je ne suis pas ce que j'ai, ce que j'ai je ne l'ai pas toujours eu, peut-être ne l'aurai-je pas toujours, je l'ai acquis (contraire de 'in-né') en le recevant, je l'ai reçu parce qu' on me l'a donné, transmis : comment traduire ma gratitude, ma reconnaissance / à qui dois-je donner à mon tour?



ab-err-ant, ab-err-ation -> errare -> erreur, errance 

errare humanum est sed perseverare diabolicum

 

 

  11.09.24

Suite du cours sur « Philosophia, amour de la sagesse »

1) savoir, sapience (sagesse), saveur / homo sapiens


 les 3 verbes latins : saperecognoscerescire

le verbe latin sapere signifie "avoir du goût" 

Les deux sens de l’expression « avoir du goût » : 

1. Avoir une saveur

2. Avoir la capacité (voire le talent) d’apprécier une saveur

Sens subjectif* (2) : la qualité du sujet qui goûte, qui apprécie la saveur

Sens objectif* (1) : la qualité d’un objet qui est goûté, dont la saveur est appréciable

* subjectif / objectif : ces adjectifs sont pris au sens grammatical (ex : dans l’expression « la peur des ennemis », le mot « ennemis » désigne-t-il l’objet ou le sujet de la peur?… qui a peur?)
Quelques exemples (liste non-exhaustive) de mots pouvant s’entendre selon les deux interprétations : 
  • « curieux » 
  • « sujet »
Quel est l’enjeu de cette double interprétation? L'ambiguité de l'emploi de ces mots ("curieux", "sujet") ou expression ("avoir du goût") invite à identifier un problème qui se pose en général à tout humain, toute conscience, à toute raison, bref à tout esprit, dans son rapport à la réalité, au monde, aux choses, aux ob-jets (littéralement, un ob-jet c'est ce qui "placé devant" un esprit qui pense, qui perçoit, qui analyse) : les qualités, les caractérisques qui nous semblent attachées aux choses leur appartiennent-elles en propre ou ne sont-elles que des projections de notre esprit qui les pense, les perçoit? Voyons-nous les choses telles qu'elles sont en elles-mêmes ou seulement telles qu'elles nous apparaissent étant donné ce que nous sommes (auquel cas nos connaissances nous apprendraient plus sur nous-mêmes que sur les choses)?


homo sapiens : ces deux mots sont zoologiquement, paléoanthropologiquement, notre définition : ils disent comment nous nous appelons, ce que nous sommes. Le verbe "sapere" entre dans la définition de notre humanité. 
 

devoir pour mardi :Selon vous quelle est la notion principale (du programme de philosophie en terminale) concernée par l'hypothèse géologique de l'Anthropocène?



 savoir et faire : ce que savoir me fait / goût et dégoût (indignation)


2) « dissonance cognitive »


→ faire sans savoir


→ «dissonance cognitive» (Léon Festinger, psychosociologue, 1919-1989) : savoir sans faire


ex : l’Anthropocène


  10.09.24

 Suite du cours sur «Philosophia, amour de la sagesse»


1) savoir, sapience (sagesse), saveur / homo sapiens


 les 3 verbes latins : saperecognoscerescire

le verbe latin sapere signifie "avoir du goût" 

Savoir, sagesse, saveur, savoureux, insipide, sapide, sapidité, … sont des mots formés à partir du verbe latin sapere qui signifie « avoir du goût ».

Les deux sens de l’expression « avoir du goût » : 

1. Avoir une saveur

2. Avoir la capacité (le talent) d’apprécier une saveur

Question : d’où vient le fait que j’ai ces goûts, ces dégoûts? D’où vient que ego savoure ce qui dégoûte alter ego? D’où vient que je savoure aujourd’hui ce qui me dégoûtait autrefois? 

Culture : éducation, transmission, émancipation

La question de la gémellité : si nos goûts s’expliquaient par une « nature » (une « nature » propre à chacun, propre à chacune, qui délimiterait donc chez chacun, chez chacune, ses goûts personnels) comment expliquerait-on que deux « vrais » jumeaux, deux « vraies* » jumelles aient des goûts différents?

* « Les jumeaux monozygotes (univitellins, « vrais », « identiques ») sont des jumeaux qui proviennent de la division d'un œuf fécondéunique. Ils sont issus du même ovule et du même spermatozoïde et possèdent une information génétique identique. » art. Wikipédia


4.09.24

Le plus important pour moi maintenant

[les remarques ci-dessous ne sont pas la suite du cours 

sur « Philosophia, amour de la sagesse »]

notions du programme :conscience, bonheur, existence humaine, liberté, raison, religion, travail, vérité, morale, temps, 

 

moyen / fin (but) 

le mode / le modèle

quomodo (latin) => "comment", par quel moyen, selon quelle modalité


modèle : une valeur, un ensemble de valeurs 

la justice, la vérité, le sacré (la religion), le bon (le bonheur), le bien (le bien moral => la morale), le beau (l'art)


le plus important : 

? un objet (à préserver ou acquérir)

? une valeur

? une question ---- chercher --- circare ... centre

curiosité : "cure", soin, 


3.09.24

 Programme (3 “perspectives” et 17 notions)

Baccalauréat (sujets juin 2024)


Philosophia, « amour de la sagesse »

 

le verbe grec "philein" : aimer passionnément, aimer irrésistiblement

intensité de ce "lien" (d'amour, d'amitié) attestée par le vocabulaire de psychiatrie qui dénombre toutes les pathologies qui affectent le désir humain.

 

"sophos" :   ce mot grec qualifie une personne qui associe une habileté (technique)  et des connaissances (théoriques).

 


——————— déroulé général du cours —————-


Philosophia, « amour de la sagesse »


1) savoir, sapience (sagesse), saveur / homo sapiens


 les 3 verbes latins : saperecognoscerescire


  savoir et faire : ce que savoir me fait / goût et dégoût (indignation)


2) « dissonance cognitive »


→ faire sans savoir


→ savoir sans faire (“dissonance cognitive” cf. Leon Festinger, psychosociologue américain, 20ème s.)



3) sciences et philosophie


→  l’objet d’une connaissance, d’une science, d’une “logie” : le “quoi” (la classification des sciences / leurs objets)

→  l’objectif, la fin, le sens d’une connaissance : le pourquoi, c’est-à-dire le “quoi” d’un désir (le verbe grec philein)


Conclusion : théorie “et” pratique