C.-O. Verseau professeur agrégé de philosophie

PRISE DE NOTES THLPHI 2


« Le même mot, en français, en anglais, en allemand, s'applique à la réalité historique et à la connaissance que nous en prenons. Histoire, history, Geschichte désignent à la fois le devenir de l'humanité et la science que les hommes s'efforcent d'élaborer de leur devenir (même si l'équivoque est atténuée, en allemand, par l'existence de mots, Geschehen, Historie, qui n'ont qu'un des deux sens).
Cette ambiguïté me paraît bien fondée ; la réalité et la connaissance de cette réalité sont inséparables l'une de l'autre d'une manière qui n'a rien de commun avec la solidarité de l'objet et du sujet. La science physique n'est pas un élément de la nature qu'elle explore (même si elle le devient en la transformant). La conscience du passé est constitutive de l'existence historique. L'homme n'a vraiment un passé que s'il a conscience d'en avoir un, car seule cette conscience introduit la possibilité du dialogue et du choix. Autrement, les individus et les sociétés portent en -eux un passé qu'ils ignorent, qu'ils subissent passivement. Ils offrent éventuellement à un observateur une série de transformations, comparables à celles des espèces animales et susceptibles d'être rangées en un ordre temporel. Tant qu'ils n'ont pas conscience de ce qu'ils sont et de ce qu'ils furent, ils n'accèdent pas à la dimension propre de l'histoire. L'homme est donc à la fois le sujet et l'objet de la connaissance historique ».
Raymond Aron,
Dimensions de la conscience historique (1961)

Explication rédigée 

    Quelle est la spécificité de la science qu'on appelle "histoire" parmi toutes les sciences ou connaissances élaborées par l'humain, par le "sujet" de la connaissance? Telle pourrait être la question à laquelle Aron répond dans cet extrait de Dimensions de la conscience historique, écrit dans la seconde moitié du 20ème siècle.
    La thèse d'Aron consiste à affirmer que le lien en histoire entre "le sujet" (l. 9, l. 18) qui connaît  et "l'objet" (l. 9, l. 18) à connaître est incomparable à la relation sujet-objet qu'on trouve dans les autres sciences, par exemple en "science physique" (l. 9).
    Nous montrerons avec Aron que "l'ambiguïté" (l. 1) du mot "histoire", qui tantôt désigne le cours des événements, ou encore "le devenir de l'humanité" (l. 3) tantôt le discours sur ces événements, ou encore la "science que les hommes s'efforcent d'élaborer de leur devenir, est non seulement "fondée" (l. ) mais encore que celle-ci donne toute son sens à la démarche de l'historien.ne et, de façon générale, à toute mémoire individuelle. Car le fait est que le passé étudié n'étant plus présent ne peut exister que par une mémoire subjective, individuelle ou collective, et que, prétendant étudier « le passé », le sujet humain ne peut par conséquent prendre pour « objet » d’étude que ses propres productions, archives de toutes natures, enregistrements sonores, images ou textes, livres d’histoire y compris, par lesquels il préserve les traces représentant un passé qui, par définition, n’est plus présent.


   La première remarque de l’auteur porte sur l’usage du mot « histoire » qui selon le contexte renvoie à deux domaines radicalement distincts : d’un côté la réalité, de l’autre la connaissance. N’est-ce pas pourtant le principe qui anime toute démarche de connaissance que de commencer par prendre conscience que ce qui est pensé de la réalité, ce qui est dit sur la réalité, n’est pas la réalité elle-même? La réalité est « l’objet » de notre connaissance, et même l’objectif que se donne « le sujet » de la connaissance : on ne saurait confondre la réalité et la représentation que nous nous en donnons sans faire disparaître la réalité que nous prétendons connaître et, ainsi, le sens même de notre démarche de connaissance.
    Cependant, nous employons indifféremment le mot « histoire » pour parler d’un « cours » d’histoire ou du « cours » de l’histoire, pour dire que nous « faisons de l’histoire » ou que chaque citoyen ou citoyenne « fait l’histoire ». Or un « cours d’histoire » est une  prise de parole, rassemblant toutes sortes d’autres prises de paroles, orales ou écrites : il consiste en un récit rapportant, qui plus est, d’autres récits. Le « cours de l’histoire » est une suite d’événements où s’entremêlent actions humaines et phénomènes naturels qui ne sont pas des discours sur la réalité mais constituent celle-ci tout en la transformant : « en histoire » nous étudions les événements « dans l’histoire » qui ont changé le « cours » de celle-ci, son écoulement, ses dérivations et ses dérives. Cette première remarque d’Aron, première phrase et premier paragraphe de l’extrait, se conclut par une remarque qui ne semble qu’une observation de linguistique comparée mais qui suggère que la question soulevée par l’usage du mot en français à une portée universelle qui concerne le sens même de la science historique et de la quête d’objectivité dans cette science.

    C’est dans le deuxième paragraphe qu’Aron analyse les enjeux de  « l’ambiguïté » propre au mot « histoire » en montrant qu’elle n’est pas accidentelle, qu’elle ne relève pas d’un abus de langage ou d’une méconnaissance du champ lexical, mais que tout au contraire celle-ci fonde la différence entre la science historique et toutes les autres sciences, sciences humaines (linguistique, psychologie, sociologie, etc.), expérimentales (physique, chimie,biologie, etc.) ou hypothético-déductives (logique, mathématiques, etc.). 

Dans toute quête de connaissance, l’ob-jet, c’est-à-dire ce qui est littéralement « placé devant », ne peut devenir un ob-jet que pour un sujet, pour un ob-servateur, et donc en relation, en « solidarité » (l. ) avec celui-ci. Mais l’objet de la science historique, le passé donc, n’est accessible à la connaissance que par l’intermédiaire de ce qui est déjà un produit de la connaissance, une élaboration mémorielle : l’ob-servation ne peut porter que sur une représentation de ce qui n’est plus, par définition, présent. Selon cette logique, l’historiographie constitue le point ultime, et emblématique, de la quête d’objectivité dans la science historique :  sur un même objet d’étude, la Guerre d’Algérie par exemple, nous pouvons aussi, et nous le devons, écrire l’histoire des livres d’histoire.

  Tel est le sens de l’affirmation « La conscience du passé est constitutive de l'existence historique. » (l. ), que reformule cette autre « L'homme n'a vraiment un passé que s'il a conscience d'en avoir un » (l. ) : « nous n’avons un « passé » que dans la mesure où nous nous le rendons présent par un acte de représentation. Se rapporter à un temps passé, révolu, relève d’un acte de « conscience » non seulement parce le passé n’est pas présent mais parce que toute archive témoignant de ce temps dépassé appelle elle-même à son tour un acte de représentation qui est un acte d’interprétation.

   C’est seulement à cette condition que cette conscience ouvre « la possibilité du dialogue et du choix ». Certes les événements passés ne peuvent pas ne pas avoir été, et ils ne peuvent pas ne pas avoir été ce qu’ils ont été. Il ne s’agit pas de changer le passé lui-même mais de changer la représentation que nous nous en faisons et, recroisant encore et encore les archives, analysant encore et encore leurs interprétations, de changer par conséquent le récit que nous en faisons. Tout être, vivant ou même non vivant, est dans le temps, mais tout être n’est pas dans la dimension de l’histoire. À la différence de la transformation géologique d’une planète ou de l’évolution biologique d’une espèce animale, les êtres humains ont la possibilité d’ avoir un passé au lieu d’ être leur propre passé, c’est-à-dire d’être déterminé par celui-ci : à condition cependant de le penser, d’en avoir « conscience », de le lire et de le relire, tel un texte qu’il nous faut constamment réinterpréter.

   En dernière analyse cet extrait de Dimensions de la conscience historique, qui se clôt sur l’affirmation « L'homme est donc à la fois le sujet et l'objet de la connaissance historique », peut être lu au point d’articulation entre deux thèmes, « histoire » et « recherche de soi ». Car l’identité de chacun et chacune d’entre nous ne consiste en rien d’autre que l’affirmation d’une permanence, d’une idem-tité, à travers nos propres métamorphoses d’une part et, d’autre part, la succession des récits que nous faisons de nos changements passés, de ces métamorphoses à l’échelle collective ou individuelle.

lundi 2 juin 2025

Histoire 
su-jet / ob-jet
instance (stare -> exister

vérité cf. Spinoza, Pensées métaphysiques(17ème s.)
 
vérité ("vrai", "faux") 
= accord entre ce qui est dit (pensé) et ce qui est
géo-centrisme / hélio-centrisme

NB : le problème de la "vérité historique" réside dans le fait que la réalité historique à étudier, l'objet à connaître, le "ce qui est"... est passé, dépassé, bref n'est plus. 

véracité ("véridique, vérace" / "mensonger") 
= accord entre ce que je pense (ressens) et ce que je dis -> accord entre le sujet et lui-même, accord intra-subjectif

vraisemblance ("vraisemblable" / "invraisemblable")
= accord entre ce qu'on dit (l'opinion, la doxa) et ce que je dis ... la réflexion ne recherche pas la vraisemblance et pour cette raison apparaîtra para-doxale. -> accord inter-subjectif

 
 

lundi 26 mai 2025

documentaire sur Zelensky

Histoire et violence
écrire l'histoire de notre "modernité non seulement en relatant  les événements mais aussi et peut-être d'abord en faisant l'histoire des mots qui nous ont permis peu à peu, étape après étape, d'identifier leur sens.
"L'histoire ne se répète pas" ... parce que la conscience de perpétrer à nouveau un délit, un crime, change le sens de l'acte.
NB : l'adage "L'erreur est humaine" est une traduction qui détourne le sens de cette pensée 
1. Errare humanum est / l'errance n'est pas l'erreur
2. Errare humanum est sed (mais) perseverare diabolicum
 
 
 





   "mettre un mot sur"... la question des néologismes :
Kant FMM (18ème s.) : "misologie"
Rouseau DOI (18ème s.) : "perfectibilité" 
"génocide" (20ème s.)
féminicide, pédocriminalité (21ème s.) :

l'importance de nommer 1. des sentiments (cf. "les expressions de la sensibilité") 2. des événements, des situations =

lundi 12 mai 2025

    Une insulte, un vol (un cambriolage), un viol, un meurtre, un attentat, une guerre, un génocide, une extermination rationnellement organisation, nombreuses sont les formes que prend "la" violence. Qu'ont-elles en commun si ce n'est qu'elles consistent toutes en une violation, en une transgression, en un franchissement par lesquels une limite est dépassée et une subjectivité est brisée?

    Cette coupure concerne parfois jusqu'à la mémoire (amnésie) et affecte le plus souvent la parole. 

    Que nous apprend sur ce qu'est la parole l'épreuve de la violence? 


il n'y a pas que la violence qui peut nous apprendre ce que nous apporte la parole à nous autres êtres de parole, à nous autres humains par le fait que nous la perdons, qu'elle nous est retirée. l'expérience de la beauté. Proust, A la recherche du temps perdu ("zut, zut, zut" de l'enfant Marcel ... suivi de 3000 pages à l'âge de la maturité + Kant, Critique de la faculté de juger le jugement à portée universel "c'est beau" + Jankélévitch, La mort, 20ème siècle, la distinction entre "indicible" et "ineffable" : est indicible ce dont il n'y a rien à dire, comme la mort, est ineffable ce dont il y a infiniment à dire, comme l'amour).

 1. parler, nommer = dénommer, définir, délimiter, déterminer

parler, nommer c'est produire des formes à travers lesquelles nous visons des choses. 


professeur / maltraitance cf. l'école de violence

papa / viol - inceste cf. Vintenberg, Festen

père (un prêtre) / agresseur Bétharram 


2. violence = violation = brisure, fracture, effraction, traumatisme

intrusion avec effraction


3. quand on a recouvré la parole, on s'est métamorphosé

on a enfin trouvé les mots, on n'est plus la même, le même. c'est plus qu'un changement c'est une métamorphose. critique du mot "résilience".


conclusion

cette question : à la croisée de 

  • violence et histoire
  • les pouvoirs de la parole
  • métamorphoses du moi
  • ruptures et continuités
  • les expressions de la sensibilité

histoire : G. Pérec "l'histoire avec sa grande hache" 

histoire non pas au sens de l'histoire des populations, ou de l'histoire de l'humanité, mais au sens où chaun, chacune a une histoire individuelle qu'on appellera une "trajectoire" pour souligner le fait que cette histoire est celle d'un sujet ( ), d'un moi qui change tout en restant idem, le même. 

l'existence humaine est une "histoire" : non pas seulement parce qu'un humain doit acquérir (apprendre) tout ce qui en lui ou elle n'était pas in-né, notamment comprendre ce qu'il est important d'apprendre, mais 




mardi 6 mai 2025

Pourquoi la violence nous laisse-t-elle sans mots?

violatio-n

excès, dépassement, trans-gression  

différence de nature / de degré

différence qualitative / différence quantitative

 

limite, seuil,  


différence qualitative dans le temps : la puberté, majorité (civile), l'âge de raison


lire pour lundi 12 mai

Kojève / Au fond, que désirons-nous?


lundi 5 mai 2025


Pourquoi la violence nous laisse-t-elle sans mots?

Rester "sans mots", "sans voix" dit-on encore, n'est pas se taire, n'est "faire silence", encore moins le "garder".

choix, volonté : le silence est un acte (un acte de langage : faire silence c'est parler... ne dit-on pas d'ailleurs que certains silences sont "éloquents" ou, encore comme le suggère l'adage, que "le silence est d'or, la parole est d'argent").

"je me tais" = renforcement du "soi", être à la place de ce qui tait et de ce qui est tu... voix pronominale (je me lève, je me lave, je me peigne...) ... c'est la voix, la construction (grammaticale) de la ré-flexion (au sens littéral) : c'est-à-dire le moment où le sujet (de l'acte de penser) se met en relation avec lui-même.

 

rien à voir avec : l'incapacité de parler, cette incapacité étant due à tel ou tel traumatisme (c'est du moins une hypothèse).

 

 un "tabou" = on n'ose pas en parler publiquement

l'argent, le salaire

la sexualité

la conviction politique

le sens donné usuellement (socialement) au mot "tabou" est éloigné du sens rigoureux du mot qui appartient au vocabulaire de l'ethnologie (voir Freud, Totem et tabou). Au sens rigoureux du mot "tabou" un tabou relève d'un inter-dit, d'une con-vention qui structure l'organisation sociale (sciemment, donc consciemment).

un inter-dit : une con-vent-ion

https://www.youtube.com/watch?v=014aZAw6JeI



mardi 22 avril 2025

Sophocle, Antigone (5ème s. AEC)

transgression  

=> limites

=> violation, violence 

=> l'humain mis en question


loi :

  • lois de la nature : l'ordre qui est "dans" la nature (physis : la nature), ordre pré-existant =>loi au sens descriptif
  • lois civiles, morales, religieuses : en ce sens la loi donne un ordre, elle demande-commande-recommande, elle pré-scrit un ordre non encore existant
de-mand-er, com-mand-er, re-com-mand-er




Défenserur des droits 

 

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/journal-de-12h30/journal-de-12h30-du-mardi-25-mars-2025-7622943

 

 

mardi 11 mars 2025

la violence : éléments de définition 

"préjugés" / prétendues évidences (é-vidence : ce qui se voit  de loin -> videre : voir + ex : provenance, le lointain ... la philosophie = une attention accordée à la doxa : l'opinion)

 

  • on n'aimerait pas la violence / ...et pourtant l'industrie culturelle n'a-t-elle pas fait de la violence un "spectacle" ? cette logique qui fait de la violence un phénomène "spectaculaire" conforte l'opinion dans l'idée que la violence est le fait de personnes anormales, folles, marginales, désocialisées, bref des "monstres".
  • la violence "nous", "me", brutaliserait
  • la violence ferait irruption* (ir-ruption) 
  1.  elle ferait ir-ruption au sens où viendrait briser une continuité dans le profil psychologique de l'agresseur
  2. l'agresseur le serait par lui-même, en lui-même, il se serait créé agresseur ex nihilo
  3. la violence viendrait "casser" le cours "normal" des choses, l'ordre social
  •  on ne devrait parler de la violence (la violence est tabou)
 



 

mardi 11 mars 2025

la violence : éléments de définition 

préjugés  : 

  • on n'aimerait pas la violence
  • la violence "nous", "me", brutaliserait
  • la violence ferait irruption* (ir-ruption) 
  1.  elle ferait ir-ruption au sens où viendrait briser une continuité dans le profil psychologique de l'agresseur
  2. l'agresseur le serait par lui-même, en lui-même, il se serait créé agresseur ex nihilo
  3. la violence viendrait "casser" le cours "normal" des choses, l'ordre social
  •  on ne devrait parler de la violence (la violence est tabou)
 

violence / viol / viol-ation / viol-er : commettre une viol-ation, une trans-gression, passer outre

un seuil, une limite (dé-limiter, dé-finir, dé-terminer, dé-nommer)                , est franchi

exemple : "traiter" une personne comme une chose, un bien possédé, une propriété (cf. Olympe de Gouges : le maître de "son" épouse comme l'esclave est lui-même la possession d'un "maître") ...

cf. Kant, APP

littéralement une transgression est un "outr-age"

il est porté atteinte à quelque chose, à une entité dans ses contours, dans son unité (enveloppe charnelle pour un corps vivant, structure d'un objet matériel, d'un artefact), dans son ordre (une organisation politique régie par des lois : violer une loi, bafouer le droit) 




lundi 10 mars 2025

la violence dite « systémique »

exemple permettant d'entrer dans la compréhension du caractère "systémique" de certaines violences : 

le rituel de passage, rituel d'initiation ou d'intégration : le "bizutage"

 

idem-tité : 


ce que dit littéralement, étymologiquement, le mot "identité" n'est-ce pas ce que l'usage social fait dire à ce mot. Alors que le mot, rapporté à ses radicaux latins (idem : le même + ens-entis : être), signifie la permanence d'une même subjectivité (personnalité) pouvant "porter" tout au long d'une existence plusieurs caractéristiques, la permanence à travers tous les changements ou métamorphoses, l'usage social impose une stabilité, une quasi chosification. Cette chosification impose une mutilation de soi-même : impose à un sujet (une personne) de ne pas montrer "tout" ce qu'il est.  

La violence que constitue cette mutilation est d'abord retournée par le sujet contre lui-même (1. taire, cacher  2. entrer dans le déni de certains de mes désirs...) pour être tournée parfois contre autrui (à la vie de qui je vais attenter).

Le piège : je ne me reconnais plus que dans la partie de moi que par le passé "on" (la société) ne voulait pas connaître de moi. Nouvelle mutilation dont la conséquence se manifestera, cette fois, à "l'extérieur" de moi, du "sujet".

 

Or cette violence (qu'elle s'exerce par soi contre soi-même ou contre autrui) est une conséquence de la fonction jouée  par la notion d'identité au sein de certaines sociétés, telle que ces sociétés la définissent (définissent la notion d'identité, contrairement au sens étymologique du mot qui n'exclut ni la pluralité de caractéristiques ni le changement de celles-ci). 

 

 



 


 

 

 

violence / viol / viol-ation / viol-er : commettre une viol-ation

 

 

lundi 3 mars 2025

la violence dite « systémique »

références d'oeuvres 

Capharnaum de Nadine Labaki, Jihad Hojaily et Michelle Keserwany

The goat life de Bless (2024)
de Blessy Ipe Thomas

 

Les violences seraient-elles liées entre elles? auquel cas ne pas identifier l'une d'elles me disposerait à m'aveugler sur les autres?  

Violences des vivants humains sur les autres vivants (leur "élevage", leurs conditions de vie ... et de mise à mort -> L214), violences des adultes hmains sur les enfants humains, violences des mâles humains sur les femelles humaines, violences des humains sur leurs semblables, sur leurs sours et frères humains.

Rhinocéros de  Eugène Ionesco https://fr.wikipedia.org/wiki/Rhinoc%C3%A9ros_(Ionesco)

 

 

 


le kilomètre-émotion : de quoi nous indignons-nous ? ou plutôt dans quelle proximité (avec l'objet de notre indignation) nous indignons-nous? ce qui m'indigne ici, voire , ne m'indigne plus quand la situation se présente là-bas ou tout là-bas. éloignement /proximité (géographique, affective) : loin des yeux, mais proche du "cœur"... on peut cependant ressentir (de la peine ->  sentiment)  sans sentir (percevoir avec ses 5 sens -> sensation)


lundi 24 février 2025/ il y a 3 ans, jour pour jour, l’armée Russe pénètre dans 4 nouveaux oblasts ukrainiens

L’Humanité en question

Questionnement = interrogation

  • sur les conditions d’existence, mise/remise en question
  • sur l’essence de l’humain, de Homo Sapiens: que sommes-nous donc (puisque ... nous en sommes là)? Le questionnement sur l'essence des humains est certes ancien, antique même (cf. Sophocle, Antigone) mais la modernité n'a-t-elle pas introduit une rupture dans l'histoire de ce questionnement de l'humain sur lui-même, de l'être humain sur son être ?
 
Mise en question = mise en cause (ac-cuser/ ex-cuser) des responsabilités humaines

Soumettre à la « question » : l’humain maltraite l’humain 


Violence, violation et irruption 

« Fait divers »

L’île aux fleurs de Jorge Furtado (1989)

 https://www.youtube.com/watch?v=fZFFHRfpq6s

 


COMMENT COMPRENDRE LE DISCOURS CINÉMATOGRAPHIQUE

DE LA VIOLENCE? Mémoire universitaire de Anne-Elisabeth Côté (Québec, 2009)



mardi 4 février

l'épreuve de la remise en question 

 accepter ses "limites" 

pour éviter de dépasser celles-ci 

(dépasser = trans-gresser, outre-passer/      ) 

trans-gresser

ag-gresser

re-gresser

pro-gresser

outre: ultra

le "jour du dépassement"

cf. le rapport Meadows (1972) sur les "limites à la croissance dans un monde fini"

 

violence / viol / viol-ation / viol-er : commettre une viol-ation

violence des humains à l'encontre de la planète

violence des vivants humains à l'encontre de tous les autres vivants


violence des humains à l'encontre des autres humains

violence des hommes à l'encontre des femmes

violence des adultes à l'encontre des enfants

 En quoi l'analyse de la violence proposée par Amin Maalouf dans les IM montre que cette violence est systémique?

 violence systémique

 



 

 

 

lundi 3 février2025

A

 

 

mardi 28 janvier 2025

Qui peut me consoler? / S. Dagerman extrait de Notre besoin de consolation est impossible à rassasier  

Introduction de l'essai:

    Ce texte sur la consolation  est pour 2 raisons déconcertant :

    D'abord aucune évocation d'un événement éprouvant au cours d'une tra-ject-oire sub-ject-ive. Il n'est question dans cet extrait que d'aspects communs à toutes les existences humaines. : solitude, expression, liberté, mortalité et doute.

    Ensuite, contraste entre la subjectivité qui s'y exprime et le titre de cet essai qui rappelle la communauté de tous les humains exposés aux rigueurs de la condition humaine : je, je et re-je / le "nous" dans le titre

    Ces deux éléments proposent une piste pour entrer dans la question posée : "Qui peut me consoler?". Si nos questions nous sont communes, si d'ailleurs elles peuvent être elles-mêmes rassemblées autour d'une et seule même question, la question du sens de nos existences, n'est-ce pas le socle sur lequel  chacun, chacune, tout ego peut se reposer pour rencontrer l'histoire d'un alter ego, quelle que soit les particularités de sa trajectoire? 

lundi 27 janvier 2025

Pourquoi dit-on "citer" quand il s'agit pour ego de restituer les propos d'alter ego? L'emploi du verbe "citer" est métaphorique au sens où il suggère que ma parole fait autorité, constitue un espace, structuré par ma pensée, au sein duquel j'autorise une autre parole que la mienne, celle de Rousseau ou celle de Dagerman.

 

 ALTERITé

"se mettre à la place de l'autre"

Feuerbach, L'essence du christianisme 

essence / identité 

(ipséité = être soi et avoir conscience d'être ce soi, ce sujet)

 

solitude, 

expression, 

liberté, 

mortalité  (conscience de sa propre finitude), 

doute

certes Dagerman n'évoque aucune expérience personnelle, aucune épreuve singulière, pour laquelle il éprouverait un "besoin de consolation" : les causes de sa détresse sont générales.

Nulle évocation de l'expérience de quelque perte ou deuil que ce soit.

 

Mais justement la portée universelle des causes mentionnées rappellent que tous les humains sont concernés - du fait de leur essence commune, du fait que tout humain appartient au genre humain, que tout humain porte sur soi le poids de "l'entière condition" humaine (Montaigne, Essais) - et que par conséquent les humains se parlent "en connaissance de cause".

 

 



 

forum : place publique

agora :  mot grec pour le mot latin 

polis (grec) : la cité

 



mardi 14 janvier 2025

Faut-il se mettre à la place de l'autre pour lui apporter une consolation?


lundi 13 janvier 2025

Faut-il se mettre à la place de l'autre pour lui apporter une consolation?

INTRODUCTION 

   Pour consoler quiconque il faut "être là", c'est-à-dire être présent à l'autre, se rapprocher de lui ou d'elle, être près pour être prêt ou prête à l'écouter. C'est pourquoi on pourrait penser que pour consoler autrui, il faut avoir été à la même place, c'est-à-dire avoir eu la même expérience, avoir vécu la même épreuve, la même perte, le même deuil, que l'autre que je dois consoler.

    Et pourtant comment puis-je m'assurer que le lien brisé (avec ce que j'avais et que je n'ai plus, avec l'être cher maintenant disparu) a le même sens pour moi que pour l'autre. Croyant  être près de l'autre, il se pourrait que je m'en éloigne. A l'inverse, prendre conscience que je ne suis pas l'autre, que pour commencer je suis loin de comprendre le sens de ce qui le ou la met à l'épreuve, je me suis-je déjà rapprocher de lui ou d'elle. C'est du moins à cette seule condition que je pourrai ressentir le désir de me rapprocher.

    Dans quel espace me tenir pour être avec l'autre : quel espace commun peut-il y avoir entre ego et alter ego? Car la sub-ject-ivité ne se réduit pas à une tra-ject-oire individuelle. Il y a un espace commun, ouvert, telle une place publique, un forum, qui comprenne tous les sujets et où tous les sujets puissent se comprendre : c'est le for intérieur de chacun, chacune. 

 

 

 

1. ce qu' "on" dit      

    Il semble entendu que pour consoler quiconque il faut "être là", c'est-à-dire être prés-ent, se rapprocher, être près pour être prêt. C'est pourquoi on pensera volontiers qu'il faut avoir eu la même expérience, avoir vécu la même épreuve, que l'autre que je dois consoler, la même perte, le même deuil.

2. mise en question de l'opinion

    Et pourtant comment puis-je m'assurer que le lien brisé (avec ce que j'avais et que je n'ai plus, avec l'être cher maintenant disparu) a le même sens que pour l'autre. Croyant  être près de l'autre, je m'en éloigne. A l'inverse, prendre conscience que je ne suis pas l'autre, que je suis pour commencer loin de le comprendre, ne me suis-je pas déjà rapprocher de lui?

 

3. formulation d'un "problème", formulation d'une "vraie" question, poser la question

Dans quel espace me tenir pour être avec l'autre : Quel espace commun peut-il y avoir entre ego et alter ego? Car la sub-ject-ivité ne se réduit pas à une tra-ject-oire individuelle. il y a un espace commun, ouvert, telle une place publique, un forum, qui comprennent tous les sujets et où tous les sujets puissent se comprendre : c'est le for intérieur de chacun, chacune.

j'annonce là où je veux aller, donc ma dernière partie sur :

 "for intérieur" (Feuerbach, EC, identité/essence - individualité/genre, "vie extérieure" / "vie intérieure"

 

le développement 

1. être vraiment à l'écoute  / faussement à l'écoute, pas vraiment être là

"consoler" / la fragilité

recouvrer sa solidité / 

résilience : s'agit-il de retrouver sa forme initiale (comme la matière) , son moi passé

s'en remettre, 

faire le deuil, 

passer à autre chose, 

tourner la page, 

s'en sortir



traverser



 2. l'incompréhensible, l'insupportable : y faire face ensemble


3. accepter de vivre dans un monde autre (un monde sans l'autre, l'autre qui a"disparu")

un autre récit

Oedipe

Mérope et Polybe (Cotinthe)

Laïos et Jocaste (Thèbes)




 

mardi 7 janvier 2025


Faut-il se mettre à la place de l'autre pour lui la consolation?

 introduction

1. ce qu' "on" dit : l'opinion, la doxa, -> para-doxe 

2. mise en question des opinions à propos de la "consolation", opinions qui n'est ni vraies ni fausses, qui ne sont que des affirmations ...suspendues, flottantes, c'est-à-dire sans pourquoi, sans fondement

3. formulation d'un "problème", formulation d'une "vraie" question, poser la question

La sub-ject-ivité se réduit-elle à une tra-ject-oire individuelle? N'y a-t-il pas un espace commun, ouvert, telle une place publique, un forum, qui comprennent tous les sujets et où tous les sujets puissent se comprendre? -> "for intérieur" (Feuerbach, EC, identité/essence - individualité/genre, "vie extérieure" / "vie intérieure"


lundi 6 janvier 2025

Faut-il se mettre à la place de l'autre pour lui la consolation?

textes sur le thème de la consolation 

(entre autres, le texte de la chanson de Jacques Brel)

di-vert-ir

(thème pascalien : la condition humaine est si éprouvante que le di-vertissement lui est inhérent) 

vert-ere : tourner

vertical, vert-ébral, 

vers-um
ren-verser, vers-ion, con-version,

question : redonner à l'autre le sens de l'imagination, lui rendre sa confiance dans le pouvoir-imaginer (s'imaginer autre ou, plutôt, se rappeler qu'on peut être autrement) est-ce seulement "divertir"?

consoler : être présent.e, proche, prés-ence,

être près, être loin : prendre conscience de son éloignement c'est déjà se rapprocher

loin/proche : ego / alter ego ... altérit

for intérieur (forum = la place publique)

lundi 16.12.24

 Kant, Anthropologie du point de vue pragmatique (18ème s.)

"posséder le Je dans sa représentation" :

"représentation" : idée, idéal, une image (mentale), une notion, un concept, un rêve, un souvenir ... =  re-présenter :  rendre présent à son esprit, sa raison, sa conscience, son imagination, son "entendement" (l. 9), bref sa faculté de pensée en général

"infiniment" : la différence quantitative devient une différence qualitative : l'humain n'est supérieur aux autres vivants, il est qualitativement différent. 

différence de nature / différence de degré

"personne" : 

cf. Christian Bobin

cf. Pascal

lundi 9.12.24


"La recherche de soi", "éducation,transmission, émancipation", "les expressions de la sensibilité", "Les métamorphoses du moi" : comment comprenez-vous l'unité de ce programme?

Les expressions de la sensibilité

sensibilité : sentir, sensation (les 5 sens cf. Vim Wenders, Les ailes du désir), sentiment


sensations : le chaud, le froid, le dur, le mou, le lisse, le rugueux, le lumineux, l'obscu

sentiment (une émotion, un affect) : peur, joie, affection, tristesse...

sentir -> sensation

res-sentir -> sentiment

mardi 2.12.24

Education, transmission, émancipation

 

su-jet, pro-jet, re-jet, ob-jet, 

ob-jectif,  tra-jet

 

Les métamorphoses du moi

je / moi 

il n'y a pas de changement  (variation, métamorphose, etc. ) observable, pensable, sans invariant, sans permanence...

 

la voix active : le chat gratte le cuir du fauteuil  

la voix passive : le cuir du fauteuil est gratté par le chat

voix pronominale : le chat se gratte sur le fauteuil


je me regarde

ré-fléchir

l'image spéculaire (l'image de soi dans un miroir) permet-elle de se voir?

objection : je compose mon apparence, mon apparaître 


 

  lundi 2.12.24

 

récapitulatif des cours sept.oct-nov

et déroulé des articulations entre les différentes parties de ce programme 

 

 

La recherche de soi

 - définir ce qu'on peut appeler "soi", "le soi"... puisque selon l'intitulé il s'agirait de le "rechercher".

- d'ailleurs, le soi n'est pas seulement ce qui est cherché ou "recherché" mais aussi ce qui cherche (le "cherchant" non pas seulement le "cherché"). Cela aurait-il du sens qu'autrui cherche pour moi qui je suis, ce qu'est "être" soi pour moi-même.

 

- rechercher, chercher > circare : marcher en cercle (cirque, circulaire, ...). Or pour qu'il y ait un "cercle" il faut un centre : quel pourrait être le "centre" de la recherche de soi? le désir de se connaître? sans désir, qu'est-ce qui pourrait être fait, accompli, et par qui?

"la recherche" : 1. chercher à connaître 2. chercher à être soi ... les deux s'appellent peut-être l'un l'autre... à voir.

 

- longtemps d'autres m'ont dit qui je suis, ce que j'aime, ce qui est bon pour moi, m'ont dit mes goûts et dégoûts: ce sera à moi, un jour, de me dire, de me présenter, de dire ce que j'aime, qui j'aime, comment je veux aimer. Quand ? on appelle ce moment "l'âge de raison"

Kant (18ème s.), Réflexion sur la question : qu'est-ce que les Lumières? cf. puberté, majorité, "maturité" ou "âge de raison" ou L'âge de l'homme selon l'expression retenue par Michel Leiris pour en faire le titre d'un essai.



- mise en question de l'injonction (sociale) de la connaissance de soi, de la quête d'identité. L'identité est, nous avertit A. Maalouf, "meurtrière" (LIM, 1997)


Sartre (20ème s.) , Baudelaire... Emilie...

Pascal (17èem s.), Pensées recherche le moi... commencer par ne pas confondre ce qui est moi (la sub-stance, .. su-jet, sub-strat) et ce qui est à moi (les qualités)

Feuerbach (19ème s.), L'essence du Christianisme : se mettre à la place de l'autre

 

Education, transmission, émancipation

 

transmission : trans-mettre 

tout ce que j'ai (que je confonds souvent, ... Pascal..., ab|


É-ducation : con-duire, sé-duire, dé-duire, in-duire, tra-duire

ex-ducere : conduire « hors de » (ex)

toute éducation appelle dialectiquement son dépassement : c’est toujours, ou plutôt longtemps, d’autres qui m’éduquent.il faut don c que je m’approprie ce qui m’a été donné.

« in-culquer » !!! : calx-calcis : « talon »

in-culquer : faire entrer en martelant à coup de talon ("bourer le crâne")

« enseigner » : signe, orientation, di-rection,

le « soi » est d’abord pris en charge par d’autres subjectivités : c’est pourquoi tout sujet doit se mettre en quête de lui-même. D’où « la recherche de soi », d’où cette quête (devenir soi) et cette enquête (se connaître).

Le « soi » :

- pas seulement le « physique »

- le monde intérieur des pensées, des désirs, des goûts et dégoûts

- le regard sur soi (mes qualités sont multiples, nombreuses : c’est à moi de les hiérarchiser) et le récit de soi sur soi

é-mancipation de l’é-ducation qu’on a reçue : deux e, deux fois ex-

toute éducation appelle son propre dépassement au sens où une première phase me con-duit en un lieu d’où, hors duquel, il me faudra sortir

 

 Les expressions de la sensibilité

Les métamorphoses du moi

 

 

  mardi 26.11.24

Feuerbach, L'essence du christianisme (suite)

je / tu - ego / alter ego

 Feuerbach : humain = un être capable de penser l'identité et l'essence, l'individualité et le genre = chaque humain est un ego qui peut se mettre à la place d' alter ego (cf. l'expression : "se mettre à la place de l'autre"... "mets-toi à ma place") 

'vie intérieure' : cette vie que toute conscience (= tout être doté d'une conscience au sens strict) vit en son "for intérieur".

fort = la forteresse, la clôture, la délimitation qui rassemble en excluant

for = forum (en grec : agora) = l'ouverture, la place où chacun, chacune, est le ou la bienvenue


se mettre à la place de l'autre = demander à l'autre, et vouloir soi-même s'y rendre, d'entrer dans ce forum. 


la conclusion semble simple et claire : 

l'humain a accès à deux types d'objets pour sa pensée : l'individualité et le genre tandis que les autres vivants, dotés d'une conscience qui correspondant au concept de conscience mais au sens large (la sensibilité) n'ont accès qu'à un seul des deux objets : l'individualité.

Il y a des êtres capables de sentir et de concevoir, il y a des êtres capables seulement de sentir.

Pb : qu'est-ce que "sentir" sans avoir la capacité de conceptualiser ce que nous sentons? un humain n'en a pas l'expérience. Nous n'avons pas accès au "sentir" des autres vivants.



   


 

 

 

 

  lundi 25.11.24

Feuerbach, L'essence du christianisme (suite) 

essence / existence

essence = définition = l'essence d'un groupe de choses c'est le fait que ces choses sont ce qu'elles sont (qu'elles soient ou non, qu'elles existent ou non)

attention : une essence est commune à plusieurs choses, voire à des choses innombrables. 

par exemple, le mot "humanité" concerne tous les humains qui aujourd'hui, mais aussi tous les humains qui ont existé depuis que l'humain est l'humain (depuis 315000 ans, la naissance d'Homo Sapiens...), mais encore tous les humains qui existeront. 

L'essence de l'humanité = ce que nous sommes toutes et tous

mais ...mon "identité" c'est qui je suis, qui tu n'es pas 

mon humanité, c'est ce que j'ai en commun avec toi et toutes les autres, tous les autres

mon identité est ce qui m'est propre

la question devient : puis-je me mettre à la place d'un ou d'une autre?

qu'est-ce que l'empathie? comment consoler quelqu'un dont on ne vit pas soi-même la peine, le chagrin

cf. Le temps de la consolation, Michaël Foessel

 


 

 

  lundi 18.11.24

Feuerbach, L'essence du christianisme 

ob-jet : ce qui est devant soi, "devant" un su-jet

jet : jeter, disposer, 

ob-jet, re-jet, tra-jet (tra-jectoire), pro-jet

 

conscience, raison, esprit, l'âme : en dehors de tous contextes, c'est désignent uniformément la "faculté de penser". C'est le contexte qui invite à employer un mot plutôt qu'un autre, le mot "conscience" plutôt que le mot "raison".

Dans le texte  de Feuerbach, on ne trouve pas le mot "raison". Et pourtant c'est bien de la "raison", et donc de l'acte de "raisonner", dont il est question quand l'auteur précise que la faculté de penser chez l'être humain permet à celui non seulement de se penser (donc, soi en tant qu'individu, en tant que personne particulière) mais de penser l'espèce dont chaque humaine, chaque humaine est membre.

    En effet le mot "humanité" désigne (comme chaque fois qu'il s'agit de penser une "espèce", qu'il s'agisse de "l'être humain" ou qu'il s'agisse de "l'être fourmi" ou de "l'être cafard" cf. Kafka, La métamophose) une totalité. A travers ces seules quatre syllabes j'ai pour objet (objet de ma pensée) tous les humains existant aujourd'hui, tous les humains ayant existé depuis la naissance d'Homo Sapiens il y a 315000 ans ainsi que tous les humains qui existeront.

C'est pourquoi Feuerbach rappelle dans son texte que la science est ce domaine de pensée où c'est la raison qui est mobilisée, la faculté de raisonner (ce qui fait de cette démarche, la démarche dite "scientifique", une démarche rationnelle... "raison" vient du mot latin ratio). Et si l'auteur emploie le mot "conscience" c'est pour rappeler que celui-ci est dérivé du mot "science" (en réalité du verbe latin : scire).

    En résumé, Feurbach revient sur ce qui est dit traditionnellement de l'esprit et de l'humain, à savoir que la pensée serait le propre de l'humain, et s'attache à définir précisément l'acte de penser pour justifier l'affirmation la plus "populaire" selon laquelle la pensée serait le propre de l'humain. 

le genre (gén-éral, gèn-e, gén-étique, gen-èse, ...) : l'ensemble de tous les éléments ayant les caractéristiques. ex : le "genre humain".

l'essence : les caractéristiques propres à tous les éléments appartenant au même "genre".

le mot français "esse-nce" vient du verbe latin esse : être. 

attention : être non pas au d'exister mais au sens un être est ce qu'il est, un ceci ou un cela. Par exemple un vampire n'est pas un zombie, indépendamment du fait que ni le vampire ni le zombie n'existent. un sphinx n'est pas une licorne ou un centaure.

Sophocle, Oedipe-Roi 

Laïos, Jocaste, roi et reine de Thèbes

l'enfant Oedipe est confié (après son abandon) au roi et à la reine de Corinthe

sphinx = 3 êtres en 1, simultanément

humain = 3 êtres  successivement


monstruosité de l'humain, égale celle du sphinx : l'humain n'est pas moins monstrueux qu'un sphinx 

une énigme n'est pas une question mais, tout au contraire, la réponse à une question. l'énigme du sphinx livre la définition de l'humain, l'essence de l'humain, c'est-à-dire la réponse à la question : qu'est-ce qu'un humain? pour résoudre l'énigme il faut donc non pas répondre à une question, mais se poser la question, la question de ce que nous sommes nous autres humains.


 







 

 

  lundi 14.10.24

DS / subjectivité et identité (idem-tité !)

 

  mardi 08.10.24

 

personne, personnalité, personnage, ...cf.  Pascal, Pensées, les qualités / la substance

per-sona : 

per = à travers

sona > sonum, le son

Persona, un film de 1966 d'Ingmar  Bergman

l'histoire de Jean-Claude Romand, racontée par la journaliste Florence Aubenas

L'homme aux mille visages, une émission radiophonique, un documentaire et un livre de Sonia Kronlund

 


 

 

Déroulé (rétrospectif!) du cours (3 septembre- 15 octobre)

La recherche de soi

« La recherche de soi », tel est l’intitulé du thème général de cette première partie de l’année. Avant de nous demander comment, par quels chemins, chacun, chacune, devrait s’efforcer de « se » trouver après « s’être cherché.e », de se trouver « soi » ; avant de nous demander si, vraiment, il faudrait pour chacun, chacune, se lancer dans ce qui s’annonce comme une véritable quête ; commençons par essayer de définir ce qui est ou serait à chercher : qu’appelle-t-on « soi », « le » soi, être soi, être un soi ?

1) ego et alter ego

a) Individu, personne, sujet

Être un soi. Être un sujet, une personne, un individu, un « qui » (non pas un « quoi »). En bref, être un ego.

b) Les expériences de la subjectivité

L’ennui, la culpabilité, le jeu, comme expériences ou activités favorisant* le « surgissement de la conscience de soi » pour reprendre les mots de Sartre, dans Baudelaire, alors que le philosophe commente l’extrait d’un roman de Richard Hugues, Un cyclone à la Jamaïque.

* ...même si, dans ce bref, très bref, extrait Sartre suggère que le « surgissement de la conscience de soi » est « fortuit » et, en ce sens, sans préparation possible.

NB : une contre-expérience de la subjectivité serait la zombification… à condition de se rappeler qu’un zombie - qui est dépourvu de nom, d’âge, de genre, de mémoire et donc de toute subjectivité – est tout le contraire d’un ou une vampire.

c) Ipséité et altérité : altérité, altération, « métamorphose »

Vivre, exister = devenir, s’altérer, changer : voir le film d’ Anthony Cerniello Danielle (2013).

L’altérité ne concerne pas seulement le rapport entre ego et alter ego, mais aussi le rapport entre ego et ego lui-même à travers le temps : j’ai été autre, je serai autre que celui ou celle je suis maintenant.

Et pourtant, si je ne suis pas le même « moi », je suis indiscutablement le même « je » (puisque je me souviens d’avoir été autre, d’avoir eu 5 ans et demi, d’avoir eu une poupée avec laquelle je jouais, avec laquelle je ne joue plus, avec laquelle je ne jouerais vraisemblablement plus jamais), indiscutablement le même « sujet », ou « substrat », ou la même « substance » écrit Pascal dans l’une de ses Pensées (celle qui commence par la question « Qu’est-ce que le moi? »

Invariant et variation reposent l'un sur l'autre. 

Je ne vivrais aucun "changement" en tant que changement si par ailleurs je ne restais pas idem. Et autrui ne parlerait pas à mon propos de "changement" si autrui ne présupposait pas qu'il s'agit bien de la même (idem) personne (sinon, autrui constaterait l'existence de deux personnes, distinctes donc : une personne se serait substituée à l'autre).

Et inversement je ne pourrais guère faire l'expérience de moi-même en tant que sujet (sujet invariant, donc) si je ne faisais continûment le constat que je change de "qualités" (Pascal), de caractéristiques, de positions et de postures, lesquelles me font connaître que le "je" n'est aucune des qualités qui sont les siennes.

 

  lundi 07.10.24

 subjectivité et identité (idem + ens-entis : "le même" + "étant") 

Que nous apprend l'étymologie du mot "identité"?

per-man-ence, invariance,

 

deux acceptions du mot "identité":

- l'usage social du mot "identité" est d'abord, et peut-être exclusivement, fonctionnel, utilitaire : on attribue des identités pour pouvoir distinguer des individus ( )

- l'usage de ce même mot en accord avec l'étymologie de celui-ci met au premier plan l'affirmation, non pas d'une différence, encore moins d'une différence entre plusieurs individus, mais d'une identité de soi à soi, c'est-à-dire de l'invariance du soi malgré ses variations ou plutôt à travers ses variations.


 Pascal, Pensées

"sub-stance" est le "sup-port" des qualités, les qualités changent la substance est et reste idem

sub-strat -> une strate -> l'imaginaire du fond et du profond...

su-jet   (sub-ject) 

 


 

 

 

  lundi 30.09.24

 remise des copies "Portrait de soi avant" (suite)

 Changement et permanence (variation et invariant)

Toute variation suppose un invariant, quelque chose qui ne change pas. Tout ne peut pas changer, tout ne peut avoir changé (comme quand, revenant sur un lieu de son enfance, on s'exclame : "tout a changé!").

Plutarque, Vies des hommes illustre, le bateau de Thésée

 

être

être vivant

être vivant pensant  

(penser = représenter => re-présent-er ce qui n'est pas présent)

il n'ya pas de"passé" dans la réalité

 (il y a des effets présents de cause passée, il y a des caractéristiques physiques présentement observables qui sont interprétées par un esprit, une conscience, comme des traces présentes d'un passé plus ou moins lointain : ce trou sur le chemin est interprété, dans une mise en relation entre un temps qui n'est plus, le passé, et un temps présent, comme une "trace", un vestige,  du passé)


métamorphose,

changement,  remplacement, détournement, retournement,

"Larguer les amarres" , disparaître (mais pas au sens de mourir)



 


autre exemple : les états de l'eau (H20)

la glace, l'eau courante, le nuage

le solide, le liquide, la vapeur : 3 états successifs d'une seule et même réalité (H2O)

 

 


 

 

 

  mardi 23.09.24

 https://la-philosophie-au-programme.blogspot.com/2023/01/letonnement-detre-soi-individualite.html

 culpabilité => responsabilité => répondre à / répondre de : aujourd'hui je dois répondre de moi-même, je dois répondre de ce que moi j'ai fait, moi j'ai dit dans un passé proche ou lointain
=> je réponds à une question, je réponds de mes actes, de mes dires, c'est-à-dire je réponds de moi devant autrui => SUBJECTIVITé (puisque la "responsabilité" implique je prenne mes responsabilités)


  lundi 23.09.24

 

 remise des copies "Portrait de soi avant" / faux "je"

exemples de sentiments qui manifestent l'existence d'une subjectivité : 

 

  • la culpabilité : sentiment éprouvé par ego à la pensée que sa responsabilité est engagée dans la situation qui concerne alter ego

-> puis-je ressentir de la culpabilité à l'égard d'une réalité qui ne serait pas une subjectivité?

-> puis-je ressentir de la culpabilité à l'égard d'un être non-humain, d'un vivant non-humain, en bref d'une subjectivité qui est sentante, non pas pensante, dotée d'une sentience non pas d'une conscience? 

la culpabilité est-elle une notion morale ? n'est-elle pas une notion relevant seulement un champ de la psychologie? 

subjectivité / subjectif...




 

  lundi 16.09.24

 

 dystopie : 

zombie / vampire : la différence tient dans ... la conscience de soi. 

 

La recherche de soi 

1. Un, une parmi d'autres

étude de l'extrait de Baudelaire de Jean-Paul Sartre (20ème s.)

 

question : avant le "surgissement de la conscience de soi", avant que j'aie conscience d'être moi, je suis cependant déjà moi : qu'est-ce qui m'aura permis, avant ce "surgissement" d'être moi, d'être un Je (non pas seulement un être, un être vivant, un humain)?

 

les préalables : 

 

question : ce "surgissement" est-il "fortuit"?

 

 

nota bene : phénomène du "déjà vu" / retrouver un souvenir enfoui tout au fond, profond, qui va s'élever vers l'esprit qui se souvient. cf. Proust, A la recherche du temps perdu, la saveur et la mémoire.

 

ennui : je m'ennuie (voix pronominale -> réflexivité : vocabulaire de la grammaire, relation entre le sujet  - de l'action - et lui-même) 

s'ennuyer c'est, positivement, faire face (...enfin !) à la question de ce que JE veux faire de MOI (personne d'autre n'en décidera à ma place) 

D'où l'insistance de la psychologie (cette science de l'âme = psyché... le mot "psychiste" désigne tout thérapeute soignant la psyché humaine : psycho-logue, psych -iatre, psychothérapeute, psch-analyse) à rappeler les vertus (pédagogiques) de l'ennui. 

jeu : cf. Donald Winnicott 

... différence entre "game" et "play" ... to play  = j'institue mes règles et je tente de les mettre EN COMMUN avec toi, JE crée du NOUS.







 

 

 

  mardi 10.09.24

 

cf. le film Danielle (2013) d'Anthony Cerniello 


6 minutes / 60 ans 

les métamorphoses insensibles


écrit pour le mardi 19 :

- emploi du pronom je par une voix synthétisée (ou, à l’écrit, par une “intelligence” artificielle), ne correspondant donc à aucune subjectivité

- “un portrait de soi avant”, (soi auparavant : il y 6 mois, 1 an, 5 ans (selon votre choix). 


lundi 9.09.24

 

ego / alter ego

ego = c'est un mot latin que la langue française traduit par "je", un radical (latin) à partir duquel la langue française forme les mots "égoïsme", "égocentrisme"... 

alter ego = cette expression désigne tout autre (que moi, que moi je, que "ego") qui ...dit "je", qui dit "moi" qui dit (s'il est un ou une romaine de l'antiquité latine) "ego".

"autrui" (le mot français "autrui" est formé sur le même radical latin, alter, sur lequel est formé le mot "autre"...  ) est un pronom indéfini par lequel est désigne l'ensemble des personnes, des individus, des sujets qui ne sont pas moi.

En un sens le mot "autrui" et l'expression "alter ego" ont le même sens. On peut cependant les distinguer en rapport avec les circonstances, la "configuration", dans lesquelles l'un et l'autre sont employées.

 

"autre", "altérité" (l'ipséité -> le latin ipse), "alternance", "alternative", "altruiste", "altérer", "altération", "altercation"

 

Puisque le mot "altérité" concerne tout ce qui est "autre", toute "altération", autrement dit tout "devenir autre" (= changer), remarquons qu'il y a de l'altérité au sein même de ( à l'intérieur de) toute personne, tout sujet ... ne serait-ce que parce que toute personne est dans le temps, tout individu vit dans le temps, tout sujet existe dans et à travers le temps.

 

Apparences physiques (les âges de la vie, puberté, maturité, vieillesse, ...) , mais surtout les pensées, les désirs, les convictions. 

cf. le film Danielle (2013) d'Anthony Cerniello 



  mardi 3.09.24


Le baccalauréat / sujets du 19 juin et du 20 juin 2024


---------- déroulé général du cours ----------



La recherche de soi


ego, alter ego

la subjectivité, l’altérité 

la partie et le tout


  Se situer : la partie et le tout, l’individu et la communauté

Feuerbach, extrait de L’essence du christianisme


  Deux questions inséparables : Qui suis-je? Que suis-je? 

Arendt, extrait de La condition de l’homme moderne



2) Expériences de la subjectivité

  Être reconnu.e, être nommé.e, être responsable par autrui, devant autrui

Sartre, extrait de Baudelaire
Kant, extrait de Anthropologie d’un point de vue pragmatique

  Autrui, menace pour mon intégrité ou garant de celle-ci
Benvéniste, extrait de Problèmes de linguistique générale

3) L’enfance

  Dépendance, allégeance, aliénation
Pline l’Ancien, extrait de Histoires naturelles
Rousseau, extrait de Discours sur l’origine et les fondements parmi les hommes
Le mot latin infantia

Conclusion

Dans Saint Genet, comédien et martyr, Sartre écrit : “Ce qui est important ce n’est pas ce qu’on a fait de nous mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu’on a fait de nous”