« Posséder
le Je dans sa représentation : ce pouvoir élève l’homme
infiniment au-dessus de tous les autres êtres vivants sur la terre.
Par là, il est une personne ; et grâce à l’unité de la
conscience dans tous les changements qui peuvent lui survenir, il est
une seule et même personne, c’est-à-dire un être entièrement
différent, par le rang et la dignité, de choses comme le sont les
animaux sans raison, dont on peut disposer à sa guise; et ceci,
même lorsqu’il ne peut pas dire Je, car il l’a dans sa pensée;
ainsi toutes les langues, lorsqu’elles parlent à la première
personne, doivent penser ce Je, même si elles ne l’expriment pas
par un mot particulier. Car cette faculté (de penser) est
l’entendement.
Il
faut remarquer que l’enfant qui sait déjà parler assez
correctement ne commence qu’assez tard (peut-être un an après) à
dire Je; avant, il parle de soi à la troisième personne (Charles
veut manger, marcher, etc.) ; et il semble que pour lui une lumière
vienne de se lever quand il commence à dire Je; à partir de ce
jour, il ne revient jamais à l’autre manière de parler.
Auparavant il ne faisait que se sentir; maintenant il se pense. »