C.-O. Verseau professeur de philosophie

HLP / Prise de notes en cours

le 15.05.24


Comment résister à la déshumanisation? 

ré-sister - > https://la-philosophie-au-programme.blogspot.com/2013/09/exister-resister-persister-subsister.html 


résister à la déshumanisation = ? dénoncer cette déshumanisation, et d'abord l'identifier, la nommer

 

l'idée principale, en tous cas la 1ère piste : l'humain = sa conscience. Donc résister à la déshumanisation  = d'abord prendre conscience de cette déshumanisation. Surtout si ce processus s'accomplit sous nos yeux sans que nous puissions le voir, soit parce que ce processus est lent et insensible, soit parce que le désordre (la violence) nous est tellement coutumier que le désordre est devenu notre ordinaire (cf. la notion Violence éducative ordinaire).

Résister à la déshumanisation ce serait donc, pour commencer, savoir la voir.

s'humaniser ou se ré-humaniser du seul fait de prendre conscience de sa déshumanisation

cf. Pascal  Pensées (17ème s.) : dialectique entre notre petite et notre grandeur. (l'homme est "un roseau  pensant") .

humanité : 1. notre essence 2. notre exigence

il n'y a qu' un être (l'être humain) qui puisse ne pas être ce qu'il doit être, qui puisse être le contraire (in-humain) de ce qu'il doit être (humain).

 

  





le 10.04.24


viol / viol-er / viol-ence / viol-ation

 

violer = porter atteinte à : 

1 loi, 1 règle

1 ordre, 1 tout

1 unité


unité

exemple n°1 : une oeuvre (d'art) mutilée = il ne lui manque pas seulement un morceau, c'est l'oeuvre globale qui est perdue, brisée, rompue = ce n'est pas la même oeuvre (le même tout, la même totalité, la même unité, la même forme) diminuée d'une de ses parties, c'est une autre forme.


exemple n°2 : la mise au monde de chacun.e d'entre nous. En effet, avant la mise au monde, il n'y a pas deux corps, l'un à l'intérieur de l'autre, il y a un corps global qui forme une entité à part entière (biologiquement mais aussi psychiquement) : la mise au monde correspond au moment où un devient deux, c'est-à-dire au moment où la mère doit admettre que le corps de l'enfant ne fait plus "corps" avec le sien. 

De même pour l'enfant, chez lequel ou laquelle le processus prendre plus de temps. 

Lacan, Ecrits (20ème) : se parere / separare

grandir (= s'engendrer soi-même, se faire naître, accéder à soi) suppose qu'on accepter la séparation


Unité vivante / machine cf. Kant, Critique de la faculté de juger (1791) : 

alimentation

guérison

reproduction



légalité / légitimité

exemples de "lois légales", c'est-à-dire définissant un cadre légal, un cadre de légalité, considérées comme illégitimes : 

loi condamnant l'avortement (L'interruption volontaire de grossesse (IVG) est autorisée en France depuis la loi du 17 janvier 1975, dite loi "Veil".)

 

loi condamnant l'homosexualité (dépénalisation en 1982) : Avant 1982, l'homosexualité était un crime.

 

loi condamnant l'union entre personnes du même sexe  / Le mariage entre personnes de même sexe en France, également qualifié de mariage homosexuel ou « mariage pour tous », est autorisé par la loi depuis le 17 mai 2013

 

 constitution autorisant l'esclavage

code pénal ne punissant pas la tabagie dans les lieux publics

 



 le 27.03.24


L'Humanité en question / Oedipe rencontre la sphinge (thème commun aux tableaux de Ingres et de Moreau, 19ème s.) : quel rapport? en quoi cette mise en scène picturale vient-elle éclairer le sens et la portée de ces trois mots "l'Humanité en question"?

L'humain, l'être énigmatique. 

 

le plus deinon parmi les deina (cf. Sophocle, Antigone)

l'humain pas moins monstrueux qu'un sphinx (cet être composé de trois êtres) : l'humain est seulement moins spectaculairement monstrueux (parce qu'il est trois êtres successivement, alors que le sphinx est trois êtres simultanément).


autre question : pourquoi avons-nous ...parlé "géologie" à propos de ces mêmes trois mots : "L'humanité en question"?

 

Que des humains soient les artisans d'un changement à l'échelle géologique (Anthropocène) donne toute sa gravité à questionnement de nous sur nous-mêmes, que sommes-nous donc essentiellement, nous qui mettons en danger notre propre existence ainsi que l'existence de tous les vivants autres que nous-mêmes? Essence / existence


autre question : que voyez-vous dans le tableau de Moreau; Oedipe et le Sphinx (1864)? 

contrairement au tableau peint cinquante ans plus tôt par Ingres (où le sphinx est montré dans toute sa dangerosité ... le pied d'un cadavre...), c'est Oedipe qui apparaît comme un être menaçant dans le tableau de Moreau (... le corps agonisant pointé par la lance d'Oedipe est la victime d'Oedipe lui-même : Laïos, son propre père).

 

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Création, continuités et ruptures

 

un exemple de "rupture", un exemple d'événement rompant la continuité (provoquant une "solution de continuité") :

cf. Heidegger, Introduction à la métaphysique (1935) "Certes, la question : « Pourquoi donc y a-t-il l’étant et non pas plutôt rien ? » soit posée ou non, cela n’affecte en rien l’étant lui-même. Les planètes n’en suivent pas moins leurs cours. L’élan vital ne s’en épanouit pas moins à travers le monde végétal et animal.

   Mais, si cette question vient à être posée, alors, dans ce questionner, s’il est réellement accompli, a lieu nécessairement un rejaillissement, à partir de ce qui est demandé et de ce qui est interrogé (gefragt und befragt), sur le questionner lui-même. Il en résulte que ce questionner n’est pas une quelconque démarche arbitraire, mais une occurrence remarquable, que nous appelons un événement (Geschehnis). »

 

 le 13.03.24


L'Humanité en question

  • Création, continuités et ruptures
  • Histoire et violence
  • L'humain et ses limites

 


"L'Humanité en question" :

 

S'agit-il de réfléchir sur les conditions d'habitabilité de la Terre pour les vivants humains au sens où les conditions de la vie humaine seraient désormais "en question"? Il en sera sans doute question puisque si la Terre, notre "maison" (cf. discours du président français, Jacques Chirac, au Sommet de la Terre de 2002 + discours de Greta Thunberg en 20...20?), menace de ne plus nous offrir, à nous vivants humains, un lieu où continuer d'habiter (= de vivre !), c'est à cause de ... nous-mêmes. Ainsi nos comportements, si destructeurs pour nous-mêmes et pour tous les autres, nous inviteraient à nous demander, nous qui sommes capables d'avoir de tels "comportements" : que sommes-donc? 

 

Les 2 interprétations sont donc liées : la préoccupation concernant nos conditions d'existence (de vie et de survie) nous conduit (puisque des humains sont responsables de la modification de leurs propres conditions de vie) à un questionnement sur notre essence, sur ce que nous sommes, ce que nous sommes profondément, ce que nous sommes au fond.

 

Sophocle -> traductions...

https://la-philosophie-au-programme.blogspot.com/2015/02/polla-ta-deina-lenigme-du-deinon.html











 



 le 21.02.24


étymologie de addiction http://projetbabel.org/mots/http://projetbabel.org/mots/index.php?p=dicter.php?



Emancipation

perte / dé-tachement / addiction / présence-absence-éloignement

apprendre à aimer, apprendre à aimer autrement et à être aimé.e

il y a une "éducation à l'amour", à la "relation amoureuse" cf. Maurice Merleau-Ponty, Signes

 

il s'agit de passer de l' "aimance" (néologisme créé par M-P), un amour qui demande tout toujours partout (qui demande une présence continuelle)... à un amour dit "adulte"


si une éducation au lien amoureux est nécessaire, il en va de même de la satisfaction de notre besoin de consolation,  notamment sur ce point précis et central : être consolé n'est pas être sauvé, consoler n'est pas sauver. 

Donc je m'émancipe à partir du moment où j'accepte de recevoir une consolation qui n'est pas un salut ("salut", "sauver", etc.)

définition de l'instinct (MP, S) : "Si le mot d’instinct veut dire quelque chose, c’est un dispositif intérieur à l’organisme, qui assure, avec un minimum d’exercice, certaines réponses adaptées à certaines situations caractéristiques de l’espèce."

 

Consolation, perte : l'expérience de la perte m'invite à prendre conscience de ce à quoi je tiens, à quoi je tenais (puisque je me sens "désolé", dans un état de "désolation", suite à cette perte) : bref, je prends conscience de qui je suis. RECHERCHE DE SOI


Métamorphoses du moi : comment je me vois maintenant, comme je me voyais, l'idée que je me faisais de moi-même.


Les expressions de la sensibilité : le récit, la plainte, bref la parole née de la peine, du chagrin. 

 

 le 14.02.24

 journée des tourtereaux et des tourterelles...

texte de Foessel, Le temps de consolation (2015) : 

le "concept" de consolation

con-cept(-ion) -> per-cept-ion

 

 le 07.02.24

 

a la consolation, la désolation, 

être "désolé", être "inconsolable"


l'enfant, l'infans, a-t-il, a-t-elle l'expérience du "besoin de consolation" (Stig Dagerman, Notre besoin de consolation est impossible à rassasier)?

les pleurs de l'enfant, son doudou

mais aussi ...

Si jeune soit-il, soit-elle, il arrive que l'enfant doive faire face, chez l'adulte (qui lui-même, elle-même, ne "se remet pas", ne s'est jamais remise, d'une perte vécue dans sa propre enfance), à un besoin de consolation non encore "rassasié" ( rassasier : apaiser une faim, la soulager, donner "assez" à manger -> "satiété", sensation d'avoir reçu "assez")

in-fans : qui ne parle pas, qui ne prend pas la parole, qui ne la tient pas, qui ne trouve pas les mots, les mots justes ...

 

fable, ineffable (Vladimir Jankélévitch, La mort, la distinction entre "indicible" et "ineffable" : l'indicible = ce dont il n'y a RIEN à dire, tandis que l'ineffable = ce dont il y a INFINIMENT à dire), fatal (fatalité)


Rencontre entre deux individualités, deux subjectivités, deux vies, deux histoires, ...

donc, en toute logique, l'acte de consoler et "l'acte" (?)  d'être consolé impliquent un sujet parle à un autre sujet.

Deux sujets mis à nu dans cette rencontre, par elle : le sentiment d'altérité (l'autre est irrémédiablement "autre"). Cette situation est par excellence une situation qui confronte ego et alter ego à leur mutuelle altérité.

cf. Benvéniste, Parler c'est parler à ... ch. dans Les Problèmes de linguistique générale.



 

 

 

le 24.01.24

 

C. Objectivité / subjectivité : parler de soi à autrui

 

les expressions de la sensibilité :

ex-primer : ex comme ex-térieur, le préfixe latin ex est la marque de la provenance, c'est-à-dire qu'il indique un mouvement du passé vers le futur ("mon ex" dans les rapports amoureux) ou, dans l'espace, du dedans vers le dehors.


primer : op-primer, ré-primer, dé-primer, supex-primer, com-primer, ...

dépression, op-pression, répression


"exprimer" c'est littéralement, physiquement, faire sortir le jus de l'agrume par ...compression

Comment transposer ce sens concret, physique, au domaine de nos sentiments et leur ... formulation?

 

expression, formulation, mise en forme... La verbalisation (verbum : le mot) n'est pas le seul mode d'expression.


La question est de savoir comment montrer au mieux au dehors ce qui est au dedans, comme le manifester le plus fidèlement, le plus sincèrement (sincerus : non coupé, non-divisé): cette question est la même du point de vue de mon alter ego quand celui-ci ou celle-ci me soupçonne de vouloir le tromper, d'être hypocrite.

 

D'où la question, qui est la conséquente de la question ci-dessus : à quelle expression, chez autrui, se fier s'il s'agit de prendre connaissance de ses (vrais) sentiments?  A ses expressions corporelles (visage : rouge de honte, pâleur de la peur, sourire, rire, larmes... / corps, silhouette : affaissement, allure, marche, etc.) ? ou aux expressions verbales (les mots)? Mais peut-on distinguer les deux (expressions corporelles / expressions verbales) : prononcer, énoncer des mots, n'est-ce pas simultanément les incarner (ton de la voix, posture du corps, expression du visage, etc. )?

 

 

 

 

 

 

qualités morales, voire intellectuelles du moi

 

le seul regard qui atteint le moi est le premier, car les deux suivants n'atteignent que ce qui est au moi (les qualités). Cependant le regard qui a accès au moi (chaque passant constituant "un moi", un moi qui n'a rien de différent d'un autre moi dès lors qu'on fait abstraction des "qualités") n'est pas capable d'aimer le moi en tant que tel, en tant que moi : sinon ce regard qui atteint tous les moi devrait aussi tous les aimer. or amour humain n'est pas amour divin.


"substance" chez Pascal / "fin fond de soi" chez Maalouf



se démarquer, se faire remarquer


à > ad : vers

 

13 décembre 16:00-18:00

   Pascal, Pensées, "Qu'est-ce que le moi?"

    Introduction pour une explication de texte :

    « Moi », « je » : y a-t-il des mots plus simples qu’on puisse vouloir définir ? 
Mais ce qui est simple est aussi élémentaire, fondamental, pro-fond, donc difficile d’accès : tout le reste ne repose-t-il pas dessus ? D’où le contraste entre l’apparente naïveté de la question posée par Pascal dans sa Pensée commençant par «Qu’est-ce que le moi ?» et la complexité de la réponse apportée. 
   Car la question reçoit une réponse, semble-t-il, seulement négative : le "moi" (l. 1,3,7,10), la «substance» (11), ce n’est pas les « qualités » du moi (8,10,12,13,15), comme si pour Pascal le plus important était avant tout de dénoncer l’illusion, commune à tous les moi, qui consiste à confondre d’une part « le moi » et, d’autre part, le « à moi », autrement dit confondre ce qu’est le moi avec ce qu’a le moi - et qu’il pourrait donc « perdre » (8). 
   Les étapes de cette Pensée, dont le thème principal est le sujet, se déduisent de la reformulation de la question qui a lieu dès la deuxième phrase du texte, « qu’est-ce que le moi ? » devenant : quel regard pourrait sinon s'en saisir, du moins s'approcher du moi? En effet, trois points de vue sur le moi se succèdent tout au long du texte : d’abord le survol indifférent par un observateur lui-même anonyme (de 2 à 4), puis le regard amoureux de « la beauté » physique du moi (de 4 à 6), enfin les égards pour la beauté intérieure du moi, ses «qualités» spirituelles, discernement ou « mémoire » (de 7 à 8). Là encore une surprise attend le lecteur car croyant se rapprocher du moi il se pourrait que, parcourant les différents degrés d’attention au moi, il s’en éloigne. 
   Toutefois, si labyrinthiques soient les voies empruntées par le questionnement, ce n'est jamais l'existence du moi qui est remise en question, seulement la légitimité de l'aimer à l'exclusion des autres moi - à supposer qu'un regard humain puisse l'atteindre dans sa nudité, dégagé de toutes ses qualités et qualifications (de 8 à 13). 
    Entre-temps, un autre thème est venu s’articuler au premier : autrui. Car telle est la complexité du dispositif d’introspection mis en place par Pascal : je peux me mettre à la place d’un autre, un autre que moi, un autre moi, à seule fin de me demander ce qu’autrui voit de moi et de m’interroger moi-même ce qu’est le moi, un moi. Ce qui revient à montrer qu'en tant que sujet observant, pensant, tout ego peut prendre la place d'un autre ego, d'un alter ego.
   Cette idée de circularité entre les moi, entre ego et alter ego, est d’ailleurs confirmée par ce qui dans la dernière phrase ressemble à une sorte de morale (de 14 à 15). Chaque moi est invité à voir au-dedans de lui-même ce qu’il semble si bien voir chez autrui, à savoir cette prétention à se faire aimer, respecter, apprécier non pas pour ce qu’il est substantiellement, mais seulement pour les qualités qu’il a. 
   Ainsi, trois thèmes sont désormais mis en rapport : le sujet, autrui et la conscience puisque pour pouvoir comprendre ce qu’est le moi, encore aura-t-il fallu reconnaître les illusions propres au moi, à tous les moi, en prendre conscience et s’en défaire, à commencer par l'illusion de l'unicité de chaque moi substantiel. 
 
    13 décembre 10:00

    "Être" soi, n'est-ce pas dire oui, dire non, décider, choisir, donner ou refuser son "consentement"? Ou, comme l'écrit, Descartes dans les Méditations Métaphysiques, "être soi" n'est-ce pas être "une chose qui pense, c’est-à-dire qui doute, qui affirme, qui nie, qui connaît peu de choses, qui en ignore beaucoup, qui aime, qui hait, qui veut, qui ne veut pas, qui imagine aussi, et qui sent"?

    Choisissez un ou des exemples dans les documentaires de Jimmy Léopold (La fabrique du consentement, 2017) et de Thomas Bornot (Le jeu de la mort, 2009) qui illustrent la difficulté d' "être soi" au sens indiqué ci-dessus.

6 décembre 10:00

    La référence (cours du 29.11) à l'expérience de Stanley Milgram (tout début des années 60) pose une question qui est au coeur à la fois du paradoxe de la recherche-de-soi-par-soi-avec-l'aide-d'autrui d'un côté et, de l'autre, du thème intitulé : "éducation-transmission-émancipation". 

    Dès les premiers instants de son existence, chacun, chacun est élevé.e par d'autres : dans ces conditions, qui définissent la condition humaine elle-même (l'indépassable enfance et l'exigence pour chacune, chacun, d'en "sortir" et d'accéder à "l'âge de raison"... cf. Rousseau sur l'enfance, le 2nd Discours, voir cours du 11 octobre),  comment devenir soi-même? comment accéder à une adhésion véritable, à un véritable "consentement"? Quel rôle peut ou plutôt doit jouer autrui pour que transmission ne signifie pas domination, pour que l'éducation ne soit pas une simple emprise (une entreprise aliénante), pour que la formation ne soit pas une soumission de soi à la volonté d'autrui? Comment penser la péda-gogie (littéralement : "conduire l'enfant") si toute éducation a pour vocation l'émancipation de l'éduqué.e? Comment l'autorité assumant la transmission peut-elle transmettre la critique de l'autorité elle-même - sans quoi elle échouerait dans une de ses missions, peut-être la plus fondamentale : la mission de permettre à l'éduqué.e de devenir soi-même.

    C'est en ce sens que l'expérience de Milgram est décisive : le symbole de la blouse de l'universitaire mobilise toutes les tentations de soumission à l'autorité, quoi qu'elle demande, quoi qu'elle commande.

    C'est par ailleurs un problème politique au coeur de la pratique démocratique du vote et du consentement citoyen. cf. le documentaire réalisé par Jimmy Leopold en 2017 et produit par ARTE-France et l'INA : La fabrique du consentement (dont le titre reprend celui d'une publication de Edward Bernays en 1969 : Engineering of Consent ).

 

aliéner, aliéné.e, aliénation : le mot anglais "alien" signifie "autre" et dans certains contextes "extra-terrestre", c'est-à-dire "autre qu'humain"... (E.T, Alien, MinB, etc.)


l'emploi familier en 2023 de "alien" reprend le préjugé le plus fréquent concernant l'association entre "autre" et "étrange, bizarre, chelou, ...", association de connotations aussi fréquentes qu'infondées, que discutables, qu'on retrouve déjà dans le passage, en anglais, de "stranger" à "strange" : pourquoi, en effet, l'étranger ou l'étrangère, serait-il, serait-elle "étrange".

 

 


29.11 10:00

Nous revenons aux IM (Les identités Meurtrières), particulièrement à notre réflexion sur le constat, les constats nombreux faits par Amin Maalouf, qui montrerait que la rencontre (rencontre avec l'autre, par définition) constitue une étape, une étape décisive, voire un événement (é-vènement > venir, ad-venir, sou-venir) à travers lequel je ne de-viens pas "moi-même" à proprement parler mais à travers lequel je fais une dé-couverte (dé-couvrir) : puisque je change grâce telle ou telle rencontre, je n'étais ce que je croyais être, être fondamentalement, dans un prétendu "fin fond de moi-même", avant cette rencontre. 

    Par ailleurs, avant de lire Maalouf et de composer vos copies, nous réfléchissions à la question de l'autorité : à quelle place dois-je mettre autrui dans ma recherche de moi-même? Certes autrui m'accompagne depuis ... depuis toujours, depuis mes premiers instants de vie (...l'humain et sa consubstantielle sociabilité...). 

    Comment faire pour que ce tissu de relations qui me constitue ne me conduise pas à cette impasse : que l'autre se substitue à moi-même (dans mes décisions ... et donc dans mes actions et comportements ... et donc dans ma propre existence)?

    Quelles expériences vivons-nous qui font déchoir une relation d' "accompagnement", de soin, d'écoute, d'aide, en un rapport de domination, de soumission? 


 22.11.23 16:00-18:00

Pourquoi ce qu'on appelle une "rencontre" provoque, par définition, un changement en soi-même, c'est-à-dire un changement d'un regard sur soi-même, donc de soi sur soi? 


Parce que le regard de qui je rencontre change mon propre regard sur moi-même. Alter ego voit ce que ego n'avait pas encore vu de lui-même, d'elle-même (surtout si ego ne se trouvait pas "aimable", digne d'être aimé.e). Donc c'est autrui voyant ce que je ne voyais me fait me voir, me voir autrement. cf. extrait 5 des IM

Il n'est pas avéré que "l'amour" rende "aveugle".


Comment expliquer des actes extrêmes, extrêmement violents, si ce n'est en pensant que cette violence est une réaction à ..., voire une défense, une protection par rapport à un danger.

danger : quelque chose de moi est en danger, quelque chose d'important, ma vie, mes valeurs. 


Quelle représentation me fais-je du danger, et donc de moi?

si je me vis comme un "corps de verre" (cf. Descartes, Méditations métaphysiques*), je m'éloignerai de tout ce qui pourrait me briser... voire je briserai tout ce qui pourrait me briser


* "Et comment est-ce que je pourrois nier que ces mains et ce corps soient à moi ? si ce n’est peut-être que je me compare à certains insensés, de qui le cerveau est tellement troublé et offusqué par les noires vapeurs de la bile, qu’ils assurent constamment qu’ils sont des rois, lorsqu’ils sont très pauvres ; qu’ils sont vêtus d’or et de pourpre, lorsqu’ils sont tout nus ; ou qui s’imaginent être des cruches ou avoir un corps de verre. Mais quoi ! ce sont des fous, et je ne serois pas moins extravagant si je me réglois sur leurs exemples."

 

 22.11.23

IM ce n'est pas un roman, mais un essai

académicien.ne = im-mortel.le 

=> le soi d'un.e académicien.ne perdure au-delà de sa mort... son oeuvre, essais, romans, la langue qu'il ou elle parlait...

d'ailleurs, les 1ers mots de Maalouf dans IM portent sur son rapport aux langues, arabe, français, anglais...

Pourquoi cette place, cette importance de la langue, de la verbalisation (latin verbum : "mot") dans la "recherche" et, si ce n'est pas la définition de soi, du moins la présentation de soi? N'est-ce pas du seul fait que pour être présent.e aux autres, pour se présenter à elles et à eux, il faut à un moment ou à un autre entrer dans les mots? Se présenter = dire à autrui qui on est.


15.11.23

actes que je peux ou non déléguer : 

- mettre au monde (la parturiente : femme en couche)

- nourrir : le nourrisson requiert autant une alimentation qu'un soin pour satisfaire ses be-soins

- mourir 

- dormir 

se chercher  soi-même, par soi-même  autrui est exlus, dans l'aide, dans l'accompagnement, le conseil, au cours de cette recherche, quête, démarche de soi vers soi par soi

-> cf. l'exemple donné par Sartre dans sa conférence prononcée en octobre 1945 et intitulée L'existentialisme est un humanisme : qu'est-ce que "demander", "prendre" conseil, "recevoir" des conseils?


8 novembre

"la recherche de soi" : cet intitulé suggère que pour chacune, chacun, d'entre nous "être soi" est l'issue d'une "recherche", c'est-à-dire d'une conquête. 

Autrement dit, on n'est pas déjà soi-même, on le devient. Et plus encore : je ne sais pas déjà qui je suis, je l'apprends, j'en prends conscience. Car, après tout, l'hypothèse pourrait être avancée qu'un sujet, une personne, un individu soit (être) qui il est, qui elle est, sans cependant savoir (connaître) qui il, qui elle est. La conquête concernerait donc les deux plans, les deux dimensions : celle de l'être (être qui on est) et celle de la connaissance (savoir qui on est, en prendre conscience, connaissance).

Par exemple, les êtres dits inanimés (non-vivants, non pensants : ce grain de poussière, ce caillou, ce nuage, par exemple) sont ce qu'ils sont et se comportent conformément à ce qu'ils sont sans pour autant savoir qu'ils sont, savoir comment ils doivent se comporter.

Exemple : l'eau (H2O) est "ce qu'elle est" et ne peut pas se comporter autrement que conformément à ce qu'elle. Elle ne peut ne pas se solidifier si la température est inférieure à 0 degré, elle ne peut pas ne pas se vaporiser si la température s'élève jusqu'à 100 degrés Celsius.

Cette remarque s'apliquerait d'ailleurs à des êtres vivants qui n'auraient pas la faculté d'avoir une représentation (idée, image, ...) d'eux-mêmes, qui ne doivent pas savoir ce qu'ils sont pour se comporter en accord avec leur essence. Ainsi une plante héliophile (contraire de "scyaphile") s'élève nécessairement vers la lumière (et la lumière la pousse à s'élever).

En comparaison l'existence semble chez les êtres vivants et pensants que sont les humains non pas seulement plus difficiles mais tout à fait différentes, complètement autres.


Cependant rien ne pourrait prouver aux yeux de quiconque qu'il ou elle n'est pas lui-même, elle-même. Pourquoi celui ou celle qui déclarerait : "je suis moi-même, je l'ai toujours été, le serai toujours, je n'ai pas à me chercher car, en un sens, je n'ai même pas eu à me trouver" serait-il, serait-elle dans l'illusion?

> sujet : Qu'appelle-t-on "être soi-même?" cette question laisse entendre qu'il serait possible de ne pas l'être, de ne pas être soi-même. Cette question ou du moins les injonctions sociales par lesquelles il arrive qu'on rabroue, réprimande quelqu'un ou quelqu'une, en lui reprochant de " ne pas être lui-même, elle-même" (exemple : "faire des manières"... ou certaines pratiques sociales censées lever certaines inhibitions psychologiques dans les relations avec autrui : l'alcoolisme dit "mondain", etc.).


Chez soi = le chez soi est le lieu où on est soi-même.

Chez soi le domicile (on se sent parfois "mieux" chez d'autres que chez soi, mieux chez des ami.es qu'à son propre domicile)

              ≠ le lieu (peu importe où je suis, ce qui compte c'est avec qui..., ce que je fais, par exemple l'équitation, le chant, la danse, un sport)

 

L'Inquiétante Étrangeté (Das Unheimliche en allemand) est le titre, souvent traduit ainsi (L'inquiétante étrangeté) en français, d'un essai de Sigmund Freud paru en 1919.  

heim = home = chez soi

to be home-sick: "le mal du pays"

Heimlich : "familier" ( étranger, étrange, peu habituel, unheimlich)

La première partie de l'ouvrage de Freud (1919) est entièrement consacrée aux différents emplois du mot "heimlich" tels qu'ils sont présentés dans un dictionnaire. Or Freud découvre un emploi de cet adjectif tout à fait étonnant et, cependant, logique. En effet, ce qui est "heimlich" est ce qui m'est certes familier mais, plus encore, ce qui est profondément en rapport avec moi, si profondément parfois que je n'en ai pas ou plus conscience (parce que je l'ai chassé de ma conscience, "refoulé"). Heimlich peut donc aussi signifier "profond, si profond en moi, comme enfoui en moi et donc inconnu de moi, secret en moi".

précision : die heimlichkeit est le substantif formé sur l'adjectif et peut donc est traduit par "le familier", l'habituel,


11/ 10 /23

Le substantif présent dans l'énoncé "La recherche de soi" masque le problème qui reste à poser : quel sujet sera le sujet du verbe "chercher", voire "rechercher". La forme verbale désigne une action, une démarche, un effort et surtout, avant tout, le désir d'accomplir cette démarche.Or, dès nos premiers instants de vie, pour chacune et chacun, ce sont toujours d'autres que moi qui pourvoient à mes besoins (l'humain est vraisemblablement l'espèce la plus sociale parmi les tous les vivants du fait de son dénuement originel : l'enfance humaine, rappelle Rousseau dans le Discours de l'origine de l'inégalité parmi les hommes(mi-18ème s.), est la plus longue que celle qui peut être observée parmi toutes les espèces de vivants). Cf DOI "un animal est, au bout de quelques mois, ce qu'il sera toute sa vie, et son espèce, au bout de mille ans, ce qu'elle était la première année de ces mille ans"... alors qu'un humain doit "sortir" de l'enfance et même décider, comme on dit,  de "ne plus faire l'enfant".


11.10 / 16:00-18:00

Dire qu'autrui...

'ressembler' et 'sembler' sont formés sur le même radical et POURTANT les emplois de l'un et l'autre mots font apparaître une nuance décisive : 

sembler être ce n'est pas être

alors que ressemble ce n'est toujours pas être, mais se rapprocher... 


or sembler, chercher une apparence semblable, c'est parfois, voire souvent, pour masquer une différence.

 

Oscar Wilde Le portrait de Dorian Gray

 4.10 

Arendt, The human condition

la "pluralité" et ses deux aspects 

les pronoms "je" et "nous" sont inséparables : "nous" est composé des "je" (des sujets qui chacun, chacun, parlent

sur l'égalité-distinction repose la possibilité de la parole et de l'action (leur sens)

 

 essentiellement tous les humains sont les mêmes, voilà ce qui explique qu'ils et elles puissent sinon se "comprendre", du moins s'adresser les uns, les unes aux autres dans l'espoir d'être compris.es.

 

sur le plan de l'identité, tous les humains sont "distincts", différents, les uns, les unes des autres. Chacun, chacun a "quelque chose à dire" que l'autre, les autres, ne diraient pas, ne pourraient dire. 


exemple : la joie se traduit par le sourire, voire le rire, parfois par un simple regard. Or chacun, chacune a le sien (rire, sourire, regard), qui est en rapport avec son histoire ("comment" riait-on à la maison, dans quelles circonstances, etc.).


C'est pourquoi Benvéniste distingue le véritable langage (spécifiquement humain selon lui) d'un simple "système de communication animale" (cf. Problèmes de linguistique générale, ch. "langage humain et communication animale" / Karl von Frish, Vies et moeurs des abeilles) : parler = je te parle = c'est à toi que je parle = c'est moi qui te parle, etc.

 Arendt, THC (The human condition, La condition de l'homme moderne) :

2ème paragraphe :

êtres inorganiques (atome de carbone, etc. ) : altérité

êtres vivants (les "organismes") : altérité + individualité

êtres vivants pensants (les humains) : altérité + individualité + unicité