C.-O. Verseau professeur agrégé de philosophie

Réflexions sur le PROGRAMME de PHILOSOPHIE

 LE PROGRAMME DE PHILOSOPHIE


La philosophie est-elle définie par son objet ? 

Pourquoi vouloir savoir


        1. Une simple liste


a. 17+5 mots 

17 mots présentés par ordre alphabétique, sans hiérarchie, sans une orientation particulière pour en structurer l'étude

17 thèmesl'art / le bonheur / la conscience / le devoir / l'Etat / l'inconscient / la justice / le langage / la liberté / la nature / la raison / la religion / la science / le temps / la technique / le travail / la vérité 

... et 3 "perspectives" (5 mots) : 

                                                            1. L’existence humaine et la culture 

                                                            2. La morale et la politique

                                                            3. La connaissance


b. Exemples de sujets à l'épreuve de philosophie au baccalauréat

voir les archives 


c. L'unité du programme

Les 3 dimensions de la condition humaine selon les philosophie antiques (le sotïcisme notamment) : Être / Agir / Connaître, reprises par les 3 questions de kant dans sa Logique.


        2. Qu’est-ce la philosophie ?


a. La philosophie serait-elle une "science humaine", voire l'anthropologie ?


Tous les mots composant le programme se rapportent, directement ou indirectement, à l'être humain comme si la philosophie se définissait comme la "science" (-logie > radical grec : logos) de l' "être humain" (anthropos).


b. La classification des sciences

Or toute science est définie par son objet. 

Sciences hypothético-déductives / Sciences expérimentales / Sciences humaines : cette répartition en 3 groupes de sciences repose sur le critère de l'objet étudié par telles ou telles sciences, plus précisément en rapport avec la question : où se situe l'objet par rapport aux sujets qui l'étudient? 


c. étymologie du mot « philo-sophia »

Dans le mot "philosophia", le radical grec "sophia" ne désigne pas l'objet d'une étude, mais d'un désir : il dit non pas quoi, mais pourquoi savoir. Nécessaire implication subjective de quiconque fait de la philosophie. C'est pourquoi, dans sa Critique de la raison pure (1781), Kant affirme qu' "on ne peut pas apprendre la philosophie, mais seulement à philosopher".


        3. Pourquoi vouloir savoir ?


a. Sapere signifie non pas "connaître", mais « goûter, avoir du goût »

...ce qu'on savoir-saveur-savoureux / insipide-sapide-sapidité


L’expression « avoir du goût » a au moins deux emplois possibles

objet : avoir une saveur

sujet : avoir la capacité d’apprécier une saveur

... et peut-être un 3ème : une personne qui a du goût n'est-elle pas elle-même appréciable, savoureuse, "goûteuse"? 


b. Goût / dé-goût

Quelle est la particularité propre à ce sens qu’on appelle « le goût » (à la différence des quatre autres, quatre au moins) cf. 3ème paragraphe de l’introduction sur : Pourquoi vouloir savoir ?

Pourquoi aujourd’hui nos savoirs sont-ils comme anesthésiés ?

Qu’est-ce qu’une vraie « curiosité » (cf. « cure » dans « curieux », c’est-à-dire l’idée de « soin »)?


c. Sapientia + homo sapiens

La question du « savoir » (sapere > sapiens) est inscrite dans la définition (zoologique) de ce que nous sommes, nous autres les « humains », les « Homo Sapiens ».


Par ailleurs, ce que nous désirons, nous qui "philosophons", nous le disons par un mot, "sagesse",  lui-même dérivé du mot « sapere ». D'ailleurs, au 16ème s., Montaigne écrit «sapience» pour «sagesse». 

On peut en déduire que la sagesse n’est pas en elle-même un savoir mais plutôt réflexions sur le savoir, un regard sur nos savoirs, sur le sens et la valeur de nos connaissances. 

La sagesse nous demande de savoir au moins ce que nous voulons faire de nos savoirs.