C.-O. Verseau professeur agrégé de philosophie

TL1 / Révision / cours du 5 juin / vérité et réalité

accord, rapport, mise en relation, adéquation, > la vérité est traditionnellement définie comme l'adéquation entre l'esprit et la chose, cf. « adaequatio rei et intellectus » Thomas d'Aquin, Somme théologique
nb : équation ne signifie-t-il pas cependant « égalité » ?
1°) un récit est qualifié de vrai quand ce qui est dit est en accord avec un événement réel
2°) une idée est qualifiée de vraie quand elle est en accord avec une chose réelle, telle qu'elle est en réalité, « dans » la « nature » non pas « dans » l'esprit.


« La peur des ennemis »...
Génitif objectif : c'est nous qui avons peur des ennemis
Génitif subjectif : c'est les ennemis qui ont peur de nous
« l'amour de dieu »
Génitif objectif : c'est dieu qui (nous) aime
Génitif subjectif : c'est nous qui aimons dieu
« Un amour de Swann » (cf. A la recherche du temps perdu, Proust)
Génitif objectif : c'est Swann qui aime Odette (= Odette de Crécy)
Génitif subjectif : c'est Odette qui aime Swann
« histoire de la nature » cf. Spinoza
Génitif objectif : c'est l'homme, le « philosophe » ou le physicien qui parle de la nature (phusis) et tout son effort consiste à rejoindre à travers ses mots la « nature » qui est en dehors de ses mots, à l'extérieur (d'ailleurs, la physique est une science « ex-per-imentale », comme la bio-logie ou la chimie)
Génitif subjectif : si le « de la nature » était un génitif « subjectif », cela voudrait dire que ce « complément de nom » indique le sujet qui accomplit l'acte de dire, de raconter, comme si la nature parlait d'elle-même (sur elle-même)

objet / sujet
qui fait le récit ? qui est le sujet qui accomplit l'acte de raconter ?
sur quoi le récit est-il fait, sur quel objet le récit porte-t-il ?
récit / événement
idée / chose
constat / accident
aveu / faute, délit
confidence / une action
témoignage / fait
reportage / situation
déclaration / sentiment
...
   Quel pb se pose dès lors qu'on fait comme si les choses pouvaient être elles-mêmes qualifiées de vraies ou de fausses ?

   la question de "l'intégrisme" : est in-"tègre" ce qui n'a pas été "touché", ce qui est pur, ce qui est purement soi-même, ce qui n'est mélangé à rien (d'autre) / pb : comment la divinité se manifestera-t-elle à des êtres qui ne sont pas divins, qui ne sont pas la divinité elle-même et qui n'ont avec elle rien de commun (créatures / créateur, fini / infini) ... tout en restant elle-même : comment rester soi-même tout en parlant la langue de l'autre, comment rester soi-même s'il faut être com-pris de l'autre, pris par, reçu par l'autre? Et comment être compris de l'autre sans se compromettre, sans avoir à se traduire (dans la langue de l'autre, dans la com-préhension de l'autre) et donc à se trahir ? Car quand c'est l'autre qui me comprend, ce n'est plus, dirait-on, "moi pris en moi-même" mais seulement moi pour l'autre, du point de vue de l'autre, moi non pas en moi-même mais du point de vue de l'autre? Dira-t-on... dirai-je si je crois que je peux savoir ce que je pense avant de l'exprimer, avant de le faire sortir hors de la pensée, en entrant dans le langage! La formulation langagière de la pensée ne peut être vécue comme une altération (trahison), voire une déchéance, que si on présuppose que la pensée peut exister avant même d'être mise en "forme", "exprimée", "dite".