C.-O. Verseau professeur agrégé de philosophie

Ce qui est inutile peut-il avoir une valeur ?

Introduction
  • on dit que : ce qui ne sert à rien ne vaut rien. D'ailleurs, le regard qu'on porte spontanément sur quelque chose revient le plus souvent à poser la question : « A quoi cela sert-il? » comme si cette question équivalait à la question : « Qu'est-ce que c'est ? »
  • et pourtant : quand on valorise une chose pour son utilité, on ne reconnaît pas encore une valeur à la chose en elle-même puisqu'on ne la considère que comme quelque chose qui doit rapporter autre chose, que comme un moyen qui permet d'atteindre un but distinct, extérieur. Différence entre valeur absolue et valeur relative. L'utilitaire n'a qu'une valeur relative. Inutile / utile > utilisation, usage : est inutile ce dont on ne peut faire usage, ce qu'on ne peut utiliser.
  • Problématique : nous montrerons donc que non seulement l'utile n'a pas de valeur en soi mais présuppose au contraire quelque chose qui aurait vraiment une valeur et au service de quoi l'utilitaire (l'outil, l'ustensile et l'instrument) peut être utilisé.
Développement
1. valeur relative / valeur absolue > au sens strict, l'utile n'a pas de valeur, n'a pas de valeur en soi mais seulement au-dehors de soi
2 objets et fonctions / les œuvres d'arts non fonctionnelles : les œuvres sont des objets qui ne sont ni consommés ni utilisés … cependant ces « objets » doivent avoir une grande valeur puisque de nombreux autres sont mis au service de leur conservation : un musée n'est pas seulement un édifice mais aussi un ensemble de dispositifs techniques utilisés pour préserver les « œuvres d'art ». Arendt, La crise de la culture « Parmi les choses qu'on ne rencontre dans la nature mais seulement dans le monde fabriqué par l'homme »... on distingue : o.u, o.e,p.c, p.a Arendt, CC
3 l'humain ne se contente pas de fabriquer des objets inutiles, il voudrait à travers de tels objets changer notre regard de telle façon qu'il porte un regard non-utilitaire même sur les objets qu'il n'a pas fabriqués et qu'il se mette à chercher la beauté (= valeur absolue) dans la nature elle-même. Bergson, Le rire.

Conclusion 
La question des valeurs est au cœur de toute culture, de toute civilisation et finalement aussi au cœur de notre rapport à « la nature » au sein de laquelle l'humain se met à chercher autre chose que des denrées consommables, autre chose que des matériaux de construction : un beau spectacle, un objet de contemplation esthétique.