L'art nous éloigne-t-il
de la réalité ?
peinture surréaliste ou,
au contraire, hyperréaliste ?
Si elle est surréaliste
alors l'oeuvre s'éloigne de la réalité en lui superposant une
autre réalité... en lui préférant une autre réalité
qu'elle place « au-dessus » de la première, de la
vraie réalité … telle est du moins l'interprétation qu'on
peut donner de la préposition « sur » dans
« surréalisme ».
Si la peinture de
Magritte devait être qualifiée de « hyperréaliste »,
cela voudrait dire au contraire que l'oeuvre se veut une copie on ne
peut plus fidèle de la réalité qu'elle représente, qu'elle
montre, fidèle au point qu'elle pourrait nous tromper, faire que
nous prenions la copie pour le modèle, le tableau pour la réalité.
Or le tableau intitulé
Les valeurs personnelles nous représente des objets familiers
d'une façon telle que nous les reconnaissons aussitôt (avec une
tendance illusionniste, tendance au « trompe-l'oeil » >
hyperréalisme). Cependant, la taille surdimensionnée des objets
nous indique aussitôt, également, que ces objets ne sont pas réels, qu'il
s'agirait donc d'une « sur-réalité ».
Comment donc concilier les deux? Comment, si ce n'est en pensant qu'une oeuvre ne cherche jamais à montrer "la réalité telle qu'elle est", mais telle que nous la voyons et, par conséquent, à montrer que nous pourrions la voir autrement que nous la voyons.
Comment donc concilier les deux? Comment, si ce n'est en pensant qu'une oeuvre ne cherche jamais à montrer "la réalité telle qu'elle est", mais telle que nous la voyons et, par conséquent, à montrer que nous pourrions la voir autrement que nous la voyons.
Voir n'est pas seulement
constater l'existence de quelque chose, mais c'est aussi, c'est
surtout attribuer un sens, une importance, donc une valeur. Voir
c'est hiérarchiser ce que nous voyons.
Dans Les valeurs
personnelles, Magritte montre la perception de quelqu'un (une
personne qui pourrait être moi...) qui considère que le plus
important dans sa vie (= son mode de vie) ce serait de « bien
présenter » (plus que d'être vraiment présent), d'être bien
rasé, bien peigné, d'avoir un lit où on dort et qui ne sert qu'à
cela, où on y fait des choses « présentables » ou,
sinon, qu'on doit oublier en refaisant le lit à la perfection, comme
si personne n'y avait dormi ou aimé, etc.