"Ainsi
le grec distingue ponein
et ergazesthai,
le latin laborare
et facere
ou fabricari
(même racine), l’anglais labor et
work,
l’allemand arbeiten
et werken.
Dans tous les cas, seuls les équivalents de « travail »
signifient sans équivoque peine et malheur. L’allemand Arbeit
ne s’appliquait d’abord qu’aux travaux des champs exécutés
par les serfs et non à l’œuvre de l’artisan, appelée Werk.
En français, travailler
qui a remplacé labourer
vient de tripalium,
sorte d’instrument de torture." [Note, p.124]
>
confusion, amalgame, réduction (réduire un élément à un autre),
rétrécissement de notre horizon de pensée, étroitesse
idéologique, champ de notre « vita activa » exigu.
Dis-cernement
+ cernere = « voir » cernere-certum >
« certitude »
la confusion entre les mots, une « erreur », est
révélatrice d'une errance, voire d'une aberration.
Les
mots sont des « signes » dit la linguistique cf.
Ferdinand de Saussure, Cours de linguistique générale (+
Mounin, CL + Emile Benvéniste, Problèmes de linguistique
générale ) >
« tree »
« baum » « arbor » « arbol »
« arbre » « chejra » > signifiant
le
« signifié » est ce vers quoi fait signe le signifiant
(signifier = faire signe vers, tourner l'attention vers)
le
« signifié » n'est pas cependant la chose, la res,
en tous cas une réalité extérieure au mot lui-même : le
« signifié » est une définition, un concept, une
essence, auxquels correspondent parfois, peut-être le plus souvent
ou … plus ou moins souvent, des ensembles de choses.
« mesa »
(esp.) ou « stol » (russe) ou « table » (fr.
ou ang) est un signifiant correspondant à l'énoncé :
« plateau porté par trois ou quatre pieds ». Et il se
trouve que les humains donnent une existence (en dehors du signifiant
et du signifié) à des objets, des réalités, qui ont une
fonctionnalité déduite de la description livrée dans le signifié.
Ainsi, le mot « mesa » en espagnol ne désigne pas
une table, mais un ensemble de tables dont le nombre est considérable
puisqu'il permet de rassembler toutes les tables existantes, ayant
existé, devant exister (à venir) ! L'objet désigné par le
mot, par le signe linguistique, n'est donc pas une chose, une seule
chose, mais une « classe » d'éléments. L'objet désigné
par le signe est le « référent ».
[signe
signe-r sign-ature sign-ifier sign-ification dé-sign-er as-signer]
Un
mot ni n'est une chose ni ne renvoie à une chose : d'ailleurs
dans le signifié de certains mots on trouve l'affirmation que « ça
n'existe pas » - sauf si par certaines manœuvres,
manipulations et autres endoctrinements on parvient à faire croire à
l'existence de la « chose » désignée par le mot. cf.
Sartre, Réflexions sur la question juive.