C.-O. Verseau professeur agrégé de philosophie

T STMG2 / cours du 21 mars

Les échanges

cf. Hume, Traité de la nature humaine (18ème)

« suppléer » : « pallier », remplacer une chose par une autre ou, comme c'est le cas dans le texte de Hume, sur un autre plan : ce qui manque à un homme à l'échelle de son propre corps, donc au-dedans de lui-même, chacun va le trouver sur un autre plan, à une autre échelle, dans la société, dans le grand corps que constitue la société et que, pour cette raison, on appelle le « corps social » dont chacun est « le membre ». On comprend par là tout de suite le rapport entre ce texte et le thème des échanges : un être humain est un être qui doit se mettre en relation (rapport, lien, échange) avec d'autres êtres que lui-même.
Nb : « soins palliatifs », littéralement qui viennent à la place d'autres soins, qui se substituent à ces autres soins, qui y suppléent … En effet, dans une « unité hospitalière de soins palliatifs » le personnel ne cherche plus à traiter la cause du mal, de la maladie, mais « seulement » les effets de la maladie, c'est-à-dire la souffrance physique (morphine) et morale (l'attention humaine pour atténuer la solitude, etc.).
Soin « palliatif » : différent de soin « thanatologique » (un thanatopracteur est une personne qui a été formée pour prodiguer de tels soins, des soins « thanatologiques »). Thanatos : « la mort » (en grec).

Dans cet extrait du Traité de la nature humaine, Hume reprend un portrait de l'homme qu'on trouve déjà dans toute la tradition antique grecque (Platon, Protagoras, Aristote, Les parties des animaux) et latine (Pline l'ancien, Histoire naturelle) : l'être humain est un être qui est essentiellement fragile, indigent, dans le plus extrême dénuement et qui doit acquérir afin d'avoir de quoi être, de quoi vivre. « Avoir » = habere (en latin) > habit, habitat, habitacle, habitude, habileté, habilitation.
La particularité du texte de Hume est de se servir de ce portrait, de cette description de l'homme pour expliquer que chaque corps doit devenir membre d'un corps qui l'englobe, d'un corps global, social : de même que dans son propre corps ses membres sont reliés entre eux, de même son corps sera relié aux autres corps au sein de la société.