Nombreux
sont les « objets » de nos peurs, de nos désirs, qui
semblent déterminer le nombre des peurs et désirs eux-mêmes. A
quelle expérience fondamentale renvoient tous nos désirs, toutes
nos craintes avec leurs objets .
La
réflexion de Sartre sur l'angoisse propose une piste. L'angoisse
n'est assurément pas un désir, mais elle n'est pas davantage une
peur parmi nos peurs. L'angoisse est dans le sujet un rapport à sa
propre liberté. En ce sens, l'angoisse est en jeu dans toutes nos
peurs et dans tous nos désirs puisque c'est ma liberté qui me rend
responsable non pas directement de « mes désirs » ou de
« mes peurs » mais du fait que je me mets en situation
d'être confronté à l'objet de ma peur ou de mon désir.
Même
nos peurs, nos désirs relèvent d'un « projet » au sens
sartrien, c'est-à-dire d'une définition que le sujet se donne de
lui-même : « dis-moi de quoi tu as peur ou ce
que tu désires, je te dirais
qui tu es »...à
travers l'objet, à
travers ce qui se présente à moi objectivement, j'ai un rapport à
moi-même en tant que sujet.
Segment
5 : le « délaissement » (pp. 5-8)
chaque
sujet est livré-laissé à lui-même au sens où ni au-dessus
(« ciel ») ni au-dehors
(un autre sujet, un supérieur, une « grande » personne)
ni au-dedans (un
« sentiment », le « torrent dévastateur d'une
« belle passion ») l'humain ne trouve de quoi fonder
objectivement la
légitimité de l'autorité au nom de laquelle il va agir.
« C'est
lui qui me l'a dit » = qui m'a dit de le faire : que
« lui » désigne un être transcendant (une divinité)
une autre personne (une figure paternelle, patriarcale), une
disposition physiologique ou psychologique (ma passion ou mon
« handicap »), c'est au fond
toujours le sujet (bien nommé ici : sub-jet) qui institue, qui
reconnaît, qui confère à l'autorité sa légitimité.
Aucun
fondement extérieur : « rien », « nihil »
ne peut se rencontrer au-dehors du sujet, de façon objective donc,
qui s'impose comme le socle de mes valeurs : pour « s'imposer »
encore faut-il que je le reconnaisse comme tel.
Seg