« Nature
humaine » et « déterminisme » du
comportement (p.6, l. 22) : si l'être humain était déterminé
dans son comportement par une prétendue nature, il n'aurait pas
besoin de savoir ce qu'il doit vouloir faire > la question des
valeurs, du fondement de ces valeurs ne se poserait donc même pas.
« Existence
d'un dieu » (p.6, l.23) et fondement transcendant des valeurs :
l'existence d'un dieu est une réponse possible (parmi d'autres...) à
la question de savoir sur quoi, sur quel socle, faire reposer nos
valeurs (ce qui fait justement qu'elles pourront valoir
quelque chose, qu'elles devront par conséquent être « suivies »).
La question de l'existence d'un dieu comme autorité justifiant des
commandements et, de façon générale, un « ordre » (au
double sens : régularité + commandement) ne peut donc se poser
que s'il n'y pas de « nature humaine ». Non seulement les
deux questions sont donc différentes mais surtout elles s'excluent
l'une l'autre (l'une ne se pose que parce que l'autre ne se pose
pas) !
L'exemple
du second fils :
un
premier fils mort au combat, demi-trahison du père, mère esseulée,
"agir" :
soit en partant : quitter le lieu familial, rejoindre le front au risque de ne
jamais concrètement y ar-river et finalement de ne jamais être
efficace (ef-ficace > produire des ef-fets > ne rien « faire »)
soit en restant : rester,
soutenir, aider sa mère à tenir au risque de ne pas aider tant
d'autres mères, femmes, enfants, familles, là-bas, au risque d'une
sorte ...d'égoïsme. p. 7 Le « sentiment », ce qu'on sent, ce qu'on ressent (l'amour pour sa mère »)
signe
traduisant (au-dehors) le sentiment intérieur et qui en réalité
fait être ce sentiment à nos propres yeux, qui donc lui
donne une réalité (par ce signe, ce sentiment devient donc
réel):
- obsession (Annie Ernaux, L'occupation)
- fascination (Stendhal, De l'amour)
- symptôme corporel
- déclaration (dire son amour pour enfin le livrer, le donner)
Le
sentiment n'est pas une donnée intérieure sur laquelle je pourrais
prendre appui (comme sur un socle) puisque ce sentiment doit prendre
forme au-dehors pour exister à mes propres yeux et surtout,
si c'est de l'amour, au yeux d'autrui (jouir seul de l'amour éprouvé
pour un autre est-ce encore aimer l'autre?). « Prendre forme »,
par exemple se formuler, se dire, se montrer, se déclarer.
Jankélévitch,
La mort cf. la distinction entre l'indicible et l'ineffable.
Il
y aurait des signes, des indices qui indiquent la voie, la place où
être, où se tenir... mais un signe n'est pas une donnée objective,
n'est pas un donné qui existerait en soi indépendamment d'un sujet
qui le perçoit, le reçoit et … l'interprète.
D'abord,
parce qu'un signe consiste en un rapport de signification : à
proprement parler, il n'y a donc pas « une »
chose, « un » élément mais … deux ! Et c'est le
sujet qui interprétant le signe fait surgir le second : c'est
le sujet qui pose, établit, institue la relation entre le signifiant
(= ce qui signifie, ce qui fait signe vers...) et le signifié (ce
qui est signifié, ce vers quoi renvoie le signifiant) ;
Ensuite,
même le « signifiant » suppose quelqu'un pour relever
son existence, pour le remarquer, pour le percevoir parmi toutes les
autres choses qu'il y a à percevoir. Perception = sé-lection =
lecture = prélèvement d'une chose perçue parmi tant d'autres.