C.-O. Verseau professeur agrégé de philosophie

T STMG2 / cours du mardi 18 février

 

Commentaire de l'oeuvre de Stiletto, Fauteuil consumer's rest (1983) 
 
Fauteuil consumer's rest : « rest » ? repos ? pose ? 
Pose ou seulement "pause" ? 
Qu'est-ce qui restera si tout se transforme en produit de consommation, tout et finalement le consommateur lui-même ? tout : tous les objets et avec eux, parmi eux, dans le même "caddie", le sujet lui-même (le consommateur)?

   Peut-il y avoir du repos dans la consommation, peut-il y avoir relâche, peut-on s'arrêter de consommer ? L'oeuvre dénonce l'illusion d'une frontière entre le repos et le travail (car la consommation est un travail), entre la dépense et la production, entre le dehors (les lieux de consommation) et le dedans (nos intérieurs où nous nous sentons « chez nous », où nous asseyons dans nos fauteuils).

   Or si la société de consommation peut effacer la frontière entre l'extérieur (la boutique) et l'intérieur (du chez soi) c'est parce qu'elle a commencé par effacer la frontière entre le stable et le recyclable, entre l'objet (d'usage) et le produit (de consommation), entre la véritable utilisation (qui préserve l'objet) et la simple consommation (qui consume, qui détruit le produit).

Ex : le stylo, le rasoir, l'appareil photographique, les lentilles optiques, les lunettes, les mouchoirs, le vêtement (qu'on ne peut laver), la brosse à dents...
Consommer = consumer (même mot) c'est-à-dire détruire : soit en assimilant à son propre corps la denrée alimentaire soit parce que cette denrée alimentaire s'autodétruit par péremption, par corruption.

Consommation = sommation = somme : faire l'addition, faire le tour de ce qu'est une chose, en parcourir tous les aspects jusqu'à extinction, jusqu'à épuisement de cette « chose ».