C.-O. Verseau professeur agrégé de philosophie

TL1 / Cours du 10 février / Sartre EH / p.4

Acte voulu non pas décidé à proprement parler car dérivé, déduit, d'un modèle à la fois premier (l'ordre du temps) et prim-ordial (la hiérarchie des valeurs). Or un modèle est censé définir un ordre, délimiter une régularité : il pose une valeur.
Ex : un acte de violence : non réfléchi, non prémédité, socialement réprouvé et même psychologiquement douloureux (y compris pour l'intéressé) > à quel modèle (positif) un tel acte peut-il correspondre ? À partir de quelle image valorisée et valorisante un tel acte peut-il être déduit, dérivé ?
  • faire l'intéressant, vouloir exister au yeux d'autrui : pas encore un modèle (puisqu'au fond c'est le principe de la subjectivité) mais permet de substituer au contenu objectif (donc seulement apparent) de l'acte un sujet, un quelqu'un, une personne.
  • À travers cet acte, la personne veut non seulement « exister » (être réelle) mais prendre forme = être quelqu'un (en plus d'être)
    > ainsi quand une personne semble accepter et comme vouloir les « mauvais traitements » reçus d'autrui, ce ne sont pas les coups et blessures qu'elle veut, mais la place qu'elle occupe face à son bourreau, le nom qu'il lui donne, le statut, voire la fonction. Le comportement qualifié de « masochiste » n'est pas le comportement d'un sujet qui voudrait le mal ou avoir mal, mais bien plutôt celui d'un sujet qui valorise l'existence et le sens de la relation qui l'attache à l'autre.
  • De même, si un sujet retourne la violence contre lui-même (par des rituels de mutilations, de scarifications) ce peut être parce que :
    il cherche à traduire corporellement une douleur psychique à laquelle il ne peut faire face et qu'il ne peut donc maîtriser
    il cherche à restaurer l'image de soi altérée par une faute imaginaire ou commise > si on fait l'hypothèse que cette violence est une punition et que, loin d'être une violation (d'un ordre, d'une règle), elle devient le moyen de rétablir l'ordre, la règle.