C.-O. Verseau professeur agrégé de philosophie

TMD / mercredi 8 décembre / La question : "pourquoi?"

Rappel des deux précédentes parties :
Le rationnel > l'universel / relativement à (1) l'objet connu et (2) au sujet connaissant
Pourquoi chercher l'universel ? Pour unifier, pour un-i-fier, faire de l'un, de l'unité, de l'union ? Pourquoi vouloir de l'un ? Pour comprendre (Camus, MS) pour prendre, pour permettre le geste (à la fois corporel et spirituel) de prendre (de s'éprendre), pour avoir un monde, un seul, donc un monde commun.

cf. Héraclite, Fragments



[l'unité, la com-munauté, non pas pour l'uniformité, le conformisme. C'est la communauté qui permet la diversité harmonieuse > métaphore de la sphère, du cercle, un seul centre – multiplicité des rayons]



espace physique (empirique > expérience) / espace géométrique (hypothético-déductif, mathématique, pensé)

pas d'orientation dans l'espace géométrique (d/g, front / oblique, devant / derrière, haut / bas), pas de tailles, grandeurs (entre deux points, une infinité + deux figures de taille apparemment différente ont cependant les mêmes propriétés)

Kant, Prolégomènes...à toute métaphysique future qui voudra se présenter comme science

l'ex. des gants, main g main d qui nous rappelle une différenciation physique, matérielle, empirique qui ne s'impose pas, par ailleurs, à l'espace mathématique



espace empirique / espace géométrique > matière, esprit

Descartes, Méditations métaphysiques :

l'opposition entre la substance pensante (res cogitans) et la substance étendue (res extensa) > peut-on dans les deux cas parler uniformément de « choses », de res (ré-publique, réel, réalité) qu'il s'agisse d'une chose pensée et d'une « chose » pensante, d'une substance connue et d'une substance connaissante ?

Une « chose » qui pense, qui pense d'autres choses qu'elle-même, qui pense un ordre qui permet d'unifier toutes ces choses, qui de surcroît se pense elle-même, n'est plus une « chose », du moins au sens où toutes les autres « choses » sont appelées de ce nom, par ce mot (« chose »). En effet, une « chose » capable de se représenter autre chose n'est pas enfermé en soi-même, dans les limites d'elle-même.

La pensée de l'homme va bien au-delà de lui-même (si loin … dans l'espace... jusqu'aux astres, dans le temps … jusqu'aux origines : sa pensée se porte sur des objets qui ne peuvent être perçus – parce qu'ils ne sont plus présents dans le temps par ex) : la pensée est ce qui jette chacun hors de lui-même. cf. Merleau-Ponty, Sens et non-sens (p27) :



obsession : session, siège, assiégé, occupation (militaire!), préoccupation





Annie Ernaux, L'occupation

L'obsession

  1. La question « Pourquoi ? »



Raison = faculté (facere, faire) qui permet d'accomplir un acte « raisonner » > chercher la « raison d'être » de quelque chose, le « fond » sur lequel repose quelque chose (« grund » en allemand), bref son « pourquoi ».

L'adverbe « pourquoi » et ses différentes acceptions :



  1. pourquoi = à cause de quoi > causalité (ex-cuser / ac-cuser)
  2. pourquoi = en vue de quoi, pour quoi > le but, l'objectif, la fin > finalité
  3. pourquoi = au nom de quoi, > la valeur > légitimité



raisonner =

  1. expliquer un effet par sa cause
  2. comprendre un moyen par l'objectif poursuivi
  3. justifier un acte par sa valeur



Ces trois acceptions montrent la singularité du rapport de l'humain au « réel » par le fait que l'humain est un être doté d'une raison : il ne se contente pas de constater ce qui est, de l'observer tel que c'est, il se demande pourquoi c'est, pourquoi c'est ainsi et non pas autrement. Et il se le demande de trois façons différentes.



L'humain est assoiffé de raison, de sens, de signification et il voudrait qu'un élément du réel renvoie à un autre, voire à la totalité de ce qui est.



Renvoyer à = signifier, faire signe

Signe : un élément qui envoie vers un autre élément plus loin (dans le temps ou dans l'espace) qu'il faut donc se re-présenter.



les linguistes distinguent quatre types de signes

indice / icône / signal / symbole

icône : image qui reproduit de façon mimétique un modèle

signal : un élément présent qui appelle une conduite à venir

symbole : un élément présent qui représente une valeur qui ne sera jamais présente en un seul moment et un seul endroit donné.



indice : trace, le vestige, la ruine, etc. l'humain aime à retrouver la trace d'un passage





« Le temps est le sens de la vie (sens : comme on dit le sens d'un cours d'eau, le sens d'une phrase, le sens d'une étoffe, le sens de l'odorat) ». Paul Claudel, Art poétique.





Musique humaine, terrestre, comme SIGNE d'une autre musique inaudible, céleste



EX-pression le dedans / le dehors

toute extériorité trahit en même temps qu'elle traduit

Créateur / créature

Esprit / la matière (le corps)

respirer



Vim Wenders, Les ailes du désir > les anges n'ont pas de corps, n'ont pas d'organes sensoriels