C.-O. Verseau professeur agrégé de philosophie

TL1 / mercredi 22 janvier / Morale et liberté / Kant (suite et fin)



Etapes

les étapes du texte se déduisent de la question posée (Comment savoir que je suis libre?) et du point de départ donné par Kant à son analyse : une situation où « quelqu'un » voudrait ne pas voir, ne pas savoir, qu'il est libre. Le parcours présenté par ce texte consistera donc, logiquement, à montrer à cet homme ce qu'il ne voulait pas voir. Problème : pourquoi faut-il deux étapes (séparées par « Mais » l. 6) ? Et pourquoi, à la fin de la première étape, qui coïncide avec le 1er exemple, l'homme n'a-t-il toujours pas dé-couvert sa liberté – alors qu'il finira par faire le contraire de ce qu'il « prétendait », lui qui par ailleurs et de façon générale, prétendait qu'il n'est pas libre (= qu'il lui est impossible de ne pas faire quelque chose, entrer dans cet maison où l'attend l'  « obscur objet » de son désir, cf. titre du film de Bunuel) ?

[Développement]
1ere partie : un exemple. Rq : ce texte théorique repose sur l'exposé de deux exemples. Un homme aux prises avec, sous l'emprise de, un désir charnel, une pulsion prétendument indomptable … négation de la liberté dont Kant va montrer qu'elle n'est qu'un déni.
Négation / dénégation, déni : le déni est une façon de faire entendre un « oui » à travers un « non ».

« quelqu'un » > de quel homme s'agit-il ? Ce pourrait être chacun d'entre nous. Car c'est le propre d'un être libre d'user de cette liberté pour, ô contradiction, se la dissimuler à lui-même.

Se voiler sa propre liberté … mais pourquoi ? Quel bénéfice ?
> 1 il ne faut pas confondre les libertés civiles (= droits) pour lesquelles les hommes ont choisi, historiquement, de lutter... avec la liberté (le libre-arbitre, la faculté d' « arbitrer », de trancher, de choisir, de décider)
2 bénéfice : déni de liberté = déni de responsabilité

« impossible » (l.2) = liberté > possible > la pluralité de possibilités
exercer son libre-arbitre c'est trancher une alternative formée par deux possibilités (attention aux expressions maladroites qui obscurcisse le concept même de possibilité ex : « il n'y a pas d'autre alternative », « il n'y a qu'un choix, il n'y a pas d'autre choix ») alternative (comme dans alter-natif, alter-nance) = soit l'un soit l' « autre » (« alter »).

prétendre qu'un comportement serait « impossible » = prétendre qu'il ne reste plus qu' « une » possibilité, qui n'est plus une « possibilité » mais devient une stricte nécessité :
ce qui ne peut pas ne pas avoir lieu
dire que A est impossible ne revient pas à dire que B serait « possible » (qu'il peut être) mais bien plutôt que B est nécessaire (qu'il ne peut pas ne pas être).
La nécessité est en effet la négation de la possibilité.

  • Pluralité, dualité entre deux possibilités > différence qualitative non pas seulement quantitative
Vie > pulsion charnelle (soi) : 1 seule valeur (le bonheur)
Vie-bonheur / bien moral (soi / autrui) : deux valeurs hétérogènes


  • « pouvoir » l.12 : « il juge qu'il peut quelque chose parce qu'il prend conscience qu'il le doit » = possibilité ou déjà « capacité » ?
  • loi : moyen de connaître ma liberté (ratio cognoscendi) non pas moyen d'être libre (ratio essendi)