"Tous
les noms européens du « travail », labor
en latin et en anglais, ponos
en grec, travail en
français, arbeit
en allemand, signifient fatigue, effort et servent aussi à désigner
les douleurs de l’enfantement. Etymologiquement labor
est de même racine que labare
(« trébucher sous un
fardeau ») ; ponos
et arbeit
évoquent la « pauvreté » (penia
en grec, armut
en allemand)." [Note, p.88]
"Ainsi
le grec distingue ponein
et ergazesthai,
le latin laborare
et facere
ou fabricari
(même racine), l’anglais labor et
work,
l’allemand arbeiten
et werken.
Dans tous les cas, seuls les équivalents de « travail »
signifient sans équivoque peine et malheur. L’allemand Arbeit
ne s’appliquait d’abord qu’aux travaux des champs exécutés
par les serfs et non à l’œuvre de l’artisan, appelée Werk.
En français, travailler
qui a remplacé labourer
vient de tripallium,
sorte d’instrument de torture." [Note, p.124]
Hannah
Arendt,
La condition de l’homme moderne (notes pp 88 et 124), 1961
La condition de l’homme moderne (notes pp 88 et 124), 1961
La phrase « Arbeit macht frei », "Le travail rend libre",
a été apposée à l'entrée de certains camps d'extermination, notamment ceux d'Auschwitz et de Dachau (photo ci-dessus).