« Vous êtes si jeune, si neuf devant les
choses, que je voudrais vous prier, autant que je
sais le faire, d’être patient en face de tout ce qui
n’est pas résolu dans votre cœur. Efforcez-vous
d’aimer vos questions elles-mêmes, chacune
comme une pièce qui vous serait fermée, comme
un livre écrit dans une langue étrangère. Ne
cherchez pas pour le moment des réponses qui ne
peuvent vous être apportées, parce que vous ne
sauriez pas les mettre en pratique, les « vivre ».
Et il s’agit précisément de tout vivre. Ne vivez
pour l’instant que vos questions. Peut-être,
simplement en les vivant, finirez-vous par entrer
insensiblement, un jour, dans les réponses. »
Rainer Maria Rilke, Lettres à un jeune poète,
trad. Bernard Grasset,
Lettre du 16 juillet 1903, p. 26.