C.-O. Verseau professeur agrégé de philosophie

TMD / Cours du vendredi 30 mai / Texte de Kojève

Kojève, ILH : "Le désir humain diffère donc du désir animal (...) par le fait qu’il porte non pas sur un objet réel, « positif », donné, mais sur un autre désir.
Différence entre Dh (désir humain) et Da (désir animal), le désir chez l'humain et le désir « chez » l'animal
> c'est le même mot qui est employé : « désir » … ce qui est une façon de montrer que l'essentiel n'est pas dans la dénomination (contrairement à ce que l'on sous-entend souvent quand on prétend avoir suffisamment distingué le désir humain de la pulsion animale en réservant le mot « désir » pour l'humain et en employant « besoin » pour l'animal)
> la différence concerne l'objet du désir mais pour autant l'auteur ne se contente pas de suggérer que l'objet du désir humain serait plus... davantage … que l'objet du désir animal … en disant par exemple que les objets seraient plus nombreux chez l'un que l'autre (l'opposition entre le superflu et le nécessaire), en invitant à être sage = modéré = éviter l'excès (qui a un sens quantitatif)
au contraire, comprendre l'objet du désir chez l'humain, comprendre ce que l'humain désire au fond (ce que = quoi = Complément d'Objet Direct) suppose qu'on n'aille pas chercher un objet plus profond qu'un autre, un objet moins visible (moins devant qu'un autre) mais autre chose qu'un « objet ». Car si l'objet de notre désir est un autre désir, ce n'est donc pas quelque chose que nous désirons, ni même quelqu'un, mais un acte, l'acte de désirer. Et, de fait, un acte (= « désirer » » donc) n'est pas posé ici ou là (« positif »), exposé, livré ou « donné » à mon ob-servation de telle façon que je puisse faire le tour de ses propriétés ob-jectives (ob : « devant »).
Un objet se dérobe à mon observation du fait qu'il ne se montre que partiellement (1,2 ou 3 face ou facettes au plus …). Mais un acte se dérobe à mon observation pour une tout autre raison : le sujet (qui l'accomplit, en l'occurrence celui qui regarde, qui a ce regard, est le seul gardien, le seul dépositaire, de son sens : lui seul sait ce que son regard « veut dire ».

Yeux : losange, rouge, globuleux, ex ou in-orbités, divergent, convergent, opaque, vitreux, gonflés, cernés… propriétés physiques mesurables
regard : langoureux, libidineux (libido, libet), lubrique, féroce,
Enoncer les qualités d'un regard ne revient pas à énoncer celles des yeux, non pas parce qu'il s'agit d'autre chose, mais parce que les qualités d'un regard sont les qualités du regard en tant qu'il signifie, qu'il veut dire, qu'il envoie vers (renvoie à) autre chose que lui-même. Un regard veut dire intentionnellement ou malgré lui (dans ce cas il trahit une pensée, un sentiment, une émotion, une disposition de « l'âme », un état d'âme).