Kojève, ILH : "Le
désir humain diffère donc du désir animal (...) par le fait qu’il porte non pas sur un objet réel, « positif »,
donné, mais sur un autre désir.
Différence entre Dh (désir humain) et Da (désir
animal), le désir chez l'humain et le désir « chez »
l'animal
> c'est le même mot qui est employé :
« désir » … ce qui est une façon de montrer que
l'essentiel n'est pas dans la dénomination (contrairement à ce que
l'on sous-entend souvent quand on prétend avoir suffisamment
distingué le désir humain de la pulsion animale en réservant le
mot « désir » pour l'humain et en employant « besoin »
pour l'animal)
> la différence concerne l'objet du désir mais pour
autant l'auteur ne se contente pas de suggérer que l'objet du désir
humain serait plus... davantage … que l'objet du désir animal …
en disant par exemple que les objets seraient plus nombreux chez l'un
que l'autre (l'opposition entre le superflu et le nécessaire), en
invitant à être sage = modéré = éviter l'excès (qui a un sens
quantitatif)
au contraire, comprendre l'objet du désir chez
l'humain, comprendre ce que l'humain désire au fond (ce que = quoi =
Complément d'Objet Direct) suppose qu'on n'aille pas chercher un
objet plus profond qu'un autre, un objet moins visible (moins devant
qu'un autre) mais autre chose qu'un « objet ». Car si
l'objet de notre désir est un autre désir, ce n'est donc pas
quelque chose que nous désirons, ni même quelqu'un, mais un acte,
l'acte de désirer. Et, de fait, un acte (= « désirer » »
donc) n'est pas posé ici ou là (« positif »), exposé,
livré ou « donné » à mon ob-servation de telle façon
que je puisse faire le tour de ses propriétés ob-jectives (ob :
« devant »).
Un objet se dérobe à mon observation du fait qu'il ne
se montre que partiellement (1,2 ou 3 face ou facettes au plus …).
Mais un acte se dérobe à mon observation pour une tout autre
raison : le sujet (qui l'accomplit, en l'occurrence celui qui
regarde, qui a ce regard, est le seul gardien, le seul dépositaire,
de son sens : lui seul sait ce que son regard « veut
dire ».
Yeux : losange, rouge, globuleux, ex ou in-orbités,
divergent, convergent, opaque, vitreux, gonflés, cernés…
propriétés physiques mesurables
regard : langoureux, libidineux (libido, libet),
lubrique, féroce,
Enoncer les qualités d'un regard ne revient pas à
énoncer celles des yeux, non pas parce qu'il s'agit d'autre chose,
mais parce que les qualités d'un regard sont les qualités du
regard en tant qu'il signifie, qu'il veut dire, qu'il envoie vers
(renvoie à) autre chose que lui-même. Un regard veut dire
intentionnellement ou malgré lui (dans ce cas il trahit une pensée,
un sentiment, une émotion, une disposition de « l'âme »,
un état d'âme).