Segment
7 le dé-s-espoir
dé-laissement,
dé-s-espoir, … dans ce contexte, le second mot n'est pas plus
négatif, pas plus péjoratif, que le premier.
Au
sens où Sartre l'emploie, le mot ne désigne pas un état, l'état
qui suivrait une perte d'espoir, qui consisterait à être
dé-couragé, dé-s-espéré, donc profondément affligé et inhibé
dans mon action.
Au
contraire, tout le contexte montre que le dé-s-espoir est une
conviction qui invite particulièrement, puissamment à agir, et
d'abord à vouloir (vouloir soi, sans se reposer sur l'illusion que
d'autres voudront nécessairement ce que je n'arriverais pas, moi, à
vouloir).
« dé-s-espoir »
ne désigne pas un état mais, positivement, une conviction : la
pensée qu'il n'y a pas une force transcendante (là-haut, donc
« divine », non humaine ou en-bas, « terrestre »,
oeuvrant à travers l'histoire de l'humanité en faveur d'un
« progrès » de l'humanité) qui ferait nécessairement
advenir telle ou telle étape du processus comme si le processus
global était déjà inscrit, comme prescrit.
« dé-s-espoir »
= renoncer à l'illusion d'un cours de l'histoire déterminé, qu'il
soit négatif (dé-cadence) ou positif (pro-grès)