C.-O. Verseau professeur agrégé de philosophie

TL1 / jeudi 20 février / Sartre / le dé-s-espoir

Segment 7 le dé-s-espoir

dé-laissement, dé-s-espoir, … dans ce contexte, le second mot n'est pas plus négatif, pas plus péjoratif, que le premier.
Au sens où Sartre l'emploie, le mot ne désigne pas un état, l'état qui suivrait une perte d'espoir, qui consisterait à être dé-couragé, dé-s-espéré, donc profondément affligé et inhibé dans mon action.
Au contraire, tout le contexte montre que le dé-s-espoir est une conviction qui invite particulièrement, puissamment à agir, et d'abord à vouloir (vouloir soi, sans se reposer sur l'illusion que d'autres voudront nécessairement ce que je n'arriverais pas, moi, à vouloir).

« dé-s-espoir » ne désigne pas un état mais, positivement, une conviction : la pensée qu'il n'y a pas une force transcendante (là-haut, donc « divine », non humaine ou en-bas, « terrestre », oeuvrant à travers l'histoire de l'humanité en faveur d'un « progrès » de l'humanité) qui ferait nécessairement advenir telle ou telle étape du processus comme si le processus global était déjà inscrit, comme prescrit.
« dé-s-espoir » = renoncer à l'illusion d'un cours de l'histoire déterminé, qu'il soit négatif (dé-cadence) ou positif (pro-grès)