C.-O. Verseau professeur agrégé de philosophie

L'étymologie du mot "stèle"

   "Une stèle est un monument monolithe dressé, généralement plat et porteur d'inscriptions, symboles, gravures ou sculptures, de nature commémorative, funéraire, religieuse ou géographique".
   Le mot "stèle" est formé à partir d'un radical, -ste- ou -siste-, commun au grec et au latin, qui donnent lieu à de nombreux dérivés en français ("exister" par exemple): voir les nombreuses nuances associées à ce radical.
  Une stèle est donc doublement "monumentale" (monere signifie "avertir, signaler"). D'un côté, se présentant comme un exploit technique (faire tenir une pierre à la verticale ou en suspension, la déplacer, la dresser, la surélever), l'objet se signale comme l'effet d'une volonté humaine (effort et volonté, autrement dit tension et intention humaines). Voir Art, matière et esprit : dignité de la pierre.
   D'un autre côté, elle est un élément matériel qui fait signe vers un autre élément présent dans un autre lieu et dans un autre temps :  telle est la signification du monument. Voir le Champ de stèles de P. Eisenman à Berlin.
   La stèle est un ouvrage qui, tout en supposant une scénarisation de l'espace (mise en scène, configuration), revêt une signification essentiellement temporelle. Car même quand elle a le sens d'une délimitation géographique (frontière), elle commémore le moment où la délimitation eut lieu.