C.-O. Verseau professeur agrégé de philosophie

TL1 / Sartre / mercredi 8 janvier / projet et volonté / subjectivisme

Sartre, EH, 3, l.41 : différence entre « projet » et « volition » (l'acte de vouloir) : « L'homme sera d'abord ce qu'il aura projeté d'être. Non pas ce qu'il voudra être ».

sujet / objet / projet

l'ex de Rosa Parks permet d'illustrer d'une part la différence entre « volition » et « projet », d'autre part et surtout la priorité (primauté) du projet sur le vouloir, la « volition ». Un acte accompli hic et nunc, en un lieu donné (un bus dans l'Alabama) et à un moment donné (un certain jour de décembre de l'année 1955), se prépare de longue date, se préfigurait, se dessinait, se définissait-déterminait avant, bien avant. Ce qui ne revient pas à nier la liberté humaine mais, tout au contraire, ce qui revient à lui donner une place encore plus
fond-amentale, plus originaire.

> d'autres exemples :


analyse de la différence entre « projet » et « volition » :

Pour un humain son « projet d'être » joue le rôle de ce qu'est l'essence d'un être qui serait défini par une nature ou un dieu, qui donc serait prédéfini.
Pour un être défini par, prédéfini par, une autre instance que lui-même, son essence, sa définition rassemble des propriétés, des caractéristiques qui déterminent strictement son comportement quelles que soient les situations : un tel être n'a pas besoin de se demander ce qu'il voudrait faire, ce qu'il se doit de faire étant donné l'idée qu'il se fait de lui-même.
Justement il ne se fait aucune idée de lui-même, encore moins un idéal de lui-même, et n'a donc pas à chercher à mettre en conformité son comportement avec cette représentation (image, idée, idéal).
Dans le cas d'un être qui ne serait pas prédéfini (par une essence que lui aurait donnée la nature ou un dieu), le modèle de conduite qu'il se donne a la même fonction qu'un ensemble de propriétés, de caractéristiques déterminant sa conduite, qu'il n'a donc plus à « choisir ». Pour autant, un tel être reste libre, libre non plus certes de ce qu'il voudra faire hic et nunc, mais du modèle qu'il s'est (librement) donné et qui prépare, préfigure tous les actes qui y sont associés.

« L'existentialisme » est un « subjectivisme » >
  • « choix du sujet individuel par lui-même »
  • impossibilité pour l'homme de dépasser la subjectivité humaine


D'abord, remarquons l'un n'exclut pas l'autre, mais que la 2nde interprétation englobe la 1ère, que la 1ère repose sur la 2nde.
cf. rien n'est inscrit « dans le ciel intelligible » (p3 l.40, p6 l.13 …)

Il n'est pas possible de dépasser la « subjectivité humaine » au sens où, puisque c'est un modèle qui conduit mes actions, encore faut-il que je me représente ce modèle, que je le pense, que je lui donne une importance, une valeur, bref que j'y croie, que j'y adhère, que je donne mon adhésion ou ma fides, ma confiance ou ma foi, que j'y sois fidèle.
 
Alors que si le comportement d'un être est déterminé par sa propre nature, il n'a pas besoin de penser cette nature pour que les propriétés associés à cette nature déterminent son comportement.