C.-O. Verseau professeur agrégé de philosophie

STMG2 / Cours du 21 janvier / correction interrogation / Capacité - liberté

Pouvoir : Liberté / capacité / légitimité
ce n'est pas ma capacité qui fait ma liberté, mais c'est ma liberté (ma non-détermination) qui fera ma capacité = qui me permet de chercher à acquérir la capacité.

Souvent, notre mauvaise foi nous pousse à prétendre que nous ne sommes pas libres d'agir parce que nous n'en aurions pas les moyens, la capacité (qu'il s'agisse d'une aptitude technique, psychologique, économique, …).

Nous prenons prétexte tantôt de notre caractère (psychologique) , de notre constitution anatomique ("ne pas être assez fort"), tantôt des contraintes extérieures qui nous détermineraient à faire ce que nous faisons comme si nous ne pouvions pas faire autre chose, autrement, comme si l'action qui se présente à nous s'imposait au lieu de se proposer (im-poser / pro-poser).

Or, comme le montre l'expérience de Stanley Milgram (un sociologue américain dans les années 50 et 60) il est important de se rappeler que ce n'est pas ma capacité qui fait ma liberté, mais à l'inverse c'est ma liberté qui me donnera l'idée du moyen (technique, psychologique, etc.) permettant de réaliser l'action possible qui s'est proposée à moi.

Tant que je me fais croire (en le faisant croire à d'autres) que « c'est plus fort que moi », que je ne peux pas faire autrement (à cause d'une contrainte intérieure ou extérieure), je fais en sorte de ne pas avoir à me représenter une autre possibilité et la seule possibilité qui me reste se transforme en une stricte nécessité.
Je n'ai même plus l'occasion de chercher le moyen (technique, psychologique) de choisir l'autre possibilité.

Tel est le sens des situations morales : c'est seulement en prenant conscience que je devrais (moralement) me conduire autrement que je prends conscience que je le pourrais : et ainsi je cherche le moyen, la force ou la technique, me permettant de réaliser cette action - même si au départ je pensais que je n'en avais pas les moyens!

Christophe Nick, Le jeu de la mort