Sartre
EH – 3
« dignité » :
« plus grande dignité que la pierre ou que la table »
rq :
deux exemples hétérogènes car l'un est un artefact (fait par l'art
humain, non pas engendré par la nature) l'autre un être naturel, un
corps physique (« physis » en grec = « nature »
en français)
comment
une chose pourrait-elle avoir une « dignité » ? La
dignité = correspondance entre la réalité et la norme contenue
dans une définition, elle-même énoncée à travers des mots,
souvent un simple nom. D'où l'expression : « digne de ce
nom » (car le nom correspond lui-même à l'idée que je me
fais de quelque chose, voire à la simple image de cette chose)
Or
les choses ne se font pas une idée d'elles-mêmes et donc ne peuvent
s'inquiéter de la possibilité de s'éloigner d'elles-mêmes = que
leur réalité ne corresponde pas à leur définition normative (ce
qu'elles devaient être).
Ce
n'est donc que par l'homme que les choses peuvent acquérir une
dignité (qu'elles n'ont pas en elles-mêmes, par elles-mêmes,
intrinsèquement).
On
comprend que l'homme puisse normer les objets qu'ils fabriquent
(voici une « table » ou un « coupe-papier »
digne de son nom, dignes ...de leurs noms). Mais face aux choses
naturelles, c'est le contraire qui devrait se produire : c'est à
l'homme de décrire les choses (naturelles) telles qu'elles sont, non
pas telles que l'homme voudrait qu'elles soient. Comment donc les
choses naturelles pourraient-elles, même par l'homme, « avoir
une dignité » ?
L'humain
est un être qui a un rapport à l'être, qui le valorise pour ce
qu'il est (essence) mais déjà pour le fait qu'il est (sa
réalité, son existence). L'humain est un être, ou plutôt un étant
qui se demande déjà, d'abord, « Pourquoi donc y a-t-il de
l'étant et non pas plutôt rien ? », non pas seulement
« Pourquoi donc l'étant est-il ainsi et non pas autrement? »
TITRE,
intitulé, à quel titre = au nom de quoi > statut, institution