C.-O. Verseau professeur agrégé de philosophie

Sartre / Repères biographiques

Les repères biographiques concernant l'auteur de L'existentialisme est un humanisme peuvent être lus à la lumière de deux questions centrales dans cette conférence, l'une autour de la notion de "projet", l'autre autour la notion de "modèle" :
  • puisque "l'homme est d'abord un projet qui se vit subjectivement" (EN p3 l.38), de quel(s) projet(s) la trajectoire de Jean-Paul Sartre est-elle l'actualisation? Pour reprendre les termes dans lesquels Sartre introduisait l'étude biographique consacrée à Jean Genet : qu'a-t-il "fait", lui, de ce qu'on avait "fait de lui"? 
                "Le plus important, ce n'est pas ce qu'on a fait de nous 
                mais ce que nous faisons de ce qu'on a fait de nous."
                                         Saint Genet comédien et martyr (1952 
  • puisqu'un des reproches adressés tant par "les communistes" que par "les chrétiens" revient à dire que la solitude inhérente à l'exercice de la liberté enferme le sujet en lui-même et prive celui-ci du lien de "solidarité"  (ce que résume le mot "solipsisme" auquel les contradicteurs de Sartre voudrait réduire le  "subjectivisme" p4 l.5 défendu par Sartre), comment expliquer, dans ce cas, la notoriété de Sartre (comme en témoignent, par exemple, les images de ses obsèques) ? comment expliquer que son oeuvre et sa personnalité aient pu, pour des générations, constituer un "modèle" et faire de Sartre, aux yeux de très nombreu.ses intellectuel.les, une figure tutélaire? 
                "Tout se passe comme si, pour tout homme, 
            toute l'humanité avait les yeux fixés sur ce qu'il fait 
            et se réglait sur ce qu'il fait. Et chaque homme doit se dire : 
            suis-je bien celui qui a le droit d'agir de telle sorte 
            que l'humanité se règle sur mes actes ?" EH p5 l.20

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Enfance
Né en 1905 : la fin de l'enfance coïncide donc avec le début de la première guerre mondiale

il n'a pas pu connaître son père, qui meurt avant ses deux ans > son grand-père maternel, Charles Schweitzer, assume la figure du père et  même, jusqu'à ses 10 ans, le rôle de précepteur (Sartre n'ira "à l'école" qu'à l'âge de 10-11 ans) / lieux de vie : Paris, Larochelle (âgé de 12 ans) puis à nouveau Paris (âgé de 15 ans)

Les années de formation
1921-1929 : études secondaires au lycée Henri-IV, amitié avec Paul Nizan / préparation au concours de l'Ecole Normale Supérieure (au Lycée Louis-Le-Grand) / Préparation à l'agrégation de philosophie / rencontre Simone de Beauvoir, Raymond Aron, Maurice Merleau-Ponty

1929 : agrégation de philosophie

Premières années d'enseignement au Havre au début des années 1930
Berlin 1933-34, retour au Havre puis Paris

premier succès d'auteur avec La Nausée 1938 et Le Mur (1939)

La guerre
1939 soldat (météorologiste à Nancy), il est fait prisonnier le 21 Juin 1940 (...le jour de son 35ème anniversaire) jusqu’en mars 1941 détenu dans un camp en Allemagne – vie collective, solidarité avec les co-détenus
retour à Paris constitution du groupe « Socialisme et liberté »

1943 : L’Être et le Néant,  Les Mouches 1943,  Huis clos 1944

La fin de la Guerre et la Libération
reporter dans Combat et décrit la libération de Paris.

Envoyé en janvier 1945 aux États-Unis en tant que journaliste, accueilli comme un héros de la Résistance.

1945 Fondateur de la revue Les Temps Modernes

1945 Conférence du 29 octobre (dans une salle près Champs Elysées) : "L'existentialisme est un humanisme" (le texte de sa conférence fut édité par la suite aux éditions Nagel sans l'accord de Sartre).

Communisme / les démocraties populaires
1956 : jamais membre du PCF mais fidélité aux idées du PCF de 1952 à 1956, jusqu'à la répression militaire de l'insurrection de Budapest : après avoir signé une pétition d'intellectuels de gauche et de communistes contestataires, il donne le 9 novembre une longue interview au journal l'Express, pour se démarquer de manière radicale du parti.

1968 : condamne fermement l'intervention soviétique contre le printemps de Prague en Tchécoslovaquie.

1977 : lors de la venue de Brejnev à Paris en 1977, Sartre organise au même moment, avec Michel Foucault, Gilles Deleuze, André Glucksmann, Simone Signoret et Simone de Beauvoir, une rencontre avec des dissidents soviétiques (105 radios et télévisions venues du monde entier, soit plus qu'à l'Élysée pour Brejnev).

Indochine-Vietnam
Affaire Henri Martin (1950) - Temps Modernes octobre 1953) + fondation du « Tribunal Russell » en 1966, suite à la publication du livre de Russell War Crimes in Vietnam.

En 1979, avec Raymond Aron et André Glucksmann, Sartre se rend à l'Élysée pour demander à Valéry Giscard d'Estaing d'accueillir des réfugiés d'Indochine, qui se noyaient par centaines en tentant de quitter le Viêt Nam (c’est l'affaire des « boat-people »).

Guerre d'Algérie
prise de position des Temps Modernes dès 1956

lors du procès des réseaux favorable au FLN, se déclare « porteur de valise » - son appartement et le siège des Temps modernes plastiqué à plusieurs reprises par des membres de l'OAS

1961 rencontre avec Franz Fanon à Rome / écrit la préface aux Damnés de la Terre

Révolution cubaine
rencontre Che Guevara à Cuba en 1960

Palestine
reconnaît la légitimité de l'État d'Israël, mais dénonce les conditions de vie des Palestiniens qui expliqueraient le recours au terrorisme

Septembre 1972, prise d'otages israéliens aux jeux olympiques de Munich

Mai 1968
Se fait l'écho de la révolte dans la rue, sur les estrades, dans les journaux, et aux portes des usines en grève. Il interviewe le leader Daniel Cohn-Bendit dans Le Nouvel Observateur, lui donnant l'occasion de s'expliquer dans un grand hebdomadaire. À 63 ans, il se rend à la Sorbonne investie par les étudiants.

1973 : fonde le quotidien Libération

1980 : cortège de 30000 voire 50000 personnes dans les rues de Paris à l'annonce de la mort de Jean-Paul Sartre. Arlette Elkaïm-Sartre est sa légataire universelle. 
NB : en 1964Arlette Elkaïm, née en 1935 à Constantine en Algérie, était devenue la fille adoptive de Jean-Paul Sartre. 

Oeuvres : ouvrages philosophiques, pièces de théâtre, romans, nouvelles, scénarios de films, critiques littéraires, essais, manifestes.