C.-O. Verseau professeur agrégé de philosophie

La liberté / Définition

Remarque préliminaire
Nous parlerons ici de "la" liberté. Il ne s'agira donc pas «des» libertés, libertés civiles ou politiques, autrement dit des "droits" fondamentaux des citoyens. 

Voir les trois sens du verbe "pouvoir", tels qu'ils sont mis en évidence à travers le mythe du Protagoras de Platon

  • la possibilité (la liberté > Epiméthée ) 
  • la capacité (la technique >  Prométhée + Athéna + Héphaïstos) 
  • la légitimité (le droit > Zeus + Hermès)
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La liberté, ou « libre-arbitre », est la faculté de choisir entre deux possibilités.
Être libre c'est donc avoir la possibilité de ne pas faire quelque chose.

Dire qu'être libre c'est pouvoir faire quelque chose introduirait une confusion entre deux sens du verbe « pouvoir » : la capacité et la possibilité.

Ex : je peux ne pas accepter une invitation, répondre à une sollicitation, céder à une intimidation, réagir violemment à une première violence, etc. Mais la guêpe ne peut pas ne pas piquer quand elle est stimulée à le faire. Piquer n'est pas pour la guêpe une possibilité qui s'oppose à une autre possibilité. Son « être » de guêpe la détermine à se comporter nécessairement ainsi, non pas autrement.

En ce sens, la liberté n'est donc pas tel ou tel droit reconnu aux citoyens. La notion de liberté est en effet fondamentale par rapport à la notion de "droit" ou de "liberté civile": la notion de "droit" repose sur la notion de liberté : 

  • D'abord, parce que les droits que nous avons renvoient chacun d'entre nous à sa libre décision d'exercer ou non ses droits. Chacun doit choisir d'exercer ou non son droit d'expression, de diffusion, de réunion, d'association, de manifestation, son droit à l'éducation, à l'information, à la santé, à la justice, etc.
  • Ensuite, parce qu'un "droit" n'est pas une propriété attachée à mon être, mais ce que d'autres me reconnaissent, ce qu'ils doivent me reconnaître (en vertu d'un statut, d'une commune appartenance à une même communauté) : encore faut-il qu'ils respectent ce qui n'est qu'un devoir-être, une obligation, non pas une détermination qui s'exerce qu'on le veuille ou non.


On pourrait dire que la liberté est à peine une faculté. Plutôt est-elle, si elle existe, inscrite en nous comme une dimension de notre être : si les êtres humains sont libres, c'est parce qu'ils ne sont pas définis comme étant ceci ou cela de telle façon qu'ils seraient déterminés à se comporter ainsi ou autrement.

Si les êtres humains sont libres, c'est parce que leur « être » n'est ni un ceci ni un cela, autrement dit parce qu'ils ne sont rien de défini.