C.-O. Verseau professeur agrégé de philosophie

Intelligence

Le mot est formé sur le verbe legere (participe passé : lectum), équivalent latin du verbe grec legein dont il reprend les nombreux sens (voir logos-logie), et d'abord le sens sur lequel reposent tous les autres : relier, recueillir, rassembler.

En ce sens, le mot intel-ligence, composé du préfixe inter et du verbe legere, est redondant : "lier", n'est-ce pas toujours établir une relation "entre" plusieurs éléments? 

La signification de tous les dérivés français du verbe latin legere sera donc toujours associée à l'idée de mise en relation. "Lire", par exemple, n'est-ce pas relier des lettres entre elles, puis des mots entre eux, puis des phrases entre elles, etc. afin d'accéder au sens d'un texte?
  • intelligence, diligence, ...
  • intellect, intellectuel, intelligence, intelligible, ...
  • loi (latin : lex-legis), législation, légiférer, légitimité, légiste, ...
  • léguer, alléguer, déléguer, reléguer, ...
  • lire, légende, lecture, sélection, élection, collection, ...

Ces éléments d'étymologie sont particulièrement importants dès lors qu'il s'agit de comprendre, comme le fait Aristote dans Les Parties des animaux,  le rapport entre l'intelligence et la main, "partie" du corps qui est articulée au point de pouvoir séparer ses sous-parties (les doigts) ou de les réunir, ou même de s'unir à la partie semblable, l'autre main, pour avoir "les mains jointes" : "Elle peut être tout cela, parce qu'elle est capable de tout saisir et de tout tenir. La forme même que la nature a imaginée pour la main est adaptée à cette fonction. Elle est, en effet, divisée en plusieurs parties. Et le fait que ces parties peuvent s'écarter implique aussi pour elles la faculté de se réunir, tandis que la réciproque n'est pas vraie. Il est possible de s'en servir comme d'un organe unique, double ou multiple. »