C.-O. Verseau professeur agrégé de philosophie

Interrogation du 10.11.21

 philosophie - interrogation  / mercredi 10.11.21




Vous trouverez la première question dans l’introduction et les 10 autres dans le plan détaillé de la dissertation. Il n’est pas nécessaire de répondre à toutes les questions mais de répondre avec précision et clarté aux questions de votre choix.






Pourquoi vouloir savoir?  


« Pourquoi vouloir savoir? » est une question qu’on ne se pose pas. En effet la valeur de la connaissance s’impose, semble-t-il, avec évidence. Le savoir, la « culture générale », voire l’érudition, la connaissance scientifique en général, sont consensuellement louées. Inversement, « inculte », « ignorant », « ignare » sont des qualificatifs entendus comme des disqualifications insultantes. La question « Pourquoi vouloir savoir? » résonne donc comme une paradoxale remise en question, sinon comme une véritable provocation : comment pourrait-on ne pas vouloir acquérir un bien dont la valeur semble indiscutable?

Cependant, affirmer catégoriquement la valeur du savoir contredit le sens même de la démarche puisqu’il faudrait savoir au moins pourquoi le savoir serait préférable à l’ignorance. Et, faute d’arriver à le démontrer, si on convenait que le savoir est en soi une valeur, au moins faudrait-il savoir sur quoi, sur quelles choses, un savoir doit être acquis. En effet, les domaines de savoirs sont aussi nombreux que les choses que ceux-ci se donnent comme objets d’étude. Par exemple, la Terre est l’objet de la géologie, le langage de la linguistique, les nombres de l’arithmétique. Au moins faudrait-il identifier les savoirs à acquérir prioritairement, les savoirs qu’on appellerait fondamentaux : les savoirs sans lesquels homo sapiens manquerait à ses obligations, à son nom, à son titre. 

En effet, la paléoanthropologie définit notre forme spécifique d’humanité comme celle d’êtres qui sont « aptes au  savoir ». Comme les mots  


le verbe « savoir » est formé sur le verbe latin sapere. Toute question relative aux savoirs rejaillit donc sur ce que nous sommes : notre essence, et sur ce que nous voulons être : nos exigences, nos modèles, nos idéaux. Toute question relative à la valeur de nos savoirs met notre humanité elle-même en question.

D’où cette reformulation de la question initiale : si nous ne savons pas ce que nous attendons de nos savoirs, pourrons-nous savoir quel modèle d’humanité nous nous proposons?  

 1. Pourquoi se poser une question qu’on ne pose pas?


a ) On associe communément « progrès des savoirs » et « progrès de l’humanité ». Quel contre-exemple majeur opposeriez-vous à cette opinion ? Expliquez.
















b) Connaissez-vous un auteur qui ait remis en question les bienfaits du progrès des savoirs, notamment du progrès des sciences et des techniques? Indiquez son nom et, éventuellement, le titre d’une de ses oeuvres.




c) Quel auteur a écrit « savoir pour savoir ce n’est guère plus sensé que manger pour manger, ou tuer pour tuer, ou rire pour rire ». Dans quel ouvrage? Expliquez la différence entre les questions « comment savoir? » et « pourquoi savoir ? » en commentant une autre phrase du même auteur : « l’attention qu’on donne aux opérations du connaître entraîne la distraction à l’égard du sens du connaître ».





2. Répondre à la question « quoi? » n’est pas répondre à la question « pourquoi? » 


  1. Toute science est définie par ce qu’elle étudie. Donnez trois exemples.





b) Le critère de l’objet et, tout particulièrement, la question de savoir où se situe l’objet à connaître par rapport au sujet connaissant permettent de répartir les sciences en trois groupes : lesquels? Donnez trois exemples dans chacun des trois groupes.
















c) Si la philosophie est une science, du moins la philosophie ne se définit-elle pas comme les autres sciences. Expliquez.













3) Savoir, sapience, sagesse


a) La philosophie ne définit pas la sagesse. Mais le sens du verbe latin sapere (sur lequel sont formés les mots « sapience » et, par dérivation, « sagesse ») permet d’envisager le critère auquel devra répondre toute sagesse. Expliquez.















b) Le caractère inhumain de tels ou tels comportements est-il dû, selon vous, à un défaut de connaissances ? Analysez brièvement un exemple de votre choix. 
















c) La curiosité suffit-elle à justifier notre volonté de savoir? 








 Conclusion

Quelle traduction proposeriez-vous pour l’expression « homo sapiens »?