C.-O. Verseau professeur agrégé de philosophie

T STMG / Cours du vendredi 24 janvier / Corrigé Interrogation (suite et fin)


Question 5 : la culture
La culture n'est-elle qu'un moyen de vivre ?
Si c'était le cas, la différence entre l'homme et l'animal ne concernerait que les moyens employés, non pas le but poursuivi.
En effet, les moyens humains = moyens acquis, conquis (habileté, aptitudes techniques qui supposent un ap-prentissage, une com-préhension > prendre, apprendre, comprendre, qui supposent d'abord le choix de ce que nous voulons apprendre...)
alors que les moyens employés par l'animal sont en lui de façon innée
toutefois, le but resterait le même : vivre, survivre.
Impossible de prouver l'un ou l'autre hypothèse (1. la culture n'est qu'un ensemble de moyens pour atteindre une fin, un but naturel / 2. La culture n'est pas seulement un ensemble de moyens pour vivre, elle permet de créer, d'inventer, d'autres but que la vie, d'autres valeurs que la vie, des valeurs qui ne sont plus elles-mêmes naturelles, animales, mais qui seraient proprement culturelles : la beauté, la vérité, le bien moral, la justice, le sacré au sens religieux).

Néanmoins, s'il n'y a pas de preuve, il y a moins cette interrogation possible sur le sens de la condition propre à l'homme : l'homme serait le seul être vivant qui devrait parcourir le long, l'interminable chemin de la culture, pour atteindre un but non-culturel, naturel, qu'atteint n'importe quel animal « en ligne droite », sans détour, sans recherche du chemin, de la voie, de la « méthode » (« ex-ode ») : la vie, la survie.
Si tel était le cas, la condition est littéralement « absurde »
> ab-surdité = surdité, sourd = est absurde ce qui complètement (ab) assourdissant
sont assourdissants des sons, des éléments qui ne peuvent être mis en rapport, en relation, en harmonie
Tel serait le cas de l'homme si, pour atteindre une fin naturelle, il devait employer tous les trésors de la culture, toutes les inventions (transmises de civilisation en civilisation) que suppose une culture.

Or la culture propose d'autres fins, d'autres buts, d'autres valeurs que la vie elle-même... comme nous le rappelle le mot le plus bref formé sur le radical colere-cultum.
En effet, vouer un culte à telle ou telle valeur, à tel ou tel idéal (religieux ou non, au sacré ou à la justice ou...) c'est non plus se mettre au service de la vie, de la survie, mais au contraire évaluer la vie à la lumière d'autre qu'elle-même, précisément une autre chose (la justice, ) au nom de laquelle un homme peut sacrifier soit la vie elle-même, soit un aspect de sa vie (le confort, le plaisir, etc.)