Question
5 : la culture
La
culture n'est-elle qu'un moyen de vivre ?
Si
c'était le cas, la différence entre l'homme et l'animal ne
concernerait que les moyens employés, non pas le but poursuivi.
En
effet, les moyens humains = moyens acquis, conquis (habileté,
aptitudes techniques qui supposent un ap-prentissage, une
com-préhension > prendre, apprendre, comprendre, qui supposent
d'abord le choix de ce que nous voulons apprendre...)
alors
que les moyens employés par l'animal sont en lui de façon innée
…
toutefois,
le but resterait le même : vivre, survivre.
Impossible
de prouver l'un ou l'autre hypothèse (1. la culture n'est
qu'un ensemble de moyens pour atteindre une fin, un but naturel
/ 2. La culture n'est pas seulement un ensemble de moyens pour vivre,
elle permet de créer, d'inventer, d'autres but que la vie, d'autres
valeurs que la vie, des valeurs qui ne sont plus elles-mêmes
naturelles, animales, mais qui seraient proprement culturelles :
la beauté, la vérité, le bien moral, la justice, le sacré au sens
religieux).
Néanmoins,
s'il n'y a pas de preuve, il y a moins cette interrogation possible
sur le sens de la condition propre à l'homme : l'homme serait
le seul être vivant qui devrait parcourir le long, l'interminable
chemin de la culture, pour atteindre un but non-culturel, naturel,
qu'atteint n'importe quel animal « en ligne droite »,
sans détour, sans recherche du chemin, de la voie, de la « méthode »
(« ex-ode ») : la vie, la survie.
Si
tel était le cas, la condition est littéralement « absurde »
>
ab-surdité = surdité, sourd = est absurde ce qui complètement
(ab) assourdissant
sont
assourdissants des sons, des éléments qui ne peuvent être mis en
rapport, en relation, en harmonie
Tel
serait le cas de l'homme si, pour atteindre une fin naturelle, il
devait employer tous les trésors de la culture, toutes les
inventions (transmises de civilisation en civilisation) que suppose
une culture.
Or
la culture propose d'autres fins, d'autres buts, d'autres valeurs que
la vie elle-même... comme nous le rappelle le mot le plus bref formé
sur le radical colere-cultum.
En
effet, vouer un culte à telle ou telle valeur, à tel ou tel idéal
(religieux ou non, au sacré ou à la justice ou...) c'est non plus
se mettre au service de la vie, de la survie, mais au contraire
évaluer la vie à la lumière d'autre qu'elle-même, précisément
une autre chose (la justice, ) au nom de laquelle un homme peut
sacrifier soit la vie elle-même, soit un aspect de sa vie (le
confort, le plaisir, etc.)