TL1 / prise de notes du 4 décembre / la raison, l'universel

L'universel, le particulier, le singulier

universel, univers, uni, un : 
l'idée d'unification d'une pluralité d'éléments 
ex : la « nature » est l'ensemble des phénomènes « naturels ».

tous les éléments (d'un même ensemble, d'un même genre, qui ont donc la même essence) en tous lieux et en tous temps : pour tous, partout, toujours

cette quête d'universalité concerne aussi bien l'ensemble des objets (que l'homme veut connaître) que les sujets (humains) qui veulent connaître

a) l'universalité concernant les « sujets » de la connaissance : la « démonstration »

raisonner c'est pouvoir comprendre pourquoi c'est vrai (pourquoi un énoncé est vrai) après, parfois bien après le moment où on l'a une première fois compris. Alors que la perception (sensorielle) et que l'intuition (intellectuelle) enferment chacun dans un temps donné, dans un lieu donné et dans sa propre individualité, un raisonnement ( = une démonstration) permet de « retrouver » ce qu'on avait compris hier, ou même il y a bien longtemps, c'est-à-dire se montrer à nouveau ce qu'on avait su voir une première fois.

Raisonner = faire le lien ( l'unité) entre soi et soi, à travers le temps, à travers l'espace.

Mais ce lien ne s'arrête pas ( ne se limite pas à soi) : il peut relier une diversité de sujets pensants, raisonnants, entre eux. La raison est une faculté qui permet de produire une unité « subjective » au sens où elle rassemble une communauté de sujets pensants qui raisonnent.

Ex de démonstration : la propriété de tout triangle (non pas celui que je pourrais dessiner hic et nunc) selon laquelle la somme des trois angles intérieurs du tri-angle est égale à 180 degrés. La dé-monstration consiste à faire voir par translation que les trois angles peuvent être ramenés en un seul et même point sur la même droite. Or 180 degrés se traduit géométriquement par une ligne droite (angle plat). (Les angles sur des droites parallèles sont les « mêmes » parce que « les » droites parallèles sont en réalité, « géométriquement », une seule et même droite.)

cf. Euclide, la géométrie euclidienne, le problème posé par le « postulat » des parallèles.

« postulat » postulare : demander d'accorder que c'est vrai. Le « postulat » des parallèles énonce que « par un point extérieur à une droite on peut tracer une parallèle, mais une seule, à une première droite (toutes les autres la « couperaient », seraient des sécantes). L'histoire des tentatives de démonstration de ce postulat est un exemple éclairant de cette communauté d'êtres pensants que peuvent constituer les humains dès lors qu'ils veulent se faire comprendre, raisonner entre eux, montrer à tout homme, à tous les époques, quels que soient leur lieux, leurs époques, leurs langues, qu'un énoncé est vrai ou, ici, qu'un énoncé est en réalité indémontrable. Dialogue à travers … 20 siècles. Voir les noms de mathématiciens qui s'inscrivent dans longue histoire de … Euclide lui-même jusqu'à Lobatchevski (1793-1856) et Riemann (1826-1866).

Le besoin de raison, de raisonnement chez les hommes, leur besoin de démonstration...

En effet, les hommes peuvent vouloir (se) prouver :

• qu'un énoncé est vrai
• qu'un énoncé est faux
• qu'un énoncé est indémontrable, n'est qu'un postulat, un axiome (NB : un « théorème » se démontre, c'est tout le contraire d'un « postulat ») 

b) l'universalité dans le monde, dans les choses à connaître

La raison humaine veut com-prendre, prendre les choses les unes « avec » les autres, les rassembler ou, comme l'écrit Camus dans Le mythe de Sisyphe, les « unifier ».

Cf. le tableau de classification des sciences (3 types de sciences) : chaque science est défini non pas par « un objet », une chose, mais par un groupe, un genre, un ensemble de choses.

cf. Auguste Comte, Coursde philosophie positive : l'exemple de la loi de gravitation universelle, qui s'applique aux « choses », aux réalités, aux phénomènes physiques infiniment petits (les particules : électrons, protons, neutrons...), infiniment grands (planètes, systèmes solaires, galaxies) mais d'abord aux phénomènes terrestres à échelle humaine (la simple chute d'un corps physique, d'un « objet » ordinaire).

Conclusion

la raison : la faculté de chercher la raison d'être, non pas seulement de ce qui est

(réel) mais aussi et d'abord de ce qui est dit (discours, pensée, représentation).